Mises à jours bimensuelles - 21 mars, 2025

21 mars 2025 | Ping Yu Ni


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Chers lecteurs,

 

Les marchés mondiaux ont profité de l’absence de perturbations commerciales au cours des dernières semaines, les marchés à l’extérieur des États-Unis continuant d’enregistrer des rendements supérieurs depuis le début de l’année. Malgré le calme relatif sur le plan des droits de douane, d’autres événements importants se sont produits. Mentionnons en particulier la nouvelle réduction des taux d’intérêt par la Banque du Canada, la nomination de Mark Carney au poste de premier ministre du Canada et l’annonce d’une élection fédérale le mois prochain. À l’étranger, un cessez-le-feu partiel a été négocié entre l’Ukraine et la Russie. Par ailleurs, des changements budgétaires ont été approuvés en Allemagne, ouvrant la voie à une augmentation importante des dépenses militaires et des investissements dans les infrastructures. Nous prévoyons de nous pencher sur ces sujets dans les semaines à venir. Ci-dessous, nous examinons la dernière mise à jour de la Réserve fédérale américaine, qui a fait ressortir certains effets stagflationnistes (ralentissement de la croissance et hausse de l’inflation) cette année.

 

La Réserve fédérale américaine (Fed) a laissé les taux d’intérêt inchangés à sa récente réunion. Néanmoins, elle a modifié quelques-unes de ses projections économiques. Ses prévisions de croissance économique (c.-à-d. le PIB) ont été révisées à la baisse : elles sont passées de 2,1 % à 1,7 % pour 2025, de 2,0 % à 1,8 % pour 2026, et de 1,9 % à 1,8 % pour 2027. Par ailleurs, ses prévisions d’inflation pour cette année ont été révisées à la hausse, passant de 2,5 % à 2,7 %, mais ses estimations pour 2026 et 2027 sont demeurées inchangées. En résumé, la Fed prévoit une croissance plus faible au cours des prochaines années, ainsi qu’une hausse temporaire de l’inflation cette année avant un retour à des niveaux plus bas. Elle a également révélé qu’en moyenne, ses décideurs prévoient deux réductions des taux d’intérêt cette année, deux autres en 2026 et une en 2027, ce qui est conforme à son évaluation précédente à la fin de l’an dernier.

 

Dans son communiqué officiel, la Fed a laissé entendre qu’elle estimait que l’activité économique aux États-Unis était « solide », le marché de l’emploi étant vigoureux, et que l’inflation demeurait « quelque peu élevée ». Elle a reconnu que l’incertitude s’était accrue et qu’elle surveillait de près les risques liés aux deux volets de son double mandat : le chômage et l’inflation.

 

Les commentaires du président Jerome Powell lors de sa conférence de presse ont été plus intéressants, à notre avis. Il a constaté un certain ralentissement des dépenses de consommation, une détérioration récente de la confiance et un niveau d’incertitude plus élevé en raison des changements importants apportés par le gouvernement américain sur le plan des politiques. M. Powell a toutefois rappelé que l’économie américaine partait au moins d’une position de force. Par ailleurs, il était moins préoccupé par une hausse des attentes d’inflation des consommateurs et a caractérisé toute inflation potentielle découlant des droits de douane comme étant « transitoire ». Cette dernière remarque n’a pas été particulièrement rassurante, car il avait utilisé ce même terme pour décrire les pressions inflationnistes qui étaient apparues au début de la pandémie.

 

Ce que nous retenons de tout cela est que la Fed est presque aussi incertaine de la trajectoire de l’économie américaine que le reste du monde. Il est difficile de lui en vouloir, car les politiques du gouvernement ont été erratiques au cours des premiers mois de l’année. Par conséquent, la Fed se trouve maintenant dans une situation plus difficile, marquée par un ralentissement de la croissance et une hausse de l’inflation. Dans un récent rapport, RBC a comparé la position de la Fed à celle d’un gardien de but qui tente de bloquer un tir de punition au soccer. Si elle s’engage trop fermement d’un côté, elle augmente la probabilité de sauver l’économie du premier scénario (un ralentissement de la croissance), mais elle pourrait alors avoir du mal à empêcher l’autre scénario (une hausse de l’inflation). Une approche plus appropriée pourrait donc être de rester sur la touche, ce qu’elle fait pour l’instant.

 

De notre côté, nous ne restons pas nécessairement les bras croisés. Dans un esprit plus prudent, nous continuons d’examiner les portefeuilles, en nous assurant que la répartition de l’actif est conforme aux cibles établies dans nos politiques de placement et nos plans financiers. En règle générale, nous avons tendance à nous montrer plus enthousiastes à l’égard des occasions de placement lorsque le pessimisme est à son comble et que les valorisations sont bon marché. Même si l’humeur des investisseurs ne se situe pas encore à un niveau extrême, elle s’est dégradée cette année, mais les valorisations ont encore du chemin à faire selon nous.

 

 Nous demeurons à l'écoute.

 

Le Groupe Martin Roy