Chers lecteurs,
Malgré de nombreuses raisons d’être pessimiste cette année, l’économie et les marchés mondiaux ont largement dépassé les attentes. Cette situation a ravivé l’attention sur les prévisions et les résultats financiers des sociétés, les investisseurs cherchant à comprendre comment celles-ci composent avec un contexte d’exploitation plus difficile en raison de l’imprévisibilité de la politique commerciale américaine, comment les droits de douane alimentent les pressions inflationnistes aux États-Unis et quelle pourrait être l’incidence potentielle sur la politique monétaire. Nous nous pencherons plus en détail sur le sujet ci-dessous.
Une période de publication des résultats rassurante pour le deuxième trimestre
La période de publication des résultats aux États-Unis étant désormais largement terminée, les résultats ont été globalement meilleurs que prévu, le taux de croissance des bénéfices réalisés ayant largement dépassé les prévisions consensuelles. En particulier, le nombre de révisions à la hausse des prévisions de bénéfices par rapport au nombre de révisions à la baisse a atteint son plus haut niveau depuis la fin de 2021, ce qui marque un revirement par rapport aux réductions précédentes causées par l’incertitude entourant les répercussions des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, qui se sont révélées moins graves que prévu initialement. Même si les analystes attribuent la solide performance des bénéfices à l’efficacité des stratégies d’atténuation des droits de douane et à la dépréciation du dollar américain, ils ont également prévenu que les pleins effets des droits de douane ne se sont pas encore fait sentir, étant donné que les achats anticipés de marchandises plus tôt cette année a probablement reporté leur impact.
De plus, le fardeau des droits de douane est inégalement réparti entre les secteurs. Certains secteurs tributaires du commerce en ressentent déjà les effets. Par exemple, les principaux constructeurs automobiles américains ont révélé des frais d’importation élevés relativement aux droits de douane sur les automobiles et les métaux, tandis que certains détaillants ont obtenu des résultats contrastés et ont averti qu’ils pourraient relever leurs prix lorsque les stocks provenant de leurs achats anticipés seront épuisés. Sur une note plus positive, les excellents résultats persistants et les prévisions optimistes des sociétés technologiques à grande capitalisation et des sociétés connexes, qui sont les principales bénéficiaires du cycle de placement lié à l’IA, ont apporté un soutien crucial au momentum des bénéfices de l’indice S&P 500.
Dans l’ensemble, les perspectives de bénéfices demeurent favorables aux marchés boursiers. Les prévisions consensuelles pour l’indice S&P 500 laissent entrevoir une croissance des bénéfices d’environ 9 % en 2025 et de 12 % en 2026. À l’échelle mondiale, l’indice MSCI Monde tous pays devrait générer une croissance des bénéfices de 9 % en 2025 et de 11 % en 2026. À mesure que nous avancerons dans la seconde moitié de 2025, les marchés continueront de se concentrer sur les prévisions des sociétés pour 2026. La plupart des sociétés qui publient des prévisions pour 2026 maintiennent leurs projections, mais les équipes de direction continuent de souligner l’incertitude qui règne et évaluent encore l’impact des droits de douane sur les résultats financiers. Lori Calvasina, chef, Stratégie sur actions américaines à RBC Marchés des Capitaux, a indiqué que « nous sommes encore loin de bien comprendre comment les récents changements apportés à la politique commerciale affecteront la demande et les perspectives pour 2026 ».
Les données sur l’inflation aux États-Unis sont contrastées
Ailleurs, les marchés surveillent de près la transmission des droits de douane à travers l’économie. Les achats anticipés et l’accumulation de stocks aux prix antérieurs à l’application des droits de douane ont temporairement protégé les prix à la consommation et les marges bénéficiaires des sociétés. Mais à mesure que ces stocks s’épuisent, les entreprises risquent d’être confrontées à un choix difficile : absorber les droits de douane au détriment de leurs marges (ce qui pourrait accroître la pression pour réduire les coûts ailleurs, par exemple sur la main-d’œuvre) ou répercuter les droits de douane sur les consommateurs en augmentant les prix (ce qui pourrait freiner la demande). Les récentes données sur les prix à la production aux États-Unis montrent la plus forte hausse mensuelle en plus d’un an, ce qui donne à penser que les droits de douane pourraient avoir une incidence sur les prix en amont dans la chaîne d’approvisionnement. Toutefois, les plus récentes données sur les prix à la consommation ont été relativement faibles. La divergence entre les prix à la consommation et les prix de gros souligne la difficulté d’évaluer la véritable trajectoire de l’inflation, un facteur qui complique les perspectives à l’égard de la politique monétaire des États-Unis.
Tous les regards sont tournés vers Jackson Hole
Les marchés seront attentifs au discours du président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, à la conférence annuelle des banques centrales à Jackson Hole, au Wyoming. Cet événement est depuis longtemps une plateforme clé permettant aux présidents de la Fed de donner des indications sur la position de la Fed en matière de politique monétaire. Cette année, les marchés analyseront les commentaires de M. Powell afin d’y trouver des indices permettant de déterminer si la Fed maintiendra son approche attentiste ou si elle laissera entrevoir un éventuel changement de politique. Les données plus faibles que prévu sur l’emploi en juillet ont incité les marchés à anticiper une réduction de 25 points de base à la réunion de septembre de la Fed. Toutefois, comme l’inflation demeure supérieure à la cible de 2 % de la banque centrale, les décideurs politiques sont confrontés à la tâche délicate de concilier leurs deux mandats : le plein emploi et la stabilité des prix.
Qu’en est-il du Canada?
Par ailleurs, les pressions sur les prix à la consommation au Canada se sont atténuées, en grande partie en raison de l’élimination de la taxe sur le carbone pour les consommateurs en avril. En ce qui concerne le commerce, l’ACEUM continue de garantir l’accès en franchise de droits au marché américain pour la plupart des exportations canadiennes. Le U.S. Census Bureau a indiqué que 92 % des exportations canadiennes vers les États-Unis ont franchi la frontière en franchise de droits en juin, en légère hausse par rapport à 91 % en mai et à 89 % en avril. La Banque du Canada (BdC) a maintenu son taux directeur à 2,75 % pendant trois réunions consécutives depuis mars, et Services économiques RBC s’attend à ce que la BdC ne procède pas à de nouvelles réductions de taux au cours du présent cycle.
Points à retenir
Aux États-Unis, la hausse des prix à la production et la perspective de hausses des prix à la consommation ont ravivé les craintes que l’incertitude entourant la politique commerciale puisse alimenter l’inflation à court terme. Néanmoins, les solides données fondamentales des sociétés et les révisions à la hausse des bénéfices ont continué d’être le fondement d’un optimisme prudent sur les marchés. En ce qui concerne les portefeuilles, l’idée de conserver ses placements, mais de rester prudent demeure pour nous une position judicieuse, alors que nous continuons de surveiller l’évolution de la politique commerciale et des bénéfices des sociétés.
Nous demeurons à l'écoute.
Le Groupe Martin Roy