Actions mondiales : une multitude de possibilités

02 avril 2025 | Jim Allworth


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Les marchés boursiers ont suivi diverses voies au cours des trois premiers mois de 2025. Nous pensons que plusieurs facteurs sont maintenant en jeu et qu’ils influeront sur leur orientation à partir de maintenant.

Actions mondiales : une multitude de possibilités

Les principaux marchés boursiers ont consacré la majeure partie de février et de mars à effectuer des corrections (l’indice S&P 500 et d’autres indices américains des sociétés à grande capitalisation) ou à reculer par rapport aux récents sommets (l’indice TSX du Canada et l’indice TOPIX du Japon) ou à atteindre de nouveaux sommets (les indices MSCI Europe et Royaume-Uni). Au cours des derniers mois, l’indice Hang Seng, en Chine, s’est démarqué par sa course vers de nouveaux sommets cycliques, après des creux très marqués, disons-le.

L’indice S&P 500 a été survendu par plusieurs mesures, a connu une remontée bienvenue pendant quelques semaines, puis a reculé de nouveau. Reste à savoir si une remontée plus durable pourrait se produire bientôt et permettre l’atteinte d’un nouveau sommet. Il pourrait aussi ne s’agir que d’un bref intermède de hausse, qui sera suivi rapidement d’une nouvelle baisse.

Voici quelques éléments à prendre en considération. Par rapport à son sommet historique de la mi-février, l’indice S&P 500 a reculé de près de 11 % à son plus bas niveau. Selon Lori Calvasina, chef, Stratégie sur actions américaines de RBC Capital Markets, LLC, il s’agirait d’un repli radical. Le plus remarquable est peut-être que, en seulement six semaines, des indicateurs bien surveillés de la confiance des investisseurs sont passés d’un optimisme trop complaisant à un pessimisme marqué, et probablement non durable.

L’un de ces indicateurs, le sondage hebdomadaire sur la confiance de l’American Association of Individual Investors, a récemment atteint des creux marqués, bien que Lori Calvasina souligne que l’indice S&P 500 a généré des rendements moyens supérieurs à 10 % pour les périodes de détention de neuf mois et d’un an.

Il serait plus facile d’accepter ces probabilités optimistes et d’agir en fonction de celles-ci si les valorisations (ratios cours-bénéfice ou ratio C/B) étaient tombées à des niveaux intéressants, mais elles ne l’ont pas fait. Le ratio C/B prévisionnel de l’indice S&P 500, après avoir atteint un sommet de 22,8 en février, le marché ayant atteint un sommet historique, est revenu à 20,4; la plupart des analystes sont toujours d’avis qu’il s’agit d’un niveau élevé, comparativement à sa moyenne à long terme de 16.

Le ratio C/B médian de la version de l’indice S&P 500, qui exclut les 10 sociétés affichant les plus importantes capitalisations boursières (ce qui élimine en grande partie les effets de distorsion des mégacapitalisations de croissance), a chuté à un niveau plus appréciable de 17,2, mais son niveau de valorisation est également supérieur à son niveau à long terme moyen de 15.Les marchés peuvent se redresser considérablement après des valorisations moins intéressantes, mais cela aide si la situation fondamentale sous-jacente des bénéfices s’améliore, ou du moins n’est pas remise en question sérieusement. Bien sûr, l’incertitude économique et le niveau extrêmement élevé des politiques monétaires d’aujourd’hui font précisément cela : soulever des questions sur la durabilité des perspectives de bénéfices.

Ratio cours-bénéfice de l’indice S&P 500, selon les prévisions consensuelles
Ratio cours-bénéfice de l’indice S&P 500, selon les prévisions consensuelles

Le graphique linéaire montre le ratio cours-bénéfice (C/B) pour l’indice S&P 500 chaque trimestre de mars 1990 à mars 2025, ainsi que la moyenne (16,4x) et une ligne d’écart type (positif : 19,8x; négatif, 13,0x). Le ratio est passé de 22,5 à la fin de 2020 à 15,2 en septembre 2022, puis à 21,6 à la fin de 2024, puis à 20,2 en mars 2025.

Sources : RBC Gestion de patrimoine et Bloomberg; données trimestrielles jusqu’au 31 mars 2025

Aux États-Unis, la confiance de la direction fluctue beaucoup, et nous pensons qu’il en va de même ailleurs. Au cours des trois mois qui ont suivi l’élection américaine, les chefs de la direction ont fait preuve d’un optimisme débordant à l’égard de l’avenir, comme l’ont révélé plusieurs sondages réputés. Toutefois, le plus récent sondage mené par le magazine Chief Executive au début de mars a révélé un revirement marqué de l’avis des chefs de la direction, annulant tous les gains postérieurs à l’élection – et pour certains – engendrant les données les plus basses depuis novembre 2012. Parmi les chefs de la direction interrogés, 48 % ont indiqué qu’ils s’attendaient à une récession ou à un ralentissement d’ici six mois. Leurs associés, les chefs des finances, se sont montrés encore plus pessimistes. Selon un sondage de CNBC, 60 % des chefs des finances s’attendent à une récession au deuxième semestre de l’année. Il y a à peine un trimestre, seulement 7 % d’entre eux prévoyaient une récession en 2025.

Selon les deux groupes, le niveau élevé d’incertitude signifie que les décisions concernant les prix, l’embauche et les dépenses en immobilisations sont beaucoup plus difficiles à prendre en toute confiance.

Tout ce pessimisme qui s’aggrave rapidement pourrait s’estomper, peut-être aussi rapidement que l’enthousiasme qui a suivi les élections. Ceci n’arrivera toutefois pas du jour au lendemain. La prochaine étape importante de la prise de pouls de la direction commencera fin avril dans le cadre de la période de production des rapports du premier trimestre. Dans l’état actuel des choses, nous nous attendons à ce que de nombreux chefs de la direction hésitent à donner des indications pour les prochains trimestres, comme ils le faisaient au début de l’année. Le refus de donner des indications est rarement interprété par les investisseurs comme un signal positif.

Valorisations actuelles des principaux indices boursiers par rapport aux moyennes à long terme
Indice Ratio C/B prévisionnel Moyenne à long terme
S&P 500 20,4x 16,0x
S&P/TSX 15,2x 14,7x
MSCI Europe 15,5x 13,6x
MSCI Royaume-Uni 11,2x 12,3x

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg; données au 28 mars 2025.

Par conséquent, en l’absence de plus de clarté, les prévisions consensuelles de bénéfices pour l’indice S&P 500 pour 2025 pourraient être de plus en plus vulnérables à une révision à la baisse. Elles ont déjà diminué d’environ 2 % par rapport aux 274 $ par action du début de l’année (ce qui représente une baisse par rapport au sommet de 280 $ établi en août dernier). Elles se situent maintenant à 269 $.

Les prévisions de bénéfices des indices diminuent habituellement d’environ 5 % au cours de l’année. Cela porterait le bénéfice de 2025 à environ 260 $, ce qui représente une augmentation d’environ 6 % par rapport au bénéfice de 245 $ par action en 2024. Une telle érosion des prévisions de croissance ne poserait pas de problème pour le marché, à notre avis, dans la mesure où les investisseurs devraient pouvoir s’attendre avec confiance à une réaccélération de la croissance des bénéfices en 2026. Le dernier repli du marché semble déjà avoir pris en compte la probabilité d’une révision des bénéfices d’une telle ampleur. Une baisse beaucoup plus marquée des cours que celle de l’indice S&P 500 a déjà connue nécessiterait probablement un pourcentage croissant d’investisseurs et de prévisionnistes moyens du même avis que les chefs des finances et les chefs de la direction au sujet de la prévision d’une récession aux États-Unis.

Dans l’ensemble, les prévisionnistes ne souscrivent pas à cette idée pour l’instant. La plupart se sont basés sur des signes de faiblesse au premier trimestre pour baisser leurs prévisions de croissance du PIB des États-Unis pour l’ensemble de l’année à environ 2 %, mais peu de prévisions de récession pure et simple se sont manifestées. Le pessimisme des consommateurs et des dirigeants à l’égard des perspectives économiques n’est pas la même chose que la réduction des dépenses, qui a généralement tenu le coup tant pour les ménages que pour les entreprises.

À notre avis, il existe des trajectoires plausibles vers de nouveaux sommets pour l’indice S&P 500 et d’autres grands marchés boursiers. La première exigence serait un catalyseur pour ramener les acheteurs en position dominante sur le marché boursier américain. Le mois dernier, nous en avons proposé deux qui permettraient d’obtenir cet effet : un traité de paix, un cessez-le-feu ou toute autre entente visant à atténuer le conflit entre la Russie et l’Ukraine, et une diminution importante des problèmes commerciaux.

Ce dernier catalyseur serait le plus important et aurait une incidence suffisante pour provoquer des changements dans plusieurs domaines : réduire suffisamment les pressions inflationnistes pour remettre les baisses du taux directeur à l’ordre du jour de la Réserve fédérale; donner confiance aux entreprises pour planifier, embaucher et faire des dépenses en immobilisations; et stimuler la confiance des consommateurs en réduisant l’insécurité liée à l’emploi.

Une condition est également nécessaire : les États-Unis doivent éviter une récession. Si ce n’est pas le cas, nous pensons que les bénéfices baisseront, entraînant le cours des actions avec eux.

Nous avons souligné à maintes reprises la nécessité de faire valider l’orientation du marché par des mesures de l’ampleur du marché, comme l’indicateur hausse‑baisse et la version non pondérée de l’indice S&P 500. Cela devient d’autant plus important, à notre avis, que le récent recul a fait craindre un repli accru des marchés boursiers si l’économie vacille.

La question n’est toujours pas tranchée. Après avoir fait grimper l’indice S&P 500 tout au long de la forte progression du marché d’octobre 2022 à décembre de l’an dernier, ces mesures d’envergure n’ont pas confirmé les sommets historiques de janvier ou de février atteints par l’indice S&P 500. Elles semblent sur le point de le faire, de sorte que nous croyons qu’il vaut la peine d’attendre de voir si la prochaine remontée est accompagnée d’une participation suffisamment large pour atteindre les conditions adéquates.

Par ailleurs, nous croyons que cette combinaison de possibilités incite les investisseurs à demeurer prudents, vigilants, mais mobilisés. Nous avons l’intention de limiter nos achats aux actions avec une bonne durabilité et aux sociétés qui ont le moins à perdre si une récession se concrétise.


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