Mise à jour bimensuelle - 20 octobre 2023

20 octobre 2023 | Sylvain Labrecque


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Ces dernières semaines, nous avons tous les yeux rivés sur le Moyen-Orient, où les tensions se sont fortement accrues à la suite des attaques terroristes du Hamas en Israël.

Nous vous présentons ci-dessous les conséquences de ce conflit sur les placements, tout en reconnaissant que les pertes en vies humaines sont bien plus importantes.

Jusqu’à présent, la réaction des marchés mondiaux a été relativement faible, même si la volatilité s’est accrue. Les marchés boursiers au Canada, aux États-Unis et dans le reste du monde ont fluctué, mais ils n’évoluent guère depuis les premières attaques. Les taux des obligations d’État ont sensiblement augmenté, mais cette hausse peut être attribuée à des facteurs nationaux plus qu’à toute autre chose. Entre-temps, les prix du pétrole ont grimpé comme prévu.

Il est compréhensible que les investisseurs s’inquiètent de l’émergence d’une crise géopolitique. Toutefois, si l’on examine certaines des actions militaires depuis la Seconde Guerre mondiale, on constate que les marchés boursiers nord-américains ont souvent fait preuve de résilience : en moyenne, la taille et la durée du recul des marchés ont été limitées. Parmi les comparaisons historiques qui viennent à l’esprit, citons la guerre du Kippour de 1973 concernant Israël, l’Égypte et la Syrie, qui s’est traduite par une coalition de nations arabes imposant un embargo sur le pétrole aux alliés d’Israël (p. ex., le Canada et les États-Unis). À l’époque, les États-Unis dépendaient en grande partie des importations de pétrole provenant du Moyen-Orient. L’embargo a entraîné d’importantes pénuries dans l’approvisionnement, une flambée des prix du pétrole et des tensions sur l’économie américaine. Conjugué à d’autres facteurs, il a également provoqué une longue période de faiblesse des marchés boursiers.

Cette fois-ci, les répercussions sur les placements devraient à nouveau porter sur le pétrole. Plus précisément, le conflit risque de s’étendre à d’autres groupes militants et à d’autres pays. La plus grande préoccupation concerne la participation éventuelle de l’Iran, compte tenu de son influence stratégique dans la région et de sa position à proximité du détroit d’Ormuz, un canal assez étroit qui relie le golfe Persique à la mer d’Oman dans le nord de l’océan Indien. Selon l’Energy Information Administration des États-Unis, le détroit d’Ormuz constitue la voie maritime la plus importante au monde. En effet, une grande partie de l’approvisionnement pétrolier du monde, en provenance de pays tels que l’Irak, l’Iran, l’Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis, y passe par des pétroliers. Si l’Iran devait s’impliquer dans un conflit plus vaste, il est aussi possible que les États-Unis appliquent à nouveau des sanctions. Cette mesure aurait pour effet de limiter encore davantage l’approvisionnement et de pousser les prix du pétrole à la hausse.

L’une des différences frappantes entre le contexte d’aujourd’hui et celui de 1973 est la progression des États-Unis vers l’indépendance énergétique. Grâce à une modification de la politique énergétique interne après l’embargo sur le pétrole décrété par les pays arabes et aux innovations technologiques de ces dernières décennies, les États-Unis sont devenus le plus grand producteur de pétrole au monde et parviennent presque à l’autosuffisance. Par conséquent, ils sont probablement moins vulnérables aux problèmes d’approvisionnement liés au Moyen-Orient. Néanmoins, le prix du pétrole continue d’être déterminé par l’offre et la demande mondiales, cette dernière restant lourdement influencée par le Moyen-Orient. Autrement dit, même si les États-Unis n’ont pas à s’inquiéter de leur capacité à importer suffisamment de pétrole pour répondre à leurs besoins, ils risquent de devoir faire face à la montée des prix, à l’instar des autres pays.

À notre avis, le risque d’une aggravation du conflit dans la région pose un nouveau défi à l’offre de pétrole. Parmi les autres problèmes, citons la hausse des taux d’intérêt et un contexte politique moins favorable, qui ont relevé la barre et potentiellement le seuil de rentabilité de tout nouveau projet pétrolier. En outre, les sociétés ouvertes ont manifesté moins de volonté d’accroître la production de pétrole à tout prix, car elles sont devenues plus rigoureuses dans l’utilisation de leurs capitaux en réponse aux demandes des actionnaires. Tous ces éléments laissent présager un plancher plus élevé pour les prix du pétrole dans un avenir prévisible.

N’hésitez pas à communiquer avec nous si vous avez des questions.