Élection présidentielle américaine : Retour vers le futur

08 novembre 2024 | Kelly Bogdanova


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Dans un retour politique historique, Donald Trump a de nouveau remporté la présidence. Nous analysons les politiques, comme celles sur l’impôt et les droits de douane, qui façonnent le contexte pour les investissements.

Élection présidentielle américaine : Retour vers le futur

L’indice S&P 500 a atteint un nouveau sommet sans précédent et d’autres indices importants aux États-Unis ont aussi bondi suivant l’annonce que Donald Trump avait de nouveau été élu président des États-Unis et que le contrôle du Sénat allait passer aux mains des républicains. M. Trump n’est que la deuxième personne de l’histoire des États-Unis à être élue à deux mandats présidentiels non consécutifs, l’autre étant le président démocrate Grover Cleveland à la fin du 19e siècle.

Le fait que le vainqueur ne faisait plus aucun doute quelques heures après la fermeture des bureaux de vote sur la côte ouest a été un soulagement pour les intervenants des marchés boursiers.

Le comptage des votes se poursuivait dans certaines courses à la Chambre des représentants au moment d’écrire ces lignes, mais il nous semble que les républicains conserveront le contrôle de la chambre basse du Congrès par une mince marge, ce qui signifierait une rafle républicaine. À la mi-journée jeudi, Decision Desk HQ, une entreprise mandatée par The Hill, une agence de presse qui couvre le Congrès de près, estime que les républicains ont 85 % de chances de conserver le contrôle de la Chambre des représentants, selon les résultats des courses très concurrentielles et du comptage des votes dans d’autres courses.

Par le passé, le marché boursier américain s’est bien comporté lors des rafles républicaines, prenant en moyenne 12,9 %, comme le montre le graphique.

Rendements annuels moyens de l’indice S&P 500 depuis 1953 selon le contrôle des partis
 Rendements annuels moyens de l’indice S&P 500 depuis 1953 selon le contrôle des partis

Graphique à colonnes montrant les rendements annuels historiques de l’indice S&P 500 selon divers scénarios de contrôle par les partis du gouvernement fédéral. L’indice S&P 500 a progressé de 12,9 % en moyenne durant les vagues républicaines (lorsque le parti contrôlait la présidence et les deux chambres du Congrès). Il a progressé de 7,3 % lorsque les républicains ont contrôlé la présidence et que le contrôle du Congrès était divisé entre les républicains et les démocrates. Il a également avancé de 4,9 % lorsque les républicains ont contrôlé la présidence et que les démocrates ont contrôlé les deux chambres du Congrès. Il a progressé de 8,0 % durant les vagues démocrates. Il a grimpé de 15,7 % lorsque les démocrates ont contrôlé la présidence et que le contrôle du Congrès était divisé entre les républicains et les démocrates. Il a grimpé de 16,3 % lorsque les démocrates contrôlaient la présidence et que les républicains contrôlaient les deux chambres du Congrès.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg; données jusqu’au 31 décembre 2023; données fondées sur le rendement des cours (sans les dividendes)

Le marché surveille de près le programme axé sur la croissance

De notre point de vue, les intervenants du marché semblent optimistes à l’égard de trois facteurs importants :

Les taux d’imposition des particuliers pourraient rester bas et certaines dispositions pourraient être allégées davantage. Si les républicains prennent le contrôle de la Chambre, nous pensons que le Congrès adopterait, et que M. Trump signerait, un nouveau programme fiscal qui prolongerait en grande partie ou totalement les dispositions sur les faibles taux d’imposition qui sont entrées en vigueur pendant son premier mandat. Cela aurait une incidence sur les taux d’imposition des particuliers et l’impôt sur les successions, les dons, les gains en capital et le revenu de dividende, entre autres. Les autres propositions que M. Trump a faites en campagne, soit d’éliminer l’impôt sur les pourboires et l’impôt sur les prestations de retraite de la sécurité sociale, pourraient être ajoutées à toute nouvelle législation fiscale qui prolongerait les dispositions actuelles relatives aux faibles taux d’impôt. (Pour en savoir plus sur les propositions fiscales de M. Trump et le processus de législation fiscale, se reporter aux pages 2 à 5 du présent rapport.)

Le taux d’imposition des sociétés devrait au plus rester au bas taux de 21 %, et certains fabricants américains pourraient voir leur taux d’imposition passer à 15 %. De plus, d’autres incitatifs fiscaux favorables aux entreprises pourraient être intégrés au code fiscal si la rafle républicaine se concrétise.

L’objectif de M. Trump de procéder de façon vigoureuse à des déréglementations est vu d’un bon œil, pour l’instant. À cet égard, nous pensons que l’enthousiasme du marché est peut-être trop grand. Comme on dit dans le grand État du Missouri : « prouvez-le ».

M. Trump a cherché à opérer des déréglementations pendant son premier mandat et il a réussi dans certains domaines, en particulier dans le secteur de l’énergie. Cela dit, le nombre de nouveaux règlements pendant la présidence de M. Trump était initialement plus bas que pendant les trois premières années des gouvernements Biden, Obama et Clinton, et même légèrement inférieur à celui de l’administration George W. Bush. Mais pendant la quatrième année du mandat de M. Trump, le nombre de règlements a bondi, peut-être en partie en raison de la pandémie. Au total, son administration a fini par mettre en œuvre de nouveaux règlements plus importants sur le plan économique que ce qu’Obama a fait au cours de son premier mandat (se reporter au graphique à la page 9 du présent rapport).

Même si M. Trump veut sincèrement réduire la paperasse et la réglementation de façon draconienne au cours de son deuxième mandat – tout comme ses principaux conseillers et de nombreux républicains à la Chambre des représentants et au Sénat –, nous pensons qu’il y aura des obstacles :

  • L’établissement des règlements des organismes fédéraux peut être laborieux et fastidieux, et la déréglementation exige souvent l’adoption de nouveaux règlements;
  • Les employés d’organismes fédéraux de carrière, qui sont historiquement plus alignés sur le Parti démocrate, pourraient ralentir le processus ou lui mettre des bâtons dans les roues;
  • Des poursuites remettront probablement en question certaines dispositions de déréglementation et pourraient provenir de divers groupes d’intérêts bien financés, y compris ceux liés au Parti démocrate et à des organisations progressistes;
  • Les décisions des Cours fédérales pourraient freiner ou interrompre certains efforts de déréglementation;
  • Selon nous, la décision de la Cour suprême dans l’affaire Chevron fait pencher la balance en faveur du pouvoir judiciaire, en particulier en ce qui a trait à l’interprétation des lois ambiguës.

Les préoccupations à l’égard des tarifs douaniers couvent

Pour l’instant, le marché boursier américain semble faire fi des risques économiques associés aux propositions de M. Trump d’imposer des droits de douane.

Les intervenants du marché veulent peut-être d’abord évaluer si les droits de douane réels pourraient être aussi forts que ce qui a été initialement proposé pendant la campagne, soit des droits de 10 % sur toutes les importations de biens, y compris celles des pays alliés, et des droits de douane de 60 % sur les importations chinoises.

Nous avons tendance à penser que les tarifs douaniers et les autres barrières commerciales sont des solutions néfastes pour toutes les parties. Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs soutient que si les tarifs douaniers nuisent indéniablement au pays à l’encontre duquel ils ont été imposés, ils nuisent habituellement aussi au pays qui les impose.

Malgré tout, M. Lascelles prévoit que le ralentissement de la croissance économique et son incidence sur l’inflation qui en découleraient pourraient être gérables pour l’économie américaine dans les deux scénarios, celui des droits initiaux et celui des droits partiels.

Dans le scénario des droits de douane initiaux (10 % sur tous les biens et 60 % sur les biens chinois), il estime qu’après deux ans, le PIB des États-Unis serait inférieur de 1,5 % à ce qu’il aurait été autrement, et l’inflation serait supérieure de 0,8 %.

Dans le scénario des droits de douane partiels, il estime que le PIB des États-Unis serait inférieur de 0,2 % et que l’inflation serait supérieure de 0,2 % après deux ans de mise en œuvre.

Conséquences économiques d’éventuels droits de douane
Écart entre le PIB et l’inflation des consommateurs par rapport à la tendance normale après deux ans de mise en œuvre des propositions initiales de M. Trump de droits de douane mondiaux de 10 % et de 60 % pour la Chine
Pays PIB réel Hausse des prix à la consommation
Tarifs initiaux Tarifs partiels Tarifs initiaux Tarifs partiels
États-Unis -1,5 % -0,2 % 0,8 % 0,2 %
Chine -1,6 % -0,3 % 0,0 % -0,1 %
Canada -2,5 % -0,3 % 0,8 % -0,1 %
Mexique -2,3 % -0,3 % -0,4 % -0,1 %
Zone euro -1,0 % -0,2 % -0,4 % 0,0 %
R.-U. -0,7 % -0,1 % -0,4 % 0,0 %
Japon -0,7 % -0,1 % -0,6 % -0,1 %
Inde -0,3 % 0,0 % -0,9 % -0,2 %
Corée du Sud -1,6 % -0,2 % -0,7 % -0,2 %
Monde -1,1 % -0,2 % -0,3 % -0,1 %

Source : Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs Inc.; données jusqu’au 5 août 2024

Dans cette vidéo, M. Lascelles explique pourquoi il ne pense pas que les pires scénarios de tarifs douaniers se réaliseront et comment les autres mesures favorables à la croissance que M. Trump propose pourraient compenser l’effet négatif des tarifs douaniers sur le PIB. Cependant, les tarifs pourraient avoir une incidence pour la Fed en raison de leurs impulsions inflationnistes, ce qu’aborde aussi M. Lascelles dans la vidéo.

Au minimum, nous pensons que la politique tarifaire pourrait générer de la volatilité sur les marchés boursiers américains et les autres marchés boursiers au cours des prochains mois.

Faire entrer en ligne de compte les bénéficiaires sectoriels dans la répartition du portefeuille

Au cours de la journée qui a suivi l’élection, quatre secteurs de l’indice S&P 500 ont inscrit des rendements supérieurs : la finance, les produits industriels, la consommation discrétionnaire et l’énergie. Les actions à petite capitalisation se sont également fortement redressées. Nous pensons qu’il s’agit, pour le moment, de la marque de la présidence Trump et de la rafle républicaine.

Les investisseurs à long terme devraient-ils modifier leurs portefeuilles en profondeur pour les orienter davantage vers ces segments du marché?

Même si ces secteurs peuvent avoir un rendement supérieur à court terme, nous pensons qu’il est important de garder à l’esprit qu’au cours d’un mandat présidentiel de quatre ans, les choses ne se déroulent pas toujours selon les préférences politiques du président.

Le simple fait qu’un président ait tendance à favoriser (ou à défavoriser) certaines industries ne se reflétera pas nécessairement dans le rendement des marchés. Par exemple : Le secteur de l’énergie s’est bien comporté peu après l’élection de Trump en 2016 et a connu d’autres poussées de rendement supérieur au cours de sa présidence. Toutefois, vers la fin de 2018, le secteur a commencé à éprouver des difficultés et, pendant l’ensemble de son mandat de quatre ans, il a inscrit un rendement inférieur à celui de l’indice S&P 500 pour diverses raisons. Il existe d’autres exemples associés à l’administration Biden.

En ce qui concerne les produits industriels, Lori Calvasina, chef, Stratégie sur actions américaines de RBC Capital Markets, LLC, souligne que le secteur est actuellement cher du point de vue des valorisations, selon elle, et qu’il a inscrit un rendement inférieur lorsque Trump a imposé des droits de douane à la Chine en 2018.

En ce qui concerne les actions à petite capitalisation, Mme Calvasina estime que leurs valorisations semblent un peu exagérées à ce stade-ci et fait remarquer que les fluctuations qui ont suivi les deux dernières élections ont été de courte durée. Nous pensons que l’orientation des taux d’intérêt, de l’inflation et de la politique de la Fed sera être beaucoup plus déterminante pour le rendement des sociétés à petite capitalisation au cours des prochains mois et des prochaines années.

Au bout du compte, d’autres facteurs ont tendance à dicter davantage le rendement des actions que l’identité de la personne qui siège au bureau ovale et le parti politique qui contrôle le Congrès. Les orientations sectorielles des portefeuilles doivent être évaluées en fonction d’un éventail de facteurs, et non uniquement de la politique.

En outre, les portefeuilles d’actions bien équilibrés devraient déjà être exposés à ces segments du marché.

Les élections vont et viennent : ne vous éloignez pas des plans de placement à long terme

Il ne fait aucun doute dans notre esprit que les participants aux marchés porteront plus d’attention à Washington qu’ils ne l’ont fait durant le mandat de Biden, car nous nous attendons à ce que les politiques de Trump soient accompagnées d’une rhétorique incendiaire et que ses actions soient plus draconiennes. Nous nous attendons à ce que les marchés soient parfois volatils.

En ce qui concerne les investisseurs à long terme, nous pensons que la stratégie de placement la plus prudente suite à l’élection est :

  • de respecter la stratégie de placement à long terme que vous avez déjà mise en place; et
  • de ne pas succomber à la tentation d’apporter des changements radicaux de catégorie d’actif ou de secteur en fonction du résultat de l’élection.

Si vous êtes enthousiaste à l’idée que Trump reprenne les rênes de la Maison-Blanche, ne mettez pas la charrue avant les bœufs.

Si vous êtes préoccupé par une autre présidence de Trump, ne laissez pas les émotions nuire à de bonnes décisions de placement. Les marchés ont progressé sous les présidents républicains comme démocrates.

En fin de compte, au cours des quatre prochaines années, nous croyons que le marché boursier américain sera davantage touché par les fluctuations naturelles du cycle économique, la politique de la Fed et l’innovation. Washington peut avoir une influence positive ou négative sur le cycle économique, mais elle ne le contrôle pas.

Pour une analyse postélectorale plus en profondeur, regardez cette vidéo d’Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs.


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