Le disque qui saute

03 octobre 2022 | Charles F. Lasnier


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Bonjour,

Mon dernier mémo remonte déjà à plusieurs semaines. Depuis, l’été semble bel et bien terminé et mon séjour dans le Maine bien lointain…

Les premiers six mois de 2022 ont été très difficiles, de telle sorte qu’à la fin juin, presque 100% des experts prédisaient un été pourri pour les marchés financiers. Or juillet 2022 c’est avéré un excellent mois que personne n’avait vu venir. Et juste comme les commentateurs commençaient à prétendre que le pire était derrière nous, c’est reparti violemment à la baisse. Selon le CNN Business Fear & Greed Index, nous sommes actuellement en période d’extrême peur.

Et je ne blâme pas les investisseurs pour cet état d’âme. 2022 est vraiment, à ce jour, une année pourrie!  Le tableau ci-bas le démontre bien.

Le point rouge, c’est 2022 à ce jour. Sur l’axe des abscisses (les x) qui est horizontal, vous retrouvez la performance du S&P 500. Sur l'axe des ordonnées (les y) qui est vertical, vous retrouvez la performance des obligations 10 ans du Trésor américain. Attention, pas le taux d’intérêt, mais la performance totale d’une telle obligation. On voit bien que 2022 est la pire année quand on tient compte des deux grandes classes d’actifs (actions et obligations). 

Nos derniers marchés fortement baissiers (2000/02, 2008/09 et 2020), les actions baissaient, mais c’était compensé par la performance positive des obligations. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. En fait, c’est le pire marché obligataire depuis 1845 selon le Wall Street Journal (It’s the Worst Bond Market Since 1842. That’s the Good News, 6 May 2022) et certainement le pire depuis la Deuxième Guerre mondiale.  Le tableau ci-bas est éloquent.

Lorsqu’on tient compte des deux classes d’actifs dans un scénario équilibré classique, disons 60% en actions et 40% en obligations, on arrive avec un des trois pires scénarios depuis 1945. Seuls 1974 et 2008 se comparent. C’est dire à quel point 2022 est une année difficile. (Voir tableau ci-bas). Vous avez donc raison de trouver cette année difficile sur le plan des rendements de portefeuille.

Mais dans cette mauvaise nouvelle (que vous ressentiez probablement intuitivement), il y a une lumière au bout du tunnel. Cette lumière, c’est que nous avons survécu à 2008 et 1974. Les investisseurs qui sont restés calmes durant ces marchés baissiers ont connu de très bonnes années par la suite. En particulier, 1975 et 2009 ont été des années fastes en termes de rendement boursier (+37.20% et +26.46% respectivement).   

Dans notre cas, nous continuons à mettre l’emphase sur notre méthodologie de placement. Pour chaque compagnie, nous étudions l’état des résultats, le bilan et les flux de trésorerie sur plusieurs années. Nous analysons plusieurs aspects, dont les marges, la croissance des revenus et des profits, l’endettement, la structure du bilan, le rendement sur les capitaux propres, etc. Ensuite, nous nous faisons une thèse sur la compétitivité de l’entreprise. Autrement dit, sera-t-elle capable de défendre son marché et le faire croitre ? La source de la compétitivité de chaque compagnie est différente. Parfois, c’est technologique (comme pour Alphabet ou ALSM), marketing/branding (comme pour LVMH ou Estee Lauder), géograpĥique (comme pour le CP), managerial (comme pour Intact, Brookfield ou Toromont).   Et en terminant, nous nous posons la question, combien vaut une compagnie qui a les attributs financiers et compétitifs que nous recherchons.

Le résultat est une collection d’entreprises dans 10 secteurs économiques, 7 pays et de tailles bien différentes (de Uni-Select à Apple). La plupart d’entre elles payent un dividende (dans le Global Revenu, un seul titre ne paye pas de dividende, alors que dans le Global 35, sept titres ne payent pas de dividende). Certaines ont une dette importante (Fortis et Brookfield par exemple), d’autres n’en ont pas (Meta, Westshore et Novo Nordisk pour ne nommer que ceux-là).

Chacune d’entre elles va passer à travers la tempête que nous vivons, indépendamment d’une récession potentielle aux É.-U.. Je dis potentielle, parce que malgré les pronostiques, certaines voix s’entendent pour dire que les jeux ne sont pas faits, dont Susan Collins, présidente de la Boston Fed ou encore JP Morgan Economic.      

Prenez un des titres que j’ai récemment acquis pour vous (en février 2022), ASML Holding NV.

C’est une compagnie basée aux Pays-Bas qui développe et commercialise des machines de photolithographie pour l'industrie des semi-conducteurs (microchip en anglais). Mon timing était pourri, c’est le moindre que l’on puisse dire. Nous sommes en baisse de 35% depuis !

Mais au cours des 10 dernières années, ASML a une croissance des ventes de 12.7%/an, une croissance des profits de 15%/an et une croissance des dividendes de 25%/an. Avec très peu de dettes et un marché en pleine expansion (qui incluent l’infonuage, le 5G, l’intelligence artificielle et l’électrification des véhicules pour ne nommer que ceux-là), ASML est un titre qui ne nous inquiète pas, même dans la tempête que nous vivons. 

L’autre bonne nouvelle, c’est que chaque renouvellement obligataire ce fait a un taux largement plus intéressant qu’il y a 12 mois. Si en plus on considère que l’on peut renouveler à escompte sur les obligations, c’est dire que vous recevez de l’intérêt et un gain capital à l’échéance. La combinaison des deux fait en sorte que le rendement est particulièrement intéressant.

Prenez l’exemple suivant.

Hier, nous pouvions acheter une obligation de la BMO venant à échéance le 29 juillet 2024 (donc un peu moins de 2 ans). Elle se transigeait à 95.42$ et payait un coupon de 2.28%, soit rappelez-vous 2.28$. Votre rendement à l’échéance (donc le coupon plus le 4.58$ d’escompte à recevoir à l’échéance) était alors de 4.92%. Dans ce rendement, il y a de l’intérêt (le coupon) et du gain en capital. Ce n’est pas du tout le même traitement fiscal. Net d’impôt, c’est un rendement de 3%. Or, pour avoir ce rendement net sur un CPG, il faudrait un rendement équivalent imposable de 6.44%. Pour une obligation de la BMO de moins de 2 ans. C’est quand même un TRÈS bon rendement avec peu de risque.

En terminant et à défaut d’être comme un disque qui saute, je crois sincèrement qu’à ce stade la patience est de mise. Nous sommes actuellement dans une vraie tempête financière, mais nous avons les portefeuilles pour réussir à naviguer jusqu’à bon port. Comme d’habitude, si en plus vous avez un plan financier logique et réaliste, il n’y a pas matière à s’inquiéter. Et si en plus, vous avez des liquidités en surplus, c’est un moment propice pour investir.

Je vous encourage à venir nous voir, à nous appeler ou encore à nous présenter les gens que vous aimez et qui pourraient bénéficier de nos conseils.

Au plaisir de vous revoir bientôt,

Charles F. Lasnier, MBA - CIM