Les gouvernements, les investisseurs, les sociétés et autres parties prenantes accordent de plus en plus d’attention à la crise croissante de la perte de nature et de biodiversité, puisqu’elle pose des risques importants pour les sociétés, les économies et le bien-être des générations actuelles et futures.
La pandémie de COVID-19 a démontré clairement les risques que pose une mauvaise gestion du capital naturel par l’être humain. Le virus SRAS-CoV-2 était sans doute d’origine naturelle et il a démontré à quel point les risques peuvent être considérables et perturbateurs.
Une biodiversité florissante est essentielle aux solutions à la crise climatique et elle offre des possibilités économiques non négligeables. L’Organisation des Nations Unies (ONU) considère la biodiversité comme la défense naturelle la plus puissante contre les changements climatiques1 . Les transitions et projets positifs pour la nature peuvent générer une valeur commerciale annuelle pouvant aller jusqu’à 10,1 billions de dollars américains et créer 395 millions d’emplois d’ici 2030, selon les estimations du Forum économique mondial2 .
En tant que société, il est clair que nous ne pouvons pas résoudre la crise climatique sans nous attaquer à la crise de la nature. Il est donc de plus en plus essentiel de comprendre l’importance financière de la nature et de la biodiversité dans le secteur des placements.
Pourquoi la biodiversité est-elle importante ?
La biodiversité se définit comme étant la variété de toutes les espèces vivantes sur Terre. Elle contribue au maintien d’écosystèmes sains et vitaux, notamment en fournissant de la nourriture et de l’eau propre ainsi qu’en remplissant des fonctions invisibles nécessaires à la vie telles que la protection contre les inondations, le cycle des nutriments, la filtration de l’eau et la pollinisation. Elle est indispensable à la préservation d’un capital naturel de grande qualité. À titre d’exemple, on estime qu’un seul chêne peut assurer la subsistance de 2 300 espèces différentes d’insectes, de champignons, de plantes et d’oiseaux3.
Qu’est-ce que le « capital naturel » ?
Le capital naturel correspond au stock mondial d’actifs naturels, ce qui comprend la géologie, le sol, l’air, l’eau et tous les êtres vivants. Les êtres humains tirent une vaste gamme de services de ce capital naturel, comme de la nourriture, de l’eau et des matières végétales servant à la production de carburants, de matériaux de construction et de médicaments.
Les répercussions financières de la biodiversité
Les investisseurs reconnaissent la perte de nature et de biodiversité comme un risque systémique pour la société, les affaires et l’économie. Selon le Forum économique mondial, plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit environ 44 billions de dollars américains, dépend modérément ou fortement de la nature et de ses services4.
L’importance cruciale de plus de 20 000 espèces pollinisatrices pour la production alimentaire mondiale illustre bien cette dépendance. En effet, nous sommes en partie tributaires de ces pollinisateurs pour plus de 75 % des types de cultures alimentaires à l’échelle planétaire et environ 35 % de la production alimentaire mondiale5 . Pourtant, le principal facteur de perte de biodiversité demeure notre utilisation des sols, surtout pour la production alimentaire6.
Notre relation avec la nature repose sur un équilibre délicat, et les entreprises qui ont une incidence directe sur la nature ou qui en dépendent sont généralement les plus exposées aux risques liés à la nature. Ces risques peuvent perturber les activités ou les chaînes de valeur des entreprises, ce qui peut avoir des répercussions sur leur profil risque-rendement en tant qu’actifs investissables et nuire à leur survie à long terme7.
Le secteur agricole illustre bien de quelle manière une forte dépendance envers la nature – et le fait d’avoir une influence sur celle-ci – peut avoir un effet sur le rendement financier d’une entreprise.
La diminution des précipitations et la vulnérabilité accrue aux parasites constituent des risques physiques pouvant miner le rendement des cultures et réduire la valeur d’une terre. L’augmentation des coûts liés à l’adoption d’autres méthodes agricoles et de nouvelles cultures résistantes à la sécheresse et aux maladies met en évidence le risque que comporte la transition. En outre, les amendes ou dommages pouvant découler de l’effet du ruissellement des engrais sur la qualité des eaux souterraines peuvent exposer une entreprise à un risque de responsabilité.
La prochaine frontière du développement durable
Pour restreindre les risques liés à la nature, il faut investir de manière considérable dans des solutions visant à contrer la perte de nature et de biodiversité. Le manque de financement est cependant colossal. Comme l’indique le rapport State of Finance for Nature de l’ONU, il faut combler un financement de 4,1 billions de dollars américains d’ici 2050 pour limiter le réchauffement de la planète, mettre fin à la perte de biodiversité et favoriser l’atteinte de la neutralité en termes de dégradation des terres7.
Le secteur privé doit en faire davantage. Pour l’instant, seulement 17 % des investissements dans les solutions fondées sur la nature à l’échelle mondiale, soit 26 milliards de dollars américains par an, proviennent de l’industrie privée8. On observe cependant des signes de progrès. Bien que seulement 10 % des institutions financières mesurent actuellement l’incidence de leur portefeuille sur les forêts et l’eau, 30 % prévoient le faire d’ici deux ans9.
Les solutions tirant parti de la nature, comme le reboisement, l’agriculture régénératrice et la restauration des zones humides, figurent parmi les outils les plus rentables et efficaces dans la lutte contre les changements climatiques. De même, les produits et services atténuant les pressions exercées sur l’utilisation des terres et de la mer, réduisant la demande de ressources naturelles et diminuant la pollution sont tous essentiels au maintien de notre réserve de capital naturel.
L’évaluation des répercussions possibles de la perte de nature sur les rendements attendus des portefeuilles deviendra plus importante pour les investisseurs. En soutenant les entreprises qui mettent en œuvre des politiques et pratiques rigoureuses de gestion de la biodiversité et en privilégiant les produits qui favorisent la conservation et l’utilisation durable des terres, les investisseurs peuvent protéger le capital naturel, contribuer au développement durable et peut-être atténuer le risque financier.
- Organisation des Nations Unies. Pourquoi la biodiversité est importante. Adresse Web : https://www.un.org/fr/climatechange/science/climate-issues/biodiversity.
- Forum économique mondial. New Nature Economy Report II: The Future of Nature and Business, 14 juillet 2020. Adresse Web : www.weforum.org/publications/newnature-economy-report-ii-the-future-of-nature-and-business/.
- Alice Broome, et coll. Ecological implications of oak decline in Great Britain, Forest Research, mai 2021. Adresse Web : https://cdn.forestresearch.gov.uk/2021/05/ frrn040.pdf.
- Forum économique mondial. Nature Risk Rising: Why the Crisis Engulfing Nature Matters for Business and the Economy, janvier 2020, www3.weforum.org/docs/WEF_ New_Nature_Economy_Report_2020.pdf.
- M. A Aizen, et coll. « Global agricultural productivity is threatened by increasing pollinator dependence without a parallel increase in crop diversification », Global Change Biology, vol. 25, no 10, 2019, pages 3516 à 3527.
- Organisation des Nations Unies. Pourquoi la biodiversité est importante. Adresse Web : https://www.un.org/fr/climatechange/science/climate-issues/biodiversity.
- Réseau pour le verdissement du système financier. NGFS acknowledges that nature-related risks could have significant macroeconomic and financial implications, 24 mars 2022. Communiqué de presse. Adresse Web :www.ngfs.net/en/communique-de-presse/ngfs-acknowledges-nature-related-risks-could-have-significantmacroeconomic-and-financial.
- Programme des Nations Unies pour l’environnement. State of Finance for Nature, 20 juin 2023. Adresse Web : www.unep.org/resources/report/state-finance-nature.
- CDP. Financial Institutions Failing To Integrate Nature And Climate: New Report Warns Inaction On Nature Impedes Net-Zero Ambitions, 17 août 2023. Adresse Web : https://www.cdp.net/fr/articles/media/financial-institutions-failing-to-integrate-nature-and-climate-new-report-warns-inaction-on-nature-impedes-net-zero-ambitions.
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