Chers lecteurs,
Comme nous l’avons souligné dans nos lettres récentes, cet été est loin de s’être déroulé sous le signe de la tranquillité. Les marchés demeurent sensibles au flot continu de nouvelles – dont bon nombre sont liées à l’évolution de la situation commerciale – qui continuent d’influer sur la confiance des investisseurs. Par ailleurs, la période de publication des résultats du deuxième trimestre bat toujours son plein. Nous surveillons de près non seulement les résultats des sociétés, mais aussi leurs prévisions afin de déceler tout signe indiquant que la dynamique tarifaire pourrait avoir une incidence sur les perspectives des entreprises pour la fin de l’année 2025 et au-delà. Nous vous présentons plus d’information ci-dessous.
Bénéfices du deuxième trimestre
La période de publication des résultats du deuxième trimestre est bien entamée, 122 sociétés de l’indice S&P 500 ayant fait état de leurs bénéfices cette semaine seulement. Dans l’ensemble, les résultats ont dépassé les attentes, ce qui a contribué à faire grimper le taux de croissance prévu des bénéfices de l’indice. Cet élan est en grande partie attribuable aux solides rendements de plusieurs des sociétés technologiques à grande capitalisation faisant partie des « sept magnifiques », ainsi qu’à l’apport notable du secteur de la finance.
Malgré les résultats relativement bons publiés jusqu’à présent, les commentaires des directions ont été quelque peu contrastés, certaines sociétés adoptant un ton prudent. Les divergences sectorielles s’expliquent par un éventail de facteurs, dont la politique commerciale, les tendances de consommation, les fluctuations des taux de change et l’évolution de la demande. Comme Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, l’a récemment souligné, il y a encore « beaucoup de chemin à faire » pour bien comprendre comment les changements tarifaires peuvent influer sur l’inflation, la croissance économique et la demande, en particulier en ce qui concerne 2026.
Évolution de la situation commerciale
L’évolution de la politique commerciale demeure fluide. Au cours des deux dernières semaines, nous avons observé une combinaison d’escalade tarifaire et d’accords commerciaux constructifs. En ce qui concerne l’escalade, les États-Unis ont rétabli des droits de douane réciproques allant de 10 % à 50 % dans des dizaines de pays, ce qui marque un changement de cap vers une approche commerciale plus musclée adaptée à chaque pays. Pour le Canada, les droits sur certaines exportations vers les États-Unis sont passés de 25 % à 35 %. Toutefois, le Canada a réaffirmé que l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) continue de protéger la vaste majorité de ses exportations et a indiqué que des négociations étaient en cours. Par ailleurs, les tensions se sont exacerbées entre les États-Unis et l’Inde, où l’administration américaine s’apprête à imposer des droits de douane supplémentaires de 25 % en réponse à la poursuite des achats de pétrole russe par l’Inde. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’efforts généraux visant à accroître les pressions sur Moscou pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Parallèlement, les États-Unis ont annoncé une série de nouveaux accords commerciaux bilatéraux avec des partenaires clés, dont l’Union européenne, le Japon et la Corée du Sud, qui clarifient les listes tarifaires et améliorent l’accès réciproque aux marchés. De plus, les négociations en cours entre les États-Unis et la Chine laissent entrevoir une prolongation potentielle de la trêve tarifaire actuelle. De son côté, le Mexique a également obtenu un sursis de 90 jours à l’égard des nouveaux droits de douane américains, ce qui laisse plus de temps pour des discussions sur la sécurité frontalière et les questions commerciales. Enfin, les États-Unis ont annoncé leur intention d’imposer des droits de douane de 100 % sur les semi-conducteurs importés. L’incidence d’une telle mesure pourrait toutefois être limitée, en raison des exemptions importantes pour les sociétés qui exercent des activités aux États-Unis ou qui prévoient d’investir dans la production aux États-Unis. L’ensemble de ces annonces a contribué à apaiser certaines inquiétudes des investisseurs, ce qui a ravivé l’optimisme sur les marchés mondiaux.
Événements macroéconomiques
Aux États-Unis, les données récentes ont fragilisé la thèse de la résilience économique. Les données de juillet sur l’emploi ont été nettement inférieures aux attentes, des révisions à la baisse par rapport aux mois précédents s’ajoutant aux craintes d’un ralentissement du marché de l’emploi. Pour assombrir davantage le tableau, un indicateur clé de l’activité dans le secteur des services aux États-Unis, qui représente environ les deux tiers de l’économie, a stagné de manière inattendue en juillet. En réaction, les marchés s’attendent de plus en plus à ce que la Réserve fédérale américaine abaisse les taux, possiblement dès le mois prochain, après le maintien des taux lors de la dernière réunion qui s’est tenue fin juillet.
Plus près de nous, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 2,75 % pour une troisième réunion d’affilée. Les décideurs sont susceptibles de rester prudents à court terme alors qu’ils s’efforcent de trouver un équilibre délicat entre la récente hausse des mesures d’inflation de base et les signes de ralentissement de l’activité économique, le tout dans un contexte d’incertitude commerciale persistante à l’échelle mondiale.
Points à retenir
Dans l’ensemble, les excellents résultats enregistrés jusqu’à présent par les sociétés, conjugués à une série d’évolutions commerciales constructives, ont ouvert la voie à un optimisme prudent. Néanmoins, comme les marchés boursiers se situent près de sommets records et que les valorisations sont élevées, nous gardons à l’esprit que les attentes ont considérablement augmenté. Même si les données fondamentales des sociétés demeurent globalement favorables, ces attentes élevées pourraient rendre les marchés relativement plus sensibles aux mauvaises surprises à court terme.
Nous demeurons à l'écoute.
Le Groupe Martin Roy