Mise à jour bimensuelle - 8 mars 2024

08 mars 2024 | Mananjo Andriantsara


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Chers lecteurs,

 

Les marchés boursiers mondiaux ont affiché une tendance à la hausse au cours des dernières semaines, les rendements dans les régions autres que les États-Unis ayant été nettement plus solides. Les investisseurs ont maintenu leur attention sur la situation de l’emploi et les récents commentaires de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine. Les deux banques centrales ont réaffirmé la nécessité de faire preuve de patience, en attendant de nouvelles preuves que les pressions inflationnistes sont maîtrisées. Nous réexaminons ci-dessous les tensions qui ont émergé dans le secteur des banques régionales aux États-Unis il y a environ un an, et nous nous penchons sur des préoccupations semblables qui ont refait surface.

 

Il y a environ un an, trois banques régionales américaines se sont trouvées dans une situation précaire, ce qui a entraîné un important exode des dépôts et la faillite subséquente des banques. Leur vulnérabilité était imputable à une baisse importante de la valeur des titres à revenu fixe à long terme dans leur bilan, causée par les hausses rapides et marquées des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine. La divulgation d’une perte importante à la vente de ces titres ainsi que la mobilisation de capitaux de l’une des banques ont suscité des inquiétudes chez les déposants, ce qui a provoqué une cascade de retraits. Dans le contexte de la fermeture forcée de ces banques, les décideurs sont intervenus pour garantir tous les dépôts et mettre en place une nouvelle facilité de prêt pour soutenir les banques sous pression. Ces mesures ont contribué à rétablir la confiance dans le système bancaire et à endiguer les retraits de dépôts.

 

Au cours des derniers mois, des inquiétudes ont refait surface dans le secteur des banques régionales aux États-Unis, l’attention des investisseurs s’étant tournée vers les pertes potentielles du côté des prêts immobiliers commerciaux. Cette catégorie de prêts a fait l’objet d’une surveillance au cours de la dernière année, en raison des répercussions de la hausse des taux d’intérêt et des changements provoqués par la pandémie, qui ont donné lieu à une augmentation des taux d’inoccupation dans certains immeubles, comme les immeubles commerciaux et de bureaux. Ces prêts sont détenus de façon disproportionnée par de petites et moyennes banques américaines.

 

Une banque en particulier a récemment attiré l’attention, car elle a dépassé le seuil de 100 milliards de dollars d’actifs, l’assujettissant à des exigences plus sévères en matière de capital. Elle était fortement exposée à l’immobilier commercial, mais plus particulièrement aux segments qui connaissent des tensions accrues, comme les immeubles multifamiliaux à loyer contrôlé et les immeubles de bureaux à New York. La banque a fait état de faiblesses importantes dans son processus d’évaluation des risques liés aux prêts, a annoncé une provision pour pertes sur prêts qui était près de dix fois supérieure au montant prévu, a réduit son dividende, a remplacé un certain nombre de hauts dirigeants et a vu sa note de crédit abaissée par les agences de notation. Au cours de la dernière semaine, elle a bénéficié d’une importante injection de capitaux de plusieurs investisseurs institutionnels visant à stabiliser la société.

 

Bien que la situation de cette banque soit unique, ses difficultés ont suscité des inquiétudes plus larges à l’égard de l’immobilier commercial et entraîné une réévaluation des risques parmi les banques américaines de petite et de moyenne taille. Dans l’ensemble, nous sommes d’avis que les risques liés à l’immobilier commercial sont généralement bien compris par les marchés et que de nombreuses banques, en particulier les grandes institutions, ont pris des dispositions appropriées en prévision de pertes potentielles.

 

Fait important, la facilité de prêt d’urgence et les garanties de dépôt, qui constituaient la pierre angulaire des mesures de soutien l’an dernier, devraient continuer de rassurer les déposants à court terme. Malgré tout, nous ne serions pas surpris de voir d’autres banques régionales montrer des signes de faiblesse, car les effets à retardement de la hausse des taux d’intérêt continuent de se faire sentir sur l’économie. Nous sommes rassurés par les marchés du crédit et des prêts interbancaires, qui continuent de bien se comporter, ce qui indique que les répercussions sur l’ensemble des marchés financiers sont limitées pour l’instant.

 

Nous demeurons à l'écoute,

 

Le Groupe Martin Roy