Les investisseurs s’interrogent de plus en plus sur l’éventail de scénarios atypiques entourant l’élection présidentielle aux États-Unis. Ils s’inquiètent surtout de leur incidence potentielle sur le marché boursier.
Voici les questions les plus courantes : Que se passera-t-il en cas de contestation des résultats ou si le vainqueur n’est pas connu le jour du scrutin?
Votes par correspondance
Compte tenu des restrictions relatives à la COVID-19 et des préoccupations sanitaires, on prévoit une augmentation des votes par correspondance susceptible de retarder le dépouillement. Certains États et tribunaux ont établi de nouvelles règles à cet égard qui repousseraient l’annonce des résultats officiels.
Par exemple, au Wisconsin et en Caroline du Nord, considérés comme des États pivots par les analystes politiques, les bulletins de vote par correspondance seront acceptés jusqu’à six et neuf jours, respectivement, après le jour de l’élection, le 3 novembre, pourvu qu’ils aient été oblitérés au plus tard à cette date.
Si la course est serrée et que le nombre de voix l’est tout autant dans ces États le soir de l’élection, les retards pourraient générer une certaine incertitude sur le marché. Nous croyons toutefois que le marché est largement préparé à cette éventualité, car elle est connue d’avance.
Retour en 2000
Qu’arrivera-t-il si les résultats sont contestés? Il s’agit d’un tout autre problème. Il faudrait que la course soit suffisamment serrée dans au moins un État pour entraîner automatiquement un dépouillement judiciaire. (Chaque État a ses propres règles et procédures pour les dépouillements judiciaires.) D’autres problèmes pourraient également entraîner une contestation, notamment en cas de litige, par exemple, si des preuves d’irrégularités ont une incidence sur les votes du Collège électoral.
Une chose est certaine : si l’élection est contestée, il faut s’attendre à d’innombrables poursuites devant les tribunaux, ainsi qu’à une frénésie des médias et des réseaux sociaux.
Il n’y a qu’un exemple contemporain de contestation. C’était lors de l’élection présidentielle de 2000 ; George W. Bush et Al Gore avaient obtenu un nombre de voix similaire en Floride, un État pivot prépondérant dans le Collège électoral.
Ces résultats ont automatiquement déclenché un dépouillement judiciaire à l’échelle de l’État. À un moment donné, l’avance de M. Bush avait été réduite à seulement 327 voix. Au fil des jours, les équipes Bush et Gore se sont affrontées devant les tribunaux de l’État ainsi qu’au niveau fédéral, avec de multiples poursuites et appels, afin de déterminer s’il fallait recompter manuellement les bulletins de vote (vous souvenez-vous des « confettis à un coin »?).
Rendement de l’indice S&P 500 durant la période du dépouillement judiciaire en Floride pour départager MM. Bush et Gore en 2000*
L’indice S&P 500 a chuté de près de 12 % de la clôture le jour de l’élection au creux atteint le 20 décembre. À partir du sommet du 1er septembre, les actions ont dégringolé de 17 % jusqu’au creux du 20 décembre.
* Rendement du S&P 500 en 2000 indexé au cours de clôture la veille du jour de l’élection (100 = 6/11/00). Le rendement passé ne garantit pas les résultatsfuturs. Sources : RBC Gestion de patrimoine, Stratégie sur actions américaines, RBC Marchés des Capitaux, FactSet, Stanford Law School, Associated Press, The New York Times, Pittsburgh Post Gazette
Deux dossiers ont fini par se rendre devant la Cour suprême des États-Unis, qui a finalement donné raison à l’équipe Bush. Le jugement décisif, à cinq voix contre quatre, a mis fin au recomptage manuel. Les 25 votes du Collège électoral de l’État ont été attribués à M. Bush, ce qui a fait de lui le 43e président.
L’indice S&P 500 a chuté de 12 pourcent du jour de l’élection, le 7 novembre, au creux atteint le 20 décembre, soit une semaine après que M. Gore a concédé la victoire.
Notez que le marché n’anticipait pas du tout un tel mélodrame, que ce soit les multiples batailles judiciaires ou l’intervention de la Cour suprême. Ces événements sans précédent ont pris tout le monde par surprise. Du coup, les principaux indices boursiers ont eu de la difficulté à encaisser le choc.
Cette fois, divers scénarios atypiques sont débattus ouvertement, y compris par les hauts responsables des deux partis, le président Trump, la présidente de la Chambre des représentants, ainsi que par d’autres élus et de nombreux stratèges et analystes. Pour les électeurs, de tels scénarios sont au mieux déconcertants. Cependant, pour ce qui est des placements, ces scénarios sont bien connus. Le marché sait bien que l’élection ne se déroulera peut-être pas comme d’habitude. À notre avis, cette prise de conscience et l’expérience de 2000 font en sorte que cette fois-ci, le marché est prêt.
Rappelons également que le différend entre M. Bush et M. Gore est un cas unique. Un événement historique ne crée pas de tendance pour le marché.
De plus, les données fondamentales des actions, l’économie et les politiques monétaire et budgétaire actuelles diffèrent de celles de cette époque. Ainsi, durant la saga du dépouillement judiciaire, la bulle des titres technologiques largement surévalués commençait à éclater, un événement qui a été, en rétrospective, d’une importance historique pour le marché. D’après nous et comme nous l’avons écrit précédemment, il n’y a pas aujourd’hui de bulle technologique.
Respectez votre plan
Les investisseurs devraient savoir que la contestation des résultats du vote en 2000 a engendré une liquidation du marché et que les élections actuelles posent des risques de volatilité et de baisse à court terme. Cependant, nous ne recommandons pas d’ajuster la pondération à long terme des actions en fonction de ces risques, particulièrement parce que la situation sera probablement de courte durée.
Si des événements inhabituels se produisent après le jour de l’élection, et même s’il y a de multiples poursuites, les choses suivront leur cours. Les sociétés importantes dont les titres sont négociés sur les bourses américaines y seront toujours lorsque tout aura été démêlé et que la situation sera réglée. Les grandes entreprises, et surtout le pays, ont beaucoup trop à perdre pour que nous pensions différemment.
À notre avis, peu importe qui sera élu président et quel parti aura la majorité à la Chambre et au Sénat, et surtout, peu importe les démêlés qui suivront le scrutin, les États-Unis devraient connaître au minimum une croissance modérée de l’économie et des bénéfices et, par conséquent, les actions devraient s’apprécier au cours des 12 prochains mois.
Ressources pour les recherches
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