La force financière de vos portefeuilles

19 mars 2020 | Charles F. Lasnier


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Nous avons souvent parlé de la force financière de nos compagnies. Depuis 3 semaines, je vous écris souvent qu’une telle ou une autre ne va pas disparaître à cause du coronavirus.

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Bonjour,

Nous avons souvent parlé de la force financière de nos compagnies. Depuis 3 semaines, je vous écris souvent qu’une telle ou une autre ne va pas disparaître à cause du coronavirus. J’ai pensé aujourd’hui vous expliquer pourquoi j’affirme cette santé financière. Vous expliquer ma pensée par quelques exemples concrets. Je vais commencer par des exemples canadiens et demain, des exemples internationaux.

Commençons par le pilier de tous nos portefeuilles, les banques canadiennes. Dans n’importe lequel de nos portefeuilles, vous avez des banques canadiennes. J’ai entendu depuis quelques jours/semaines que les banques seraient submergées de difficultés suite à cette crise et par la récession qui en découlera fort probablement. J’ai même entendu parler de coupure des dividendes.

Prenons, comme exemple, la Banque TD.  

C’est la deuxième banque au Canada. La banque TD et la Royale occupent +/-50% du marché canadien. Comme vous le savez, La TD est très présente aux États-Unis. En Amérique du Nord (Can et USA combinés), elle a plus que 24 millions de clients. 55% de son chiffre d’affaires est au Canada, le reste principalement aux É.-U.. L’an dernier, elle a réalisé un profit de 11.7 milliards de dollars. En 20 ans, son dividende payé aux actionnaires, donc à nous, a connu une croissance de 11% par année. Pensez-y, 11% par année, pendant 20 ans. En terme monétaire, de $0.33 par action en 1999 à $2.89 en 2019. En 2020, ce montant sera de $3.16 par action. Actuellement, ce montant représente 47% des profits de la TD. D’accord, les profits devraient baisser pour la prochaine année, peut-être même pour les deux prochaines années. Si ceux-ci diminuent de 10% (donc 1+ milliard de dollars de moins), le maintien du dividende coûterait 52% des profits. Trop optimiste,me dites-vous. D’accord, disons alors une baisse des profits de 30% (donc 3.5 milliards de dollars de moins), le dividende coûterait 67% des profits. Même à 50% de baisse des profits, le dividende est couvert à 94% des profits. En fait, il faut remonter en 1993 pour voir une banque couper son dividende (la Banque Nationale). Et à cette époque, les banques étaient moins fortes.

OK, me dites-vous, mais nous avons autre chose que des banques dans nos portefeuilles. C’est vrai, donc regardons en quelques-unes.

Prenons Dollarama Inc.

Sa dette à long terme représente 86.97% de ses actifs, ce qui est beaucoup plus important que nos deux autres chaines de magasins, Métro (31.60%) et Couche-Tard (33.95%). Mais attention, DOL génère un peu plus de $500 millions par année de flux de ses activités courantes. Le flux, c’est le cash qui entre dans les coffres de l’entreprise et qui y reste. Avec ce cash, DOL réinvesti entre $100 millions et $160 millions par années dans sa business. La balance, elle peut choisir de la laisser en banque, repayer de la dette, payer son dividende ou encore racheter ses propres actions en bourse, ce qui fait que nous serions un plus petit groupe à détenir DOL. Et par conséquent, en ayant chacun d’entre nous, un plus grand % de la compagnie à long terme.  

Historiquement, Dollarama rachète beaucoup de ses actions. Depuis 5 ans, c’est minimalement 10 fois plus d’argent dépensé à racheter ses actions qu’à payer un dividende. En 2019, c’est $51 millions pour le dividende, versus $542 millions à racheter ses actions. C’est exactement comme si vous aviez une PME et que vous rachetiez un associé pour en détenir une plus grande partie. En 2010, il y avait 436,000,000 actions en circulation. En 2019, il y en avait 310,000,000. C’est 29% de moins. L’autre grand avantage de cette méthode, c’est que Dollarama peut arrêter quand elle veut d’acheter ses actions si elle sent le besoin de préserver du cash. C’est bien différent que d’annoncer une coupure du dividende. Très différent comme signal.

Certaines compagnies ne rachètent pas leurs actions et ne payent pas un dividende élevé, mais leurs caractéristiques concurrentielles en font des compagnies que nous apprécions dans des moments comme ceux que nous vivons actuellement.

Pensez à Waste Connections. 

Autrement dit, pensez à vos poubelles. Vous les avez sorties cette semaine malgré tout ainsi que la semaine dernière. Waste Connections est présente dans 6 provinces canadiennes et 41 états américains. Elle fait souvent des acquisitions de plus petites compagnies, des compagnies locales ou régionales. Son pouvoir d’achat lui permet de sauver sur l’achat d’équipements. Son siège social lui permet de sauver sur les coûts d’administration (pas besoin de 35 VP finances, un seul fera). Son chiffre d’affaires a multiplié par plus que 4 fois en dix ans. Sa marge de profit en dix ans a oscillé entre 7.3% et 11.7%. Son dividende est largement couvert par son profit et surtout son flux de trésorerie (rappelez-vous, le cash qui rentre). Au 31 décembre 2019, les opérations avaient généré un flux de $1,540 milliard de USD. Bon an, mal an, elle investit dans ses opérations entre $500 et $650 millions de USD. Avec le reste, elle pourrait racheter des actions, mais elle préfère croitre et acheter des plus petits compétiteurs. L’an dernier, elle a dépensé en cash $736 millions USD sur des aquisitions. C’est quelque chose que Waste Connection pourrait cesser de faire temporairement, si nécessaire. C’est pour vous dire que la compagnie a des options financières importantes et un chiffre d’affaires qui ne va pas disparaitre. Après tout, allez-vous cesser de sortir vos poubelles ?

Je vous dirais que presque 100% des compagnies que nous détenons ont des caractéristiques similaires. Bonne santé financière, produits ou services qui ne vont pas disparaître à cause du coronavirus et un avenir à moyen terme très prometteur.

Des compagnies qui font partie de nos activités quotidiennes, Telus/BCE (téléphones), Suncor (essence), Canadian Pacific Railway (chemin de fer pour une très grande partie de la marchandise au Canada), Cargojet (le commerce en ligne), Couche-Tard, Intact Financial (assurances maison et voiture), Manuvie (votre couverture d’assurance, assurances au travail), Fortis (chauffage, air conditionné et électricité). D’autres sont plus sensibles à l’activité économique, mais vont absolument rebondir à cause de leurs caractéristiques concurrentielles.

Pensez à CCL Industries. 

Leader mondial en étiquetage fondé en 1951. Présente dans 40 pays, 180 bureaux, avec une grosse emphase sur les É.-U. et l’Europe. Ses clients sont affectés, c’est certain. Mais Mercedes AMG, Nestlé, Evian, Coppertone, Gillette, Dove, Heineken et bien d’autres vont rebondir et recommander chez CCL. Aucune de ces compagnies ne peut se permettre que la qualité de leur écusson (Mercedes / FIAT) ou que leur étiquette soit de qualité variable que vous soyez à Los Angeles ou à Paris. Les quelques compagnies comme CCL sont absolument nécessaires pour les grands groupes. Par ailleurs, CCL est aussi l’imprimeur de choix pour le papier monnaie et les passeports dans plus de 30 pays comme le Canada, la Grande-Bretagne, l’Australie et le Mexique. Entre-temps, avec seulement 33.48% d’endettement par rapport à ses actifs, $74 millions de dettes à repayer à court terme et plus de $700 millions en cash en banque, CCL n’est pas en danger. Loin de là.

Bref, actuellement les gens vendent tout, sans discernement et sans réfléchir à savoir quelles compagnies feront faillite ou si, dans un horizon prévisible, les ventes et les profits vont revenir au niveau de 2019. C’est le cas des nôtres. Elles font des ventes et du profit cette semaine, et en feront probablement plus en 2022 qu’aujourd’hui. À terme, ça va se refléter sur le prix des actions.

Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez communiquer avec nous. L’ensemble de notre équipe est à votre disposition pour vous écouter et vous parler. Nous sommes aussi disponibles pour des membres de votre famille ou des amis qui voudraient être réassurés.

Au plaisir,

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