Mises à jour bimensuelles - 4 avril 2025

April 04, 2025 | Ping Yu Ni


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Chers lecteurs,

 

Les marchés boursiers mondiaux se sont repliés plus fortement cette semaine après le dévoilement des intentions de l’administration américaine d’imposer des droits de douane réciproques nettement plus étendus et importants que ce à quoi s’attendaient la plupart des investisseurs. L’annonce du « Jour de la libération » a fait planer le spectre d’une guerre commerciale généralisée entre les États-Unis et beaucoup (voire la totalité) de leurs partenaires commerciaux. Nous résumons ci-dessous les récents événements commerciaux, leurs répercussions sur les perspectives économiques ainsi que la réaction des marchés des actions, des titres à revenu fixe et des devises.

 

Les droits de douane ont désormais une portée mondiale. Au cours des derniers jours, les États-Unis ont annoncé des tarifs douaniers de base de 10 % sur toutes les importations, ainsi que des droits individuels beaucoup plus élevés qui seront imposés à près de soixante pays. Le taux tarifaire moyen aux États-Unis est maintenant estimé à un peu plus de 23 %, ce qui représente une forte hausse par rapport au taux de 2 % enregistré au début de l’année. Surprise plutôt positive, le Canada et le Mexique ont été épargnés : aucun des deux pays ne sera frappé par des droits supplémentaires. Pour le moment, ce revirement écarte certains des scénarios catastrophes que les investisseurs envisageaient pour les deux pays. À titre de rappel, le Canada est déjà assujetti à des droits de douane de 25 % sur les biens – y compris les automobiles et les pièces fabriquées au Canada – qui ne sont pas visés par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) conclu en 2018, à des droits réduits de 10 % sur l’énergie et la potasse non visés par l’ACEUM, ainsi qu’à des droits de 25 % sur l’acier et l’aluminium.

 

La réaction du marché à l’évolution des droits de douane était prévisible dans certains cas, mais a été surprenante dans d’autres. Le marché boursier américain est celui qui a le plus souffert, poursuivant la tendance observée depuis le début de l’année. Les secteurs des technologies et des produits industriels ont été particulièrement ténus, car les investisseurs remettent de plus en plus en question la résilience de l’économie américaine et les attentes de croissance qui se reflètent dans les cours boursiers. Le marché canadien s’est un peu mieux comporté, les actions des banques ayant fait preuve d’une certaine résilience, ce qui a aidé à compenser en partie la faiblesse du secteur de l’énergie. Les marchés boursiers étrangers ont également reculé, quoique dans une moindre mesure.

 

Comme on pouvait s’y attendre, les taux des obligations d’État ont diminué (et les cours ont augmenté), les investisseurs ayant commencé à s’inquiéter de la croissance mondiale et à se tourner vers les valeurs refuges. L’évolution des taux obligataires aux États-Unis a été nettement plus prononcée qu’au Canada. La plus grande source de surprise a peut-être été les marchés des changes : le dollar canadien, l’euro et le yen japonais, entre autres, ont fortement augmenté à la suite de l’annonce des droits de douane. Habituellement, le dollar américain est le principal bénéficiaire d’un contexte de ruée vers les valeurs refuges, marqué par des ventes massives sur les marchés boursiers. Or, cette tendance ne s’est pas manifestée récemment, ce qui pourrait indiquer que les investisseurs réévaluent les États-Unis sous de multiples angles.

 

Le niveau élevé d’incertitude des derniers mois attribuable à la menace des droits de douane a peut-être déjà eu une incidence économique sous la forme d’un ralentissement des dépenses, des investissements et de l’activité. Toutefois, les droits de douane annoncés au cours de la dernière semaine représentent un nouveau choc possible pour l’économie mondiale qui pourrait donner lieu à la hausse des prix d’un éventail de produits, à une baisse des dépenses et à une réorientation des chaînes d’approvisionnement, les entreprises et les consommateurs cherchant des solutions de rechange dans la mesure du possible. En outre, même si une récession n’est en aucun cas une certitude, le risque s’est accru à cet égard. Il est peu probable que les banques centrales, comme la Réserve fédérale américaine, restent sur la touche si les tendances économiques se détériorent, mais elles pourraient se montrer hésitantes à abaisser les taux face à la hausse des prix.

 

Dans ce contexte, nous continuons de gérer les portefeuilles avec une certaine prudence, en nous assurant que nos placements en actions ont été rééquilibrés et ne dépassent pas les cibles énoncées dans les politiques de placement et les plans financiers que nous avons établis pour nos clients. Ces plans tiennent compte du fait que des replis de marché, comme celui qui est en cours, peuvent se produire occasionnellement à différents degrés. Le respect d’un plan nous permet de maintenir une approche rigoureuse, ce qui est particulièrement important en période de crise sur les marchés, où les émotions peuvent souvent nous nuire.

 

Nous demeurons à l'écoute.

 

Le Groupe Martin Roy