Depuis mercredi 2 avril, date à laquelle le président américain a décidé de déclencher une guerre commerciale contre le monde, les marchés ont chuté de plus de 10 %. C'est la quatrième fois en 50 ans qu'ils subissent une telle baisse, après le krach boursier de 1987, la crise financière de 2008 et la pandémie de 2020.
Le marché américain est le plus touché parmi les pays développés, ayant perdu environ 20 % depuis son sommet. Les titres technologiques, quant à eux, ont perdu environ 30 %.
La baisse et la forte volatilité actuelle s'expliquent possiblement par plusieurs facteurs :
- Le marché américain avait fortement augmenté depuis deux ans. Cette hausse était bien plus prononcée que celle des bénéfices.
- Certains titres, liés à la technologie et à l'intelligence artificielle (IA), montraient des signes de bulle.
- Début 2025, le ratio cours/bénéfice (P/E) du marché américain était de 24x, bien au-delà de sa moyenne historique.
- Les analystes anticipaient une hausse des bénéfices de 15 % en 2025, mais ces prévisions doivent maintenant être revues à la baisse.
Habituellement, le gouvernement et la banque centrale américaine sont perçus comme des piliers de stabilité, faisant tout pour atténuer les risques. Ils ont fortement soutenu les marchés lors des crises de 2008 et 2020. Aujourd'hui, le gouvernement est la source du problème : instable, peu fiable et remettant en question les fondements du commerce mondial établis depuis la Seconde Guerre mondiale.
La banque centrale américaine, quant à elle, a indiqué que cette guerre commerciale pourrait entraîner un ralentissement économique et davantage d'inflation. Elle ne prévoit donc pas stimuler l'économie à court terme.
Positionnement actuel
Notre objectif demeure de surperformer nos indices de référence à long terme, avec une volatilité réduite, en participant aux hausses et en limitant les pertes durant les baisses.
En début d'année, certains nous reprochaient d’avoir moins participé à l’exubérance du marché technologique. Nous avons toutefois maintenu une diversification prudente. Nos portefeuilles comprenaient une forte proportion de liquidités, des titres à revenu fixe de haute qualité, et des actions plus stables qui avaient moins performé ces deux dernières années. Cette stratégie nous aide considérablement aujourd'hui.
Liquidités
Nos portefeuilles détiennent en moyenne 16 % en liquidités. Ce niveau a été augmenté fin 2024, alors que nous trouvions de moins en moins d'opportunités d'investissement attrayantes.
Revenus fixes
Nous détenons en moyenne 29 % en titres à revenu fixe. Ce niveau varie selon le profil de risque et la situation personnelle de chaque investisseur. Il s'agit presque exclusivement de titres à court terme et de haute qualité, offrant un bon rendement après impôts. Ces investissements sont très stables en période de turbulence.
Actions
Les 55 % restants sont investis en actions, qui ont reculé ces derniers jours. Cela dit, toutes les actions ne se comportent pas de la même façon.
- Actions défensives : Environ 44 % de nos actions sont défensives, surperformant en temps de crise. Ce niveau est beaucoup plus élevé que celui des indices. Elles sont majoritairement dans la consommation de base, la santé, les télécoms et les services publics.
- Actions très exposées aux tarifs : Environ 24 % de nos actions. Ce niveau est bien plus faible que celui des indices, car nous avons sous-pondéré les deux plus gros secteurs : finance et technologie.
- Actions peu affectées à long terme : Les 32 % restants sont dans des secteurs peu sensibles aux tarifs. Bien qu'elles baissent à court terme comme l'ensemble du marché, elles devraient bien performer dans les prochains mois lorsqu'on reconnaîtra qu'elles sont moins affectées que prévu.
Les États-Unis et le dollar US
Les États-Unis font face à un double déficit : commercial et budgétaire. En cas de conflit avec la Chine, ils pourraient manquer de ressources et de matériel rapidement. Le déficit budgétaire est à un niveau insoutenable (7,2 % du PIB), et leurs impôts sont parmi les plus bas des pays développés. Malgré leur puissance, les États-Unis pourraient être contraints de rééquilibrer leurs finances.
En début d'année, les États-Unis représentaient 4 % de la population mondiale, 25 % du PIB et 67 % de la capitalisation boursière mondiale : des niveaux records. Leur économie, dominée à 70 % par les services, dégage un excédent dans ce secteur avec le reste du monde. La vision selon laquelle "le monde profite des États-Unis" est donc contestable.
La force du dollar US repose en grande partie sur des taux d’intérêt plus élevés que ceux de ses partenaires commerciaux. Nous pensons qu’il entrera dans un cycle baissier, ce qui devrait d’ailleurs contribuer à améliorer la balance commerciale américaine.
Selon le FMI, en tenant compte du pouvoir d’achat – qui demeure le meilleur indicateur pour évaluer la valeur d’une devise à long terme – le dollar US est surévalué d’environ 20 % par rapport au dollar canadien. Lors des deux dernières fois où un écart similaire a été observé, il a fallu moins de cinq ans pour revenir à niveau établi par le pouvoir d’achat.
Positionnement à long terme
Notre performance depuis 2020 et notre positionnement diversifié nous permettent de subir la baisse actuelle avec un impact limité. Les actifs que nous détenons sont en bonne santé financière et devraient prendre de la valeur dans les années à venir. Il est essentiel de respecter vos plans et objectifs financiers à long terme, de garder le cap et de se positionner stratégiquement pour l'avenir.
Malgré l'incertitude des prochains mois, où nous comptons rester prudents et sélectifs, ces marchés offrent de bonnes opportunités à long terme. Historiquement, les fortes baisses ont un impact très limité sur le long terme, et les marchés ont rebondi lorsqu'on s'y attendait le moins.
La situation actuelle entraînera des répercussions importantes sur l'équilibre géopolitique mondial. L'Europe et le Canada, notamment, devraient se réveiller et en bénéficier. Nous pensons que les ressources naturelles surperformeront le secteur technologique dans la prochaine décennie. C'est d'ailleurs pourquoi le président américain insiste autant pour les sécuriser à long terme.
Cela, combiné aux tensions commerciales, devrait renforcer l'inflation à long terme. Dans ce contexte, le marché canadien, qui dispose des ressources les plus disponibles et fiables pour les États-Unis et l'Europe, devrait tirer son épingle du jeu dans le prochain cycle économique.