Pause tarifaire : raisons d’expirer et de revenir aux principes de base

11 avril 2025 | Kelly Bogdanova


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Nous expliquons pourquoi les détails associés à la saga des tarifs douaniers sont moins importants que la stratégie de placement globale et pourquoi les investisseurs devraient considérer leur répartition stratégique à long terme comme un point

Pause tarifaire : raisons d’expirer et de revenir aux principes de base

d’ancrage en période de volatilité extrême.

 

Après être descendu presque en territoire baissier, l’indice S&P 500 ayant reculé de 19,5 % par rapport à son sommet record en milieu de journée mercredi, le marché américain a brusquement fait volte-face et s’est redressé à la suite de la décision par le président américain Donald Trump de suspendre pendant 90 jours les tarifs douaniers réciproques visant de nombreux partenaires commerciaux annoncés à Rose Garden.

L’indice S&P 500 a clos la séance de mercredi en hausse de 9,5 %, sa plus forte remontée en une seule séance depuis octobre 2008.

Raison du renversement?

La pause tarifaire était-elle une manœuvre délibérée et opportune de Trump après que plus de 70 pays eurent pris contact pour négocier, un développement qui faisait partie de sa stratégie tarifaire générale, comme son équipe l’a indiqué?

Ou a-t-elle été annoncée en raison des pressions croissantes exercées par les membres républicains du Congrès, les dirigeants d’entreprise et les propriétaires de petites entreprises, ainsi que des ventes massives et des tensions sur le marché obligataire, comme l’ont mentionné des publications d’affaires comme Bloomberg?

Nous privilégions cette dernière hypothèse, et Trump a même admis certains de ces facteurs, mais vous pouvez en tirer vos propres conclusions.

Un autre facteur aurait pu être de compenser l’effet de l’escalade avec la Chine sur le plan des tarifs douaniers et sur d’autres plans. Les commentaires du secrétaire au Trésor Scott Bessent indiquent que l’administration tente de convaincre certains pays de prendre le parti des États-Unis dans le différend commercial entre ceux-ci et la Chine. Compte tenu de la domination de la Chine dans le commerce international et de ses forces dans d’autres domaines, nous ne croyons pas que la plupart des pays y adhéreront; ils préféreraient probablement rester sur la touche.

Il y a encore beaucoup d’éléments en suspens

Quels que soient les motifs, nous croyons que la pause de 90 jours de certains tarifs douaniers est un signe qu’au moins une partie des tarifs annoncés à Rose Garden ne seront probablement pas mis en œuvre du tout.

Cette mesure pourrait également signifier que l’équipe Trump a mis de côté les tarifs douaniers élevés imposés à tout le monde, ce que le sénateur républicain Thom Tillis a qualifié d’approche « alla prima » dans une évaluation très critique lors d’une audience du Sénat.

Par conséquent, le soi-disant « objectif final » de cette saga – qui, selon nous, est encore loin d’être atteint – pourrait se traduire par un taux tarifaire effectif moyen aux États-Unis inférieur au niveau de 24 % que Services économiques RBC avait établi après l’importante annonce de tarifs douaniers réciproques à Rose Garden.

Même si Trump s’abstient d’imposer d’importants tarifs à de nombreux partenaires commerciaux, nous pensons que le génie est sorti de la bouteille. Selon nous, le taux tarifaire effectif moyen des États-Unis pourrait être beaucoup plus élevé que le niveau de 2,4 % observé en 2024.

Il est possible que Trump maintienne des tarifs douaniers généraux de 10 % sur les biens de la plupart des pays et des tarifs douaniers élevés sur les biens chinois (quoique pas aussi élevés que le taux qu’il menace actuellement d’imposer) : c’était un élément central de sa campagne. Nous pensons qu’il pourrait s’en tenir aux tarifs élevés dans les secteurs qu’il considère comme importants sur le plan stratégique, comme l’automobile, l’acier et l’aluminium, et qu’il pourrait finir par imposer des tarifs élevés dans d’autres secteurs.

Cette situation s’explique par le fait que les pratiques protectionnistes n’ont pas commencé avec Trump 2.0. Nous pensons que leurs origines remontent à la crise financière mondiale de 2008-2009 et, plus important encore, qu’elles sont interreliées avec les changements géoéconomiques, géopolitiques et géostratégiques qui ont eu lieu au fil des années, comme nous l’avons indiqué dans ce rapport publié en mai 2023.

À court terme, les États-Unis, leurs principaux partenaires commerciaux et l’économie mondiale en général demeurent aux prises avec beaucoup d’incertitudes sur le plan économique.

La pause de 90 jours laisse en suspens de nombreux problèmes au sujet de la politique tarifaire. Les entreprises américaines de toutes tailles sont toujours confrontées à des incertitudes entourant la chaîne d’approvisionnement et remettent en question leurs décisions en matière de répartition du capital et la demande finale des clients. Selon nous, l’escalade entre Trump et la Chine pose des défis distincts pour l’économie américaine. Des risques d’inflation, de stagflation et de récession subsistent.

Au début de mars, alors que les difficultés liées aux tarifs douaniers ont commencé à émerger et que les données économiques du premier trimestre se sont détériorées, Services économiques RBC a revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB des États-Unis pour l’ensemble de l’année 2025, les faisant passer de 2,0 % à 1,6 %. Aujourd’hui, ces prévisions ont encore été abaissées à 1,0 %. Sans prévoir de récession à l’heure actuelle, Services économiques RBC a souligné que « la croissance aux États-Unis risque toujours de se contracter si l’incertitude ou l’instabilité financière accentuent les pressions à la baisse sur l’économie ». L’équipe s’attend également à ce que l’inflation des prix à la consommation de base aux États-Unis (qui exclut les aliments et l’énergie) grimpe à 4,3 % au troisième trimestre de cette année, contre 2,8 % en mars, en raison des pressions sur les prix liées aux tarifs douaniers. Pour en savoir plus sur les prévisions mises à jour pour les États-Unis et le Canada, consultez cet article.

Test de résolution

Les investisseurs individuels pensent que les détails associés à la saga des tarifs sont moins importants que la stratégie de placement globale.

De notre point de vue, l’élément le plus important à retenir pour les investisseurs à long terme est que cet épisode de volatilité ultra-élevée sur le marché boursier américain est une autre illustration que même si les marchés boursiers reculent rapidement, ils peuvent changer de cap abruptement. Souvent, la meilleure approche pour les investisseurs à long terme est de surmonter l’extrême volatilité.

Comme nous l’avons récemment souligné, il y a eu de nombreux cas de baisses importantes de l’indice S&P 500 au cours d’une année donnée, mais le rendement annuel et la trajectoire du marché à moyen et à long terme se sont fréquemment révélés différents.

Le rebond marqué de mercredi donne aux investisseurs l’occasion d’expirer et de revenir aux principes de base des placements, surtout si le repli a secoué vos nerfs.

Le moment est bien choisi pour tenir compte des éléments suivants :

  • Votre répartition stratégique générale de l’actif à long terme correspond-elle à votre horizon de placement, à votre stade de vie, à votre tolérance au risque, à vos objectifs financiers et à d’autres facteurs? Autrement dit, la répartition cible des actions, des obligations et des liquidités (et des autres catégories d’actif pertinentes) est-elle appropriée? Nous constatons souvent que les tensions associées aux fluctuations extrêmes des marchés s’expliquent en partie par le fait que cette répartition stratégique à long terme ne correspond pas à la tolérance au risque, au stade de la vie ou à un autre facteur personnel.
  • Votre répartition actuelle est-elle à peu près conforme à votre répartition stratégique à long terme? Sinon, y a-t-il une bonne raison à cela?
  • Est-ce que la répartition des actions américaines par rapport aux actions non américaines dans votre portefeuille correspond à vos objectifs financiers à long terme? Les actions américaines surpassent les actions internationales depuis de nombreuses années, mais si l’on se fie à l’histoire, ce ne sera pas toujours le cas. Nous pensons qu’un portefeuille bien équilibré devrait comprendre une combinaison de placements aux États-Unis et ailleurs (y compris à l’extérieur de l’Amérique du Nord).
  • Les types de placements en actions de votre portefeuille correspondent-ils à vos objectifs financiers généraux? Autrement dit, la proportion d’actions à dividende, d’actions de croissance, d’expositions sectorielles et d’actions d’autres catégories s’arrime-t-elle à vos objectifs?

Si vous n’êtes pas certain de certaines des questions ci-dessus, nous vous recommandons fortement de communiquer avec votre conseiller de RBC.

La répartition stratégique à long terme ainsi que les répartitions sectorielles, de style et d’actions qui en découlent sont mises en place pour des périodes comme celle-ci. Elles se veulent un point d’ancrage en période de volatilité extrême.

Nous pensons que les marchés financiers continueront d’être volatils au cours des semaines et des mois à venir. Il est important que votre stratégie de placement à long terme soit bien définie et que vos répartitions de l’actif y correspondent.


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