Les questions épineuses auxquelles sont confrontés les marchés boursiers

agosto 09, 2024 | Kelly Bogdanova


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Quatre problèmes non résolus liés au récent délestage risquent de peser sur les actions. Une volatilité accrue est probable, et nous privilégions un positionnement défensif dans les portefeuilles d’actions, en mettant l’accent sur les actions de gran

Les questions épineuses auxquelles sont confrontés les marchés boursiers

À notre avis, le délestage est toujours en cours sur les marchés boursiers américains et mondiaux.

Les replis et les corrections prennent habituellement des semaines, voire des mois à se résorber complètement. Quelques séances de négociation ne suffisent pas. Ce processus devrait être familier à ceux qui ont investi au cours des dernières années, et surtout à ceux qui investissent depuis des décennies. Un repli ne devrait pas être surprenant après la hausse de 37,6 % de l’indice S&P 500 de son creux d’octobre 2023 jusqu’au sommet atteint à la mi-juillet 2024.

Des questions demeurent toutefois sans réponse quant aux principaux facteurs associés au délestage.

La faiblesse des données sur l’emploi et le secteur manufacturier aux États-Unis annonce-t-elle une nouvelle détérioration de l’économie intérieure (et donc mondiale)?

Il est évident pour nous que certains secteurs de l’économie américaine sont instables et que d’autres sont faibles. Mais nous ne savons pas s’il s’agira d’un problème passager, d’un épisode de « crainte pour la croissance du PIB » ou d’une véritable récession.

Ce n’est pas parce que la majorité des indicateurs économiques avancés de notre feuille de pointage sur la récession ont viré au rouge qu’une récession est inévitable. L’économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs, Eric Lascelles, estime le risque d’une récession aux États-Unis à 40 %, une hausse par rapport à 35 % auparavant. Toutefois, si les données se détériorent davantage et finissent par faire reculer d’autres indicateurs avancés, la probabilité d’une récession pourrait augmenter.

Comme nous l’avons indiqué dans notre mise à jour sur les marchés à la suite des ventes massives de lundi, nous sommes conscients que les épisodes de crainte pour la croissance du PIB peuvent entraîner des replis plus profonds que ceux connus par l’indice S&P 500 jusqu’à présent, soit un repli de 8,5 % depuis le sommet de la mi-juillet jusqu’au creux du lundi 5 août.

Une crainte pour la croissance se produit lorsque les participants aux marchés appréhendent une récession pour une raison ou une autre et commencent à en tenir compte dans les indices boursiers, mais que l’économie finit par éviter une récession. L’indice S&P 500 a reculé de 19 % en moyenne lors des cinq épisodes de crainte pour la croissance qui ont eu lieu depuis la crise financière mondiale, mais le marché s’est redressé peu après, en raison de l’atténuation des risques économiques et autres. Ces « turbulences » ont fini par être considérées comme des occasions d’achat classiques.

Recul de l’indice S&P 500 pendant les épisodes de crainte pour la croissance après la crise financière
Événement Détails de la baisse Rendements cumulatifs après le creux
Date de sommet du marché Jours avant le creux % de baisse 6 mois 9 mois 12 mois
Crise de la dette européenne 23 avril 2010 70 -16,0 % 23,0 % 30,3 % 31,0 %
Baisse de la dette américaine 29 avril 2011 157 -19,4 % 28,6 % 23,2 % 28,7 %
Récession industrielle 21 mai 2015 266 -14,2 % 19,5 % 18,5 % 26,6 %
AQ et différend commercial É.-U./Chine* 20 septembre 2018 95 -19,8 % 18,2 % 20,0 % 32,0 %
Inflation et hausse des taux par la Fed 3 janvier 2022 282 -25,4 % 14,4 % 25,0 % 21,6 %
Moyenne   174 -19,0 % 20,7 % 23,4 % 28,0 %

* Le terme « AQ » désigne l’assouplissement quantitatif de la Fed.

Sources : Stratégie d’actions américaines de RBC Marchés des capitaux, Haver Analytics, RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg

Les inquiétudes généralisées des participants aux marchés, qui estiment que la Réserve fédérale tarde à réduire les taux d’intérêt, sont-elles fondées?

Dans des périodes d’incertitude économique comme la nôtre, et surtout après un important cycle de hausses de taux comme celui qui vient de se produire, il peut être difficile pour la Réserve fédérale américaine (la « Fed ») d’amorcer un nouveau cycle de réductions de taux bien synchronisées et calibrées. Il existe des exemples historiques où la Fed n’a pas visé juste. Et parfois, les cycles de réductions de taux ont commencé lorsque l’économie était dans un état pire que ce que l’on pensait ou savait.

Les bénéfices décevants de certaines sociétés technologiques et de consommation signalent-ils que la belle histoire de profits aux États-Unis et ailleurs tire à sa fin?

Lori Calvasina, chef, Stratégie sur actions américaines de RBC Capital Markets, LLC pour les actions américaines, souligne à juste titre que les bénéfices du deuxième trimestre de l’indice S&P 500 ont été relativement bons dans l’ensemble et que les commentaires des équipes de direction ont été équilibrés, et pas négatifs. Les sept merveilles et les autres sociétés ont déclaré un bénéfice en croissance au deuxième trimestre, et les prévisions consensuelles d’un bénéfice par action (BPA) de 242 $ pour l’indice S&P 500 cette année et de 277 $ l’an prochain sont demeurées stables durant une période où elles ont l’habitude de s’éroder.

Il existe toutefois des zones de faiblesse. Un certain nombre de rapports de société ont fait état d’un ralentissement de la consommation. Sean Naughton, qui est à la tête de l’équipe gérant les portefeuilles d’actions exclusifs de RBC Gestion de patrimoine et qui était auparavant analyste des marchés financiers couvrant les grandes sociétés de détail, souligne que lorsqu’il est question de ralentissement des dépenses de consommation, de tels indicateurs de faiblesse de la demande « ont tendance à faire fondre des icebergs ».

Le dénouement en quelque sorte amorcé par la Banque du Japon des opérations à effet de levier sur actions et autres actifs risqués ne constituait-il qu’un délestage ponctuel de positions risquées établies par des investisseurs institutionnels qui n’étaient pas bien positionnés dans un segment affichant une similarité des positions, ou s’agissait-il de quelque chose de plus important?

Notre équipe pour l’Asie estime que le dénouement des opérations de portage du yen est largement terminé et que les investisseurs institutionnels semblent s’être repositionnés. À la suite des nombreuses critiques formulées par les participants aux marchés, les économistes et d’autres parties prenantes au sujet du relèvement des taux par la Banque du Japon (BdJ) et du ton ferme de la banque centrale le 31 juillet qui a provoqué de la volatilité, le gouverneur adjoint de la BdJ a changé de cap en adoptant un ton plus conciliant mardi. Ce revirement a aidé à calmer les marchés et a provoqué des rebonds sur les marchés boursiers, et le yen s’est affaibli par rapport au dollar américain.

Pourtant, toute cette histoire nous préoccupe toujours. Selon nous, il s’agissait d’une confirmation que certains fonds de couverture d’argent rapide étaient concentrés dans des opérations très répandues de momentum et qu’ils étaient surendettés. Nous avons déjà vu ce scénario et savons que d’autres épisodes de volatilité découlant du positionnement de fonds de couverture peuvent se produire.

Approche défensive

Nous croyons que les facteurs de risque persistants associés au délestage sont suffisants pour justifier un examen du positionnement des portefeuilles d’actions. Comme l’écrivait Jim Allworth, stratégiste, Placements de RBC Gestion de patrimoine Inc. dans le numéro d’août de Perspectives mondiales, la planification d’un éventuel changement de positionnement en vue d’adopter une orientation boursière défensive l’emporte sur une approche tablant que tout ira bien.

Cela signifie pour nous qu’il faut éviter de surpondérer les indices dans les volets des actions américaines et mondiales des portefeuilles, et prévoir de réduire ces pondérations si la préservation du capital est une priorité.

Dans les portefeuilles d’actions, nous privilégions les placements défensifs, en mettant l’accent sur les actions à dividende de grande qualité.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas détenir d’actions de croissance. Toutefois, nous limiterions ces placements à ceux qui affichent une croissance de qualité, c’est-à-dire des sociétés ayant une excellente équipe de direction qui a fait ses preuves, des perspectives de flux de trésorerie solides beau temps mauvais temps, des positions de trésorerie appréciables (de sorte que les équipes de direction puissent être opportunistes en matière d’investissements ou d’acquisitions), des perspectives de croissance des bénéfices réalistes et des ratios cours/bénéfice/croissance raisonnables.

Selon nous, les placements en actions de base devraient se limiter aux actions qui peuvent mieux résister à une nouvelle détérioration de l’économie ou à une récession, et dont les valorisations sont soutenues par des perspectives de croissance du bénéfice.


Ressources pour les recherches 

Déclarations exigées 

Au Québec, les services de planification financière sont fournis par RBC Gestion de patrimoine Services Financiers. qui est autorisé comme une société de services financiers dans cette province. Dans le reste du Canada, les services de planification financière sont disponibles à travers RBC Dominion valeurs mobilières.