1. Devrais-je m'intéresser aux obligations ?
C'est ce que nous entendons de la part de nombreux de nos clients. En effet, les titres à revenu fixe comme les obligations génèrent (majoritairement) des rendements inférieurs à ceux des actions pendant les marchés haussiers. Cependant, les obligations sont un élément essentiel des portefeuilles. Les obligations offrent des rendements plus prévisibles dans le temps et ajoutent une couche de protection qui contribue à lisser les rendements d'un portefeuille. Cependant, cette année, l'environnement a été particulièrement négatif pour les obligations. Depuis janvier, le marché (ou l’indice) des obligations a perdu plus de 12 % au Canada et 10 % aux États-Unis (à l'échelle mondiale, les indices de certains marchés émergeants ont fait encore pire). Cela peut sembler peu par rapport aux actions (certains indices ont été frappés de près de -30 % au cours de la même période), mais les obligations « investment grade » sont généralement « censées » protéger les portefeuilles dans les environnements de marché difficiles pour une migration vers la qualité. Cette année, les revenus fixes sont l'une des principales raisons pour lesquelles les portefeuilles conservateurs ressentent la correction du marché plus que d'habitude.
2. Qu'est-ce qu'une obligation ?
Une obligation est un instrument à revenu fixe dans lequel les investisseurs prêtent de l'argent à un emprunteur - par exemple une entreprise ou un gouvernement - généralement en échange d'un taux de rendement fixe sur une période donnée. L'obligation offre le plus souvent des paiements d'intérêts semestriels ou annuels appelés "coupons". À l'échéance de l'obligation, le montant initial emprunté ("par value") est remboursé au prêteur. Voici une illustration d'une obligation de base de 5 ans, d'une "par value" de 1 000 $, avec des paiements de "coupon" annuels de 3 % :
3. Comment les obligations protègent-elles un portefeuille ?
Traditionnellement, lorsque les actions baissent, les actifs "sans risque" comme les obligations gouvernementales prennent de la valeur, et c'est pourquoi les portefeuilles Équilibrés sont diversifiés entre ces deux principales classes d'actifs. C'est la première fois en 30 ans que les actions et les obligations ont baissé de plus de 10 % en même temps.
Harry Markowitz a reçu un prix Nobel pour avoir élaboré la théorie moderne du portefeuille (TPM), une stratégie d'investissement révolutionnaire fondée sur l'idée que les investisseurs doivent optimiser leurs portefeuilles tant du point de vue du rendement que du risque. Pour ce faire, ils doivent diversifier leur portefeuille entre des actifs à risque (par exemple, un portefeuille d'actions diversifié) et des actifs sans risque (par exemple, des obligations d'État).
4. Les obligations ne protègent pas les portefeuilles en ce moment. Pourquoi?
Les obligations dépendent fortement des taux d'intérêt, qui à leur tour sont influencés par l'inflation.
Lorsque les taux d'intérêt augmentent, le prix des obligations baisse. Il s'agit d'une relation contre-intuitive, mais cruciale à comprendre. Si une obligation rapporte 3 %, mais que les taux d'intérêt sur de nouvelles obligations comparables augmentent à 5 %, le prix de l'obligation d'origine doit baisser car elle est devenue moins intéressante par rapport à d'autres investissements présentant le même profil de risque. Une fois que le prix a baissé, un nouvel investisseur qui achète l'obligation obtient un rendement provenant de deux sources : les paiements de coupon et le remboursement éventuel d'une valeur nominale supérieure au prix qu'il a payé pour l'obligation.
Lorsque nous avons de l'inflation comme ce que nous avons vécu ces derniers mois, il y a deux choses à retenir :
1) Les banques centrales tentent de maîtriser l'inflation en augmentant les taux d'intérêt et en rendant l'accès aux capitaux plus coûteux. Ces taux plus élevés exercent une pression à la baisse sur les prix des obligations, qui s'adaptent aux nouvelles conditions du marché.
2) Une inflation plus élevée diminue également le rendement réel (c'est-à-dire le rendement après ajustement pour l'inflation) des obligations, ce qui en fait des investissements moins attrayants (et fait donc baisser les prix) tant que l'inflation persiste.
5. Comment et quand cela se termine-t-il ?
Bien qu'il soit impossible de prédire la trajectoire exacte de l'inflation à partir de maintenant, il va de soi que lorsque les problèmes liés aux chaînes d'approvisionnement commenceront à s'atténuer et que les taux plus élevés entraîneront un ralentissement de l'activité économique, l'inflation commencera à ralentir. En fait, un certain nombre d'indices montrent que cette tendance est plus avancée que ce que l'on pourrait croire. Par exemple, de nombreux produits de base (bois de construction, minerai de fer, cuivre, blé et autres) se négocient désormais bien en dessous de leurs récents sommets. Les taux de transport maritime et les taux de congestion portuaire sont en baisse, les prix du pétrole sont revenus de leurs sommets et l'inflation salariale a commencé à diminuer. Tous ces éléments sont des indicateurs avancés qui ne sont pris en compte que de manière différée dans les relevés d'inflation (par exemple, IPC, PCE, etc.).
Les banques centrales pourront alors commencer à réagir au ralentissement de la croissance économique en interrompant les hausses de taux d'intérêt, voire en les abaissant dans un avenir assez proche. À ce moment-là, et peut-être même avant, car le marché commence à anticiper ces changements, les obligations devraient commencer à enregistrer des performances relativement bonnes, voire même à soutenir la performance globale du portefeuille plus que d'habitude en raison des taux d'intérêt plus élevés payés aujourd'hui sur les titres à revenu fixe.
Conclusion: Dois-je vendre ou acheter des obligations maintenant ?
Les obligations restent un excellent moyen de traverser les périodes d'incertitude sur les marchés, car même lorsqu'elles connaissent une volatilité comme celle que nous avons connue récemment, les flux de trésorerie futurs et le remboursement de la valeur nominale restent inchangés. À court terme, la volatilité pourrait se poursuivre, car le marché doit s'adapter à l'évolution la plus probable de l'inflation. Cependant, il est dangereux d'extrapoler une anomalie de quelques mois pour dire que "cette fois-ci, c'est différent". Nous pensons que les perspectives de rendement des titres à revenu fixe se sont améliorées et que les obligations doivent rester un élément clé d'une allocation d'actifs Équilibrée, en combinaison avec les actions et les alternatives. Pour plus d'informations sur cette vision, veuillez consulter notre blog précédent : 3 raisons pourquoi il est inutile de prédire les marchés.
Merci de votre lecture.
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