Pour bon nombre de personnes fortunées au Canada, le patrimoine ne correspond plus à une aile d’hôpital ou à un centre des arts de la scène portant leur nom. En fait, aujourd’hui, la signification du patrimoine est personnelle pour les Canadiens fortunés ; elle est davantage fondée sur les relations entretenues avec la famille et les amis—et sur le désir de changement social—plutôt que sur l’argent seulement. Cette tendance est particulièrement marquée chez les femmes et les jeunes. Par exemple, comparativement aux femmes fortunées au Royaume-Uni et en Asie, les Canadiennes définissent le plus souvent leur patrimoine en fonction des relations qu’elles entretiennent avec leur famille, leurs amis et leurs collectivités locales. Par ailleurs, les Canadiens les plus fortunés semblent déterminés à faire les choses différemment : 79 % des personnes dont l’actif se chiffre à 5 millions de dollars américains (6,47 millions de dollars canadiens) ou plus affirment que leur vision du patrimoine qu’elles veulent laisser est différente de celle de leurs parents.

Ces chiffres sont tirés des conclusions d’un sondage mené auprès de 1 051 personnes fortunées par l’Economist Intelligence Unit et commandé par RBC Gestion de patrimoine. Le sondage portait sur la façon dont la signification du patrimoine est redéfinie dans l’ensemble des régions, des genres et des générations. Le sondage a été mené auprès de 259 répondants au Canada dont les actifs investissables se chiffrent à au moins 1 million de dollars américains (1,29 million de dollars canadiens).

Le nouveau patrimoine canadien

Prenons le cas de Micheline Bouchard, une ingénieure de grand renom et une administratrice générale de Montréal, qui a en tête un projet immédiat, actif et orienté vers la famille pour son patrimoine. Elle a l’intention d’utiliser son patrimoine de son vivant pour contribuer à des causes comme la promotion du leadership des femmes, un mouvement dont elle a l’impression de faire partie et dont elle peut mesurer la progression. Elle entend aussi consacrer une partie de son actif pour faire des voyages avec ses enfants et son proche parent survivant, étant donné que la planification et les voyages renforcent les liens familiaux. Ses enfants obtiendront moins d’argent à son décès, mais, demande-t-elle, pourquoi devraient-ils attendre ? Et en ce qui concerne ses dons, elle ne recherche pas la reconnaissance à tout prix. « J’ai simplement besoin de sentir que je fais partie d’un mouvement et d’avoir la chance d’avoir un impact. »

Mme Bouchard est loin d’être la seule. Cinquante-deux pour cent des Canadiennes prévoient distribuer entièrement leur patrimoine de leur vivant, ou de manière égale de leur vivant et après leur décès, comparativement à 40 % des hommes Canadiens. La façon dont les Canadiens voient le patrimoine change aussi rapidement : 68 % des hommes et des femmes affirment que leur vision du patrimoine qu’ils veulent laisser est différente de celle de leurs parents ; ce taux est plus élevé que pour les personnes fortunées en Asie, au Royaume-Uni ou aux États-Unis. La tendance est encore plus marquée chez les jeunes1 Canadiens fortunés : 71 % d’entre eux affirment avoir une vision différente de celle de leurs parents. Et puisque la tendance est encore plus importante chez les Canadiens les plus fortunés (79 % d’entre eux déclarent avoir une opinion différente), il semble que les changements relatifs à un patrimoine immédiat plus personnel auront un grand impact sur la compréhension du « patrimoine » au Canada.

En fait, aujourd’hui, la signification du patrimoine est personnelle pour les Canadiens fortunés ; elle est davantage fondée sur les relations entretenues avec la famille et les amis—et sur le désir de changement social—plutôt que sur l’argent seulement.

« Les générations précédentes étaient motivées par le devoir, la culpabilité et la noblesse oblige », a affirmé Michael Adams, président d’Environics Research et expert du patrimoine au Canada. « Les valeurs religieuses et patriarcales étaient les leurs quand il était question de patrimoine. » Cela voulait souvent dire que les hommes fortunés laissaient un généreux patrimoine à une institution de confiance comme une église, un hôpital ou une université.

Bien que ce type de don n’ait pas complètement disparu, la tendance grandissante chez les personnes fortunées consiste à soutenir des causes dont l’objectif est de résoudre des problèmes sociaux, de santé et environnementaux, et qui peuvent démontrer des résultats mesurables. Parmi les Canadiens fortunés, 36 % décident des dons qu’ils font en fonction de la pertinence du bénéficiaire pour eux ou leur famille, tandis que 26 % fondent leurs décisions sur la pertinence sociale en général.2

Partout dans le monde, les jeunes personnes fortunées sont au premier plan de cette nouvelle définition du patrimoine. Par exemple, notre sondage révèle qu’à l’échelle mondiale, 69 % d’entre eux pensent que les causes sociales sont devenues plus importantes que l’accumulation de richesse dans la définition du patrimoine ; 66 % des jeunes Canadiens fortunés sont du même avis. « Ils considèrent qu’ils doivent être socialement responsables ou agir comme des citoyens du monde aujourd’hui », a affirmé Caroline Riseboro, présidente de Plan International Canada, un organisme de bienfaisance qui vient en aide aux enfants. « Leur patrimoine, c’est la façon dont ils vivent leur vie, ici et maintenant. »

Faire un don, c’est bien plus que faire un chèque

La façon dont les Canadiens fortunés font des dons change aussi. Les dons marquent désormais le début d’une relation plutôt que la fin d’un processus. Comme Mme Bouchard, les donateurs veulent participer activement pour avoir le sentiment qu’ils contribuent à une cause importante et pour mesurer les résultats. Plus du double des jeunes Canadiennes fortunées (23 %) par rapport aux femmes d’un certain âge décident de faire des dons en fonction de la façon dont ces dons s’inscrivent dans leur définition du patrimoine.

Les gens se voient comme des partenaires et non comme des donateurs, et ils veulent participer au processus de prise de décisions, selon Hilary Pearson, présidente de Fondations philanthropiques Canada, un réseau national de fondations privées. « Il ne s’agit pas de dons sans aucune relation », a-t-elle affirmé.

Prenons par exemple la Fondation de Gaspé Beaubien et le Centre de santé et de services sociaux des Sommets, qui exploite trois cliniques, trois maisons de santé et un hôpital dans les Laurentides, au Québec. Le centre de santé s’est d’abord adressé à la Fondation pour obtenir du financement visant l’achat d’équipement médical, mais il a plutôt obtenu un financement ciblé à long terme et la surveillance du donateur pour repérer et corriger les problèmes organisationnels.

Les dons de charité peuvent aussi ressembler aux travaux réalisés par Zita Cobb sur son île natale, Fogo, à Terre-Neuve-et-Labrador. Elle a utilisé l’argent qu’elle a gagné dans le secteur de la technologie pour construire un hôtel, mettre en place un programme artistique et établir la Shorefast Foundation, dont la mission est de créer une résilience économique et culturelle dans cette collectivité éloignée. Elle se consacre maintenant à temps plein à son projet.

À l’avenir, la tendance qui consiste à percevoir le patrimoine comme quelque chose qui est créé activement pendant toute la vie et qui est axé sur la famille se renforcera vraisemblablement, compte tenu de l’augmentation du nombre de milléniaux et de femmes fortunés et de leur influence grandissante.

Rowena Griffiths, responsable du patrimoine à Oxfam Canada, fait remarquer qu’une partie de ce changement est attribuable aux milléniaux, qui ont grandi dans un système scolaire dans lequel ils ont dû recueillir des fonds pour des initiatives particulières. Ils font maintenant bénéficier leur philanthropie de cette participation active.

Les femmes fortunées ont aussi contribué à attirer davantage l’attention sur le fait que les relations intergénérationnelles avec la famille et les amis font partie intégrante de la nouvelle définition du patrimoine. Par exemple, 74% des Canadiennes fortunées affirment que leur patrimoine est défini par les relations qu’elles entretiennent avec leur famille ou leurs amis, comparativement à 69 % des hommes.

Cet accent sur la famille se reflète en partie dans la façon dont les dernières générations participent aux efforts philanthropiques de leurs parents. « La volonté d’attirer les jeunes dans une fondation dès le début constitue un changement », a affirmé Pearson. « Auparavant, les fondations et les donateurs individuels ne pensaient pas en fonction des générations ».

Selon Adams, les femmes ont tendance à être davantage orientées vers la famille tout au long de leur vie. Il est donc logique qu’elles empruntent cette voie pour leur patrimoine.

À l’avenir, la tendance qui consiste à percevoir le patrimoine comme quelque chose qui est créé activement pendant toute la vie et qui est axé sur la famille se renforcera vraisemblablement, compte tenu de l’augmentation du nombre de milléniaux et de femmes fortunés et de leur influence grandissante. Selon Griffiths, les femmes apprennent aussi les unes des autres sur la façon de faire des dons et le moment de le faire. « Elles se réunissent et discutent de philanthropie », a-t-elle affirmé. « Elles se consultent. Elles s’encadrent les unes les autres. Les hommes ne font pas ça. »

Conclusion

Bien qu’au Canada, le nombre de jeunes femmes qui deviennent les principales décideuses en ce qui concerne la planification des finances et du patrimoine soit plus élevé que jamais, nos données révèlent que les hommes sont encore souvent ceux qui prennent l’initiative. Par conséquent, étant donné que le nombre de femmes fortunées continue de croître, les changements relatifs au patrimoine au Canada seront vraisemblablement encore plus marqués. Par conséquent, un plus grand nombre de personnes chercheront à définir leur patrimoine comme un élément qui permet d’apporter un changement social durable. Étant donné les avantages que ce changement apporte déjà au Canada, de plus en plus de Canadiens pourraient vouloir suivre leur exemple.

 

Par

 


1. On entend par « jeunes » les personnes de la génération X ou les milléniaux, nés entre 1965 et 2000.
2. Dans le sondage, le terme « pertinence sociale » n’est pas défini en détail.

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