Mises à jour bimensuelles – 19 septembre 2025

September 19, 2025 | Ping Yu Ni


Share

Chers lecteurs,

 

Au vu des récents signes d’affaiblissement du marché du travail au Canada et aux États-Unis, les banques centrales des deux pays ont décidé d’abaisser leur taux de référence. Elles reprennent ainsi les cycles de détente monétaire qu’elles avaient mis sur pause en raison de l’incertitude soulevée par l’économie et la politique commerciale. Nous analysons ci-après ces décisions, la réaction du marché et les éventuelles répercussions sur l’économie.

 

Baisses de taux

Lors de sa réunion de cette semaine, la Réserve fédérale américaine (Fed) a abaissé son taux de référence de 0,25 %. Cette diminution, la première depuis décembre 2024, était largement attendue par les marchés. Durant l’été, plusieurs données sur l’emploi ont déçu les attentes et exacerbé les craintes d’un possible ralentissement de la croissance. Cependant, comme les derniers relevés de l’inflation ont montré que les droits de douane n’ont pas été répercutés de manière aussi importante que prévu, la Fed disposait de la marge de manœuvre nécessaire pour atténuer les risques de repli de l’économie.

 

À l’instar de la Fed, la Banque du Canada (BdC) a réduit ses taux d’un quart de point cette semaine. L’inflation a été contenue grâce au fait qu’une bonne partie des échanges commerciaux ont été conformes à l’AEUMC et que les droits de douane de représailles visant les États-Unis ont été supprimés. Cela a permis à la BdC d’abaisser les taux afin de soutenir certains secteurs touchés par les perturbations du commerce ainsi que le marché du travail, où le chômage a augmenté. En revanche, la BdC n’a guère fourni d’indications sur l’avenir de la détente monétaire. Ses responsables ont souligné qu’ils feraient preuve de prudence dans un contexte politique et économique incertain.

 

Taux obligataires

Les marchés avaient largement anticipé les baisses de taux de cette semaine, ce qui a contribué au recul des taux des obligations d’État au Canada et aux États-Unis au cours des dernières semaines. Les taux des obligations d’État à court terme, qui sont plus sensibles aux décisions des banques centrales sur les taux d’intérêt, ont affiché un déclin régulier depuis la mi-juillet. Les taux des obligations à long terme, qui ont tendance à être davantage influencés par les attentes générales relatives à la croissance et à l’inflation, ont également fléchi, les marchés soupesant la perspective d’un ralentissement de la croissance économique. Cependant, après les décisions de cette semaine, on a noté une légère divergence : les taux des obligations à court terme n’ont généralement pas remonté, tandis que les taux des obligations à long terme ont enregistré une hausse modeste. Il semblerait donc que les marchés estiment que les baisses de taux proactives pourraient contribuer à prolonger l’expansion économique, en plus de maintenir la stabilité des attentes de croissance et d’inflation à moyen terme, ce qui a tendance à tirer les taux des obligations à long terme vers le haut.

 

Conséquences économiques

En général, les secteurs de l’économie sensibles aux taux d’intérêt devraient être avantagés par l’assouplissement des conditions financières, le secteur du logement étant probablement celui qui en profitera le plus. Au Canada, l’activité du marché du logement s’est récemment raffermie, les ventes de propriétés existantes atteignant ce mois-ci un sommet pour 2025 à la faveur des prix relativement plus bas et de l’amélioration de la dynamique des stocks. Toutefois, le secteur reste confronté à certains défis, notamment les contraintes d’abordabilité, le déclin de la croissance démographique et l’incertitude entourant l’économie en général. La baisse des coûts de financement pourrait donner un coup de pouce opportun à la demande de logement au Canada. On observe une dynamique similaire aux États-Unis, où la baisse des taux hypothécaires pourrait apporter une bouffée d’air frais à un marché plombé par la piètre abordabilité et l’anémie de l’activité de construction.

 

Les segments plus cycliques des marchés financiers pourraient aussi bénéficier de l’effet positif de la baisse des coûts d’emprunt, notamment les petites entreprises, les secteurs tributaires de la conjoncture économique et les sociétés emprunteuses de qualité inférieure. Cela dit, l’inflation représente un risque à surveiller. Des réductions de taux trop énergiques pourraient en effet raviver les craintes entourant les pressions inflationnistes, qui constituent un possible facteur de volatilité du marché.

 

Points à retenir

Comme le poids de l’inflation et celui du marché du travail ont évolué dans l’évaluation des risques, les banques centrales accordent la priorité à la santé du marché du travail. La reprise des réductions de taux vise donc à contrer les risques de repli, car le ralentissement de la création d’emplois est devenu plus marqué. L’assouplissement des conditions financières est généralement une bonne chose pour l’économie. Toutefois, l’ampleur et le rythme des baisses de taux d’intérêt demeurent très incertains, étant donné que les banques centrales ont également pour mandat de maintenir l’inflation à un niveau proche des cibles à long terme. Nous surveillerons de près l’orientation future de la politique monétaire ainsi que les taux des obligations d’État, alors que les banques centrales devront jouer les équilibristes entre leurs différentes priorités que sont le marché du travail, l’inflation et l’économie dans son ensemble.

 

Nous demeurons à l'écoute.

 

Le Groupe Martin Roy