Chers lecteurs,
La conjoncture du marché semble s’améliorer graduellement; la paralysie du gouvernement américain est maintenant chose du passé, et l’excellente période de publication des résultats renforce la confiance des investisseurs sur les marchés boursiers. Ci-dessous, nous nous penchons plus en détail sur ces événements et livrons quelques réflexions sur le budget fédéral canadien.
Réouverture du gouvernement américain
Après plus de 40 jours, la plus longue paralysie du gouvernement fédéral de l’histoire des États-Unis a officiellement pris fin, le président Donald Trump ayant signé un projet de loi visant à rétablir le financement fédéral cette semaine. Du point de vue du marché, nous entrevoyons deux conséquences principales. D’abord, cette résolution contribue à éliminer une importante source d’incertitude qui, à certains moments, a pesé sur la confiance des investisseurs à l’égard des perspectives économiques. Ensuite, même si la paralysie a sans doute causé un ralentissement de l’activité économique à court terme, les données historiques montrent que l’économie a tendance à regagner le terrain perdu une fois que les activités normales reprennent.
Selon le Congressional Budget Office, une paralysie de six semaines pourrait avoir réduit la croissance du PIB réel du trimestre en cours d’environ 1,5 point de pourcentage. Cela dit, une grande partie des effets devrait être neutralisée au cours des prochains trimestres. Selon les prévisions consensuelles de Bloomberg, l’économie américaine devrait encore enregistrer une croissance d’environ 2 % en 2025, mais son élan est susceptible de s’essouffler, passant de 2,8 % au troisième trimestre à 1,1 % au quatrième trimestre, avant de remonter graduellement à 1,5 % au premier trimestre de 2026 et à 1,9 % au deuxième trimestre. Il faudra du temps aux organismes fédéraux pour relancer leurs activités et éliminer les retards liés aux données, mais la réouverture est un événement positif, qui réduira les risques à court terme pour l’économie et clarifiera les tendances économiques.
Bénéfices et valorisations
À l’approche de la fin de la période de publication des bénéfices du troisième trimestre, on constate que les résultats des sociétés sont globalement encourageants. Les bénéfices supérieurs aux attentes des sociétés de l’indice S&P 500 ont dépassé les moyennes à long terme, renforçant la résilience de la rentabilité des sociétés. Toutefois, la situation est un peu plus contrastée au sein des grandes sociétés technologiques et des secteurs liés à l’intelligence artificielle (IA), où la volatilité s’est accrue : les investisseurs semblent évaluer une occasion de croissance intéressante à long terme de l’IA par rapport à des valorisations qui, dans certains cas, sont nettement supérieures aux normes historiques.
La nouvelle encourageante est que les bénéfices continuent de soutenir la vigueur du marché boursier. Les actions mondiales (indice MSCI Monde tous pays) ont progressé d’environ 20 % en dollars américains depuis le début de l’année, la hausse des bénéfices prévisionnels représentant près de 60 % de ces gains et l’expansion des valorisations constituant la part restante. Étant donné que la plupart des mesures de valorisation se situent près de la limite supérieure de leur fourchette sur 10 ans, le maintien des bénéfices sera essentiel pour soutenir les marchés. De façon plus générale, nous pensons que les récentes fluctuations dans les secteurs liés à l’IA témoignent de la dépendance de certains segments du marché à l’enthousiasme soutenu à l’égard de l’IA. Ce contexte renforce l’importance d’une approche sélective, d’une méthode rigoureuse basée sur la valorisation et de la diversification.
Budget fédéral canadien
La semaine dernière, le gouvernement fédéral du Canada a publié son premier budget sous la direction du premier ministre Mark Carney. Dans un contexte marqué par des tensions commerciales à l’échelle mondiale, un climat géopolitique incertain et des problèmes persistants en matière d’abordabilité et de productivité, le budget de 2025 tant attendu s’appuie sur les promesses électorales visant à trouver un équilibre entre un programme d’investissements substantiels et une responsabilité budgétaire. Il prévoit des dépenses expansionnistes visant les infrastructures, la défense, l’habitation et les secteurs touchés par les droits de douane.
Le plan budgétaire est concentré en début de période : le déficit prévu de 78 milliards de dollars pour cette année (2,5 % du PIB) est considérablement plus élevé que prévu, mais le gouvernement s’attend à ce que le déficit diminue pour s’établir à 57 milliards de dollars d’ici 2029-2030 (1,5 % du PIB), grâce à l’examen des dépenses et aux économies d’efficacité opérationnelle, y compris la réduction des effectifs. Même s’il est important, le déficit est inférieur aux attentes de certains économistes et n’a pas suscité une réaction notable sur les marchés obligataires. Le gouvernement libéral minoritaire a toujours besoin du soutien parlementaire des autres partis pour adopter le budget, mais, dans l’ensemble, le budget de 2025 semble établir un équilibre raisonnable entre les investissements stratégiques et la prudence budgétaire.
Points à retenir
Malgré la persistance des incertitudes liées au commerce et à la croissance à l’échelle mondiale, nous nous attendons à ce que la fin de la paralysie du gouvernement américain élimine une préoccupation clé. La croissance des bénéfices demeure un facteur favorable important pour les actions, mais nous estimons qu’une attention soutenue s’impose dans un contexte de valorisations élevées et de concentration des meneurs du marché dans les secteurs liés à l’IA. Au Canada, la mise en œuvre des mesures du budget de 2025 axées sur les capitaux jouera un rôle important dans l’évolution des perspectives économiques jusqu’en 2026. À notre avis, l’idée de conserver ses placements, mais de rester prudent demeure une approche appropriée compte tenu de la combinaison actuelle d’occasions et de risques.
Nous demeurons à l'écoute.
Le Groupe Martin Roy