La meilleure semaine depuis le 11 octobre 1974 !

14 avril 2020 | Charles F. Lasnier


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Dans un élan de générosité, je n'ai pas voulu vous écrire vendredi en fin d’après-midi pour vous dire à quel point la semaine dernière me semblait un peu ridicule.

charles bow tie in page

Bonjour,

Dans un élan de générosité, je n'ai pas voulu vous écrire vendredi en fin d’après-midi pour vous dire à quel point la semaine dernière me semblait un peu ridicule. Je voulais vous laisser votre weekend…

Donc la semaine dernière, nous avons connu la meilleure performance boursière aux É.-U. depuis celle qui s’est terminée le vendredi 11 octobre 1974. Je n’ai pas de boule de cristal, mais je ne pense pas que c’est une très bonne nouvelle à court et moyen terme pour quelques raisons.

Premièrement, je vous ai dit qu’il ne fallait pas manquer les bonnes journées boursières, au risque de voir sa performance à long terme en souffrir. C’est encore vrai. Et la semaine dernière, nous avons eu une des meilleures journées en bourse des 20 dernières années. Tant mieux. Je vous ai aussi dit que la chute des bourses, le fameux bear market que nous avons vécu, est la chute la plus rapide de l’histoire. Donc, n’est-ce pas normal de voir les cours boursiers remonter aussi rapidement qu’ils ont descendu ? Eu, non ! Pourquoi me dites-vous ?

Parce que je pense que l’économie s’est écroulée tellement plus rapidement que lors des autres récessions.  Par conséquent, c’est normal que les bourses reflètent cette rapidité à la baisse.

Mais la reprise économique ne sera pas aussi rapide. Que les bourses remontent rapidement durant quelques jours pour faire la différence entre les canards boiteux et les bonnes entreprises, suite à un mouvement de panique, ça va. Je comprends ce mouvement. Mais actuellement, les bourses agissent comme si au troisième trimestre, voire le début du quatrième, nous serions pleinement de retour économiquement. Je nous le souhaite, mais je pense que c’est utopique. La récession dans laquelle nous entrons va durer plus longtemps que quelques semaines, voire quelques mois. Je veux bien accepter que Noel soit le 25 décembre cette année et que notre économie soit presque de retour à la normale à ce moment, mais c’est quand même plus long que ce que nous indiquent les marchés financiers. Et j’ajouterais que si je me trompe, c’est que la récession sera plus longue, pas plus courte.

Deuxièmement, la référence et la comparaison à 1974 augurent mal pour ceux qui se souviennent de cette époque. La récession de 1973/1974 est associée à une période très inflationniste et à un choc économique que personne n’avait vu venir (tiens, tiens, c’est familier non ?), soit l’embargo de OPEC et son impact sur le prix de baril de pétrole.

En 2020, tous les gouvernements de la planète tentent de sauver leur économie et leur population respective en offrant différents programmes d’aide. Ces dépenses vont faire en sorte que les déficits et les dettes gouvernementales vont exploser à l’échelle mondiale. Pour payer cette dette, vous avez deux options. Soit la payer, comme vous et moi lorsque nous empruntons, ou la réduire en laissant l’inflation la réduire pour vous. Je vous rappelle que l’inflation réduit notre pouvoir d’achat. À titre d’exemple, ce qui coutait $1 pourrait après une période inflationniste coutera $2 pour le même bien. Dans le cas qui nous occupe, l’inflation permet aux gouvernements de repayer leur dette et de diminuer leur déficit avec des monnaies qui valent moins. Et de plus, pour combattre l’inflation, il faut des taux d’intérêt plus élevés. Mais attention, monter les taux fait en sorte que le coût des déficits est plus élevé pour ces mêmes gouvernements. Le mythique cercle vicieux…

Que faire donc ?

Les obligations sont à des taux incroyablement bas. Rappelez-vous que les différentes actions et mesures gouvernementales annoncées sont nécessaires, mais sont essentiellement un prêt des épargnants (vous) auprès des endettés (nos gouvernements et ses programmes).  L’inverse de la Cigale et la Fourmi de Jean de La Fontaine.

Donc au Canada, le taux de 10 ans est 0.74%. Aux É.-U., le taux 10 ans est de 0.75%. En Grande-Bretagne, le taux 10 ans est 0.31%, au Japon le taux 10 ans est de 0.03% et en Europe, le taux 10 ans est négatif, soit -0.35%. 

Oui, me dites-vous, mais il y a d’autres émetteurs que les pays ?

Vous avez raison, mais quelques points sont importants à rappeler. Premièrement, dans le creux de la crise, les seules obligations qui se transigeaient, sont les obligations des grands pays. Donc pour nous donc, le Canada. Autrement dit, c’était la seule source de liquidité pour une grande partie du mois de mars. La seule. Deuxièmement, ces titres très sécuritaires ont pris beaucoup de valeur durant la panique, de telle sorte que nous avions (et nous avons encore) des gains sur papier de 7% à 15% sur certaines obligations.

Donc revenons à notre question, que faire donc ?

Je crois que nous devons toujours garder le cap vers la qualité. La qualité des compagnies que nous choisissons. Oui, les plus risquées vont remonter plus vite. C’est normal, elles avaient plus baissées, baser sur la prémisse qu’elles feraient peut-être faillite. Si cette option est retirée et qu’elles vont survivre, le rebond est spectaculaire. Pensez à Air Canada, Boeing (737 Max anyone ?), Bombardier (38 cents l’action ) ou encore Carnaval Cruise. Mais à moyen et long terme, l’investisseur est toujours récompensé par un biais qualité. C’est Warren Buffett qui disait que ça lui avait pris des années à comprendre le point de vue de Charlie Munger, son complice de longue date. C’est toujours mieux d’acheter des actions d’une compagnie fantastique à un prix correct que d’acheter des actions d’une compagnie correcte à un prix fantastique. Donc nous continuerons à regarder vers les épiceries (Métro), les chemins de fer (CP Rail), les services essentiels (Fortis), l’infrastructure informatique, sans laquelle, nous ne serions pas capable de fonctionner (Microsoft, Amazon, Google), les banques (Royale, TD), les pharmaceutiques qui sont fondamentales à la santé de millions de gens (Novo Nordisk, Roche, JNJ) et des marques de consommation qui transcendent les frontières (LVMH, Unilever).

Deuxièmement, continuer à mettre l’emphase sur les dividendes et la croissance de ceux-ci. Avec les taux que nous offrent les obligations, le dividende des banques, de l’immobilier, des pharmaceutiques et des industrielles, pour ne nommer que ceux-là, sont la clé pour nos clients retraités. Le besoin de recevoir un revenu régulier n’a pas changé à cause du coronavirus.

Troisièmement, nous avons commencé à acheter depuis peu des obligations qui protègent contre l’inflation. J’aurai l’occasion de vous en reparler sous peu, mais disons que c’est notre geste le plus anti-inflationniste dans le portefeuille à ce jour.

Autre actif qui va nous protéger de l’inflation, tout en nous offrant un rendement, c’est l’infrastructure. Pensez aux ponts à péage, barrages hydro-électriques, parcs éoliens, ligne de transmissions énergétiques, pipelines et autres services (exemple Austrian Post, la poste autrichienne). Ce type d’investissement résiste bien à l’inflation parce que le prix chargé pour le service tend à augmenter pour refléter l'inflation ambiante.

De plus, nous avons vendu et nous continuons à vendre à l’occasion, certaines de nos obligations qui ont un profit intéressant, pour réinvestir dans d’autres types de placement ou simplement pour un autre émetteur. Par exemple, hier nous avons vendu +/- $6,000,000 d’obligations du Canada venant à échéance en juin 2027 avec un profit de 8.29% en plus de recevoir nos intérêts. Nous avons acheté une obligation du Manitoba venant à échéance un juin 2027 également, et qui va nous payer un meilleur taux d’intérêt entre aujourd’hui et 2027 que ne l’aurait fait celle du Canada pour la même durée.  

Et finalement, nous avions pris des mesures il y a plus d’un an pour rendre nos fonds d’obligations plus sécuritaires. La dernière de ces mesures datait à peine du début du mois de mars 2020. Depuis la semaine dernière, nous commençons tranquillement à nous redéployer vers des fonds qui prennent plus de risque obligataire, dans le but de générer un meilleur rendement. Soyez sans crainte, ce n’est pas la majorité de votre revenu fixe, loin de là. De plus, les firmes et les gestionnaires retenus sont connus de moi (pour les avoir rencontrés plus d’une fois) et surtout expérimentés.

L’autre point important quand nous parlons de rendement futur et de portefeuille, c’est évidemment vos besoins financiers. D’où l’importance d’avoir à jour votre plan financier. Ne sous-estimez pas cet aspect de votre santé financière. Entre aujourd’hui et la fin de cette année, prenez le temps de vous asseoir avec nous pour nous assurer que votre plan est à jour, qu’il tient la route et sinon que nous ajustions ensemble nos prémisses.    

Entretemps, je vous propose plutôt de vous concentrer sur vous, vos proches et de bien garder à l’esprit que nos portefeuilles sont conçus pour ce genre de marché.  C’est pour cela que nous les détenons. 

Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez communiquer avec nous. L’ensemble de notre équipe est à votre disposition pour vous écouter et vous parler. Nous sommes aussi disponibles pour des membres de votre famille ou des amis qui voudraient être réassurés.

Au plaisir,

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