C'est un changement majeur (deuxième partie)

22 mars 2021 | Charles F. Lasnier


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Let's not forget that no matter what many people think, the federal government can't print money. When they run a deficit, which is obviously the case today, they finance themselves by borrowing money on the bond market.

charles bow tie in page

Bonjour,

Vous avez été nombreux à m’écrire suite à ce courriel. Vous m’excuserez du délai à répondre. Entre le volume de demandes pour les impôts et un problème récurrent avec mon ordinateur au bureau, j’ai simplement manqué de temps. 

Bref, ce graphique a suscité beaucoup de bonnes questions.

Ce que démontrait ce graphique, c’est qui finance le déficit du gouvernement Trudeau. Et la réponse, c’est la Banque du Canada (BoC).

En effet, la BoC achetait pour un minimum de 5 milliards $  par semaine jusqu’à tout récemment. C’est un chiffre énorme. Donc ultimement, la BoC imprime de l’argent pour financer ses achats hebdomadaires. Les achats seraient maintenant de l’ordre de 3 milliards par semaine.

Parce que n’oublions pas que le gouvernement fédéral ne peut pas imprimer de l’argent, malgré ce que pensent bien des gens. Quand celui-ci fait un déficit, et c’est évidemment le cas aujourd’hui, il doit se financer en empruntant de l’argent sur les marchés obligataires. Autrement dit, il émet de nouvelles obligations (nuance importante) et en retour reçoit l’argent. Historiquement, les obligations fédérales étaient achetées par une multitude d’acheteurs. 

Or depuis un an, c’est surtout la Banque du Canada qui finance le déficit du gouvernement fédéral. Et ce n’est pas son mandat. La BoC  doit «favoriser la prospérité économique et financière du Canada». Ses quatre grandes sphères de responsabilité sont les suivantes : 1) la politique monétaire, 2) la fiabilité et la solidité du système financier, 3) concevoir, émettre et distribuer les billets de monnaie canadienne 4) et la gestion financière du gouvernement canadien.

L’autre point intéressant, c’est le fait que le gouvernement fédéral se finance quand même à très court terme, considérant les taux d’intérêt.

Le graphique ci-joint illustre le type d’échéance qu’émet le gouvernement actuellement. Et comme vous pouvez le voir, c’est surtout des obligations de 5 ans et moins.  Est-ce parce qu’il n’y a pas vraiment de demande pour des obligations de 30 ans ? Est-ce que le marché fait confiance aux finances canadiennes ?

chart shows surge in government bond issues

En tous les cas, les obligations de 10 ans et 30 ans sont surtout achetés par la BoC. C’est une façon d’essayer de contrôler les taux à long terme. Rappelons-nous que les taux à court terme sont déjà contrôlés par le taux directeur de la BoC.

chart shows estimated BOC purchases

Donc la question est, qu’est-ce que la Banque du Canada va faire avec ces obligations ? À l’échéance de ces obligations, elle va espérer que d’autres acheteurs se manifestent pour permettre au gouvernement fédéral de refinancer cette dette (parce que soyons honnêtes, ce n’est pas demain matin que nous allons retourner en situation de surplus et ainsi être en mesure de payer cette dette).

L’autre question soulevée, c’est que pour faire ces achats, la BoC a émis +/-18% de la masse monétaire canadienne dans la dernière année (aux É.-U., la Fed fait la même opération et la masse monétaire a augmenté de 25%). Cette augmentation aura pour effet de dévaluer le pouvoir d’achat notre dollar, et donc ainsi de créer une situation propice au retour de l’inflation.

Et la dernière question soulevée, c’est que la hausse des taux d’intérêt réintroduit, pour les investisseurs obligataires, la notion de risque de taux d’intérêt parallèlement à celle du risque de crédit. 

Nous vivons et investissons dans une période intéressante, c’est le moins que l’on puisse dire! Je vous écris cette semaine un troisième et dernier mémo sur le sujet.

Au plaisir,