Point clé : les Canadiennes ont opéré une transition vers des emplois mieux rémunérés à l’issue de la pandémie

08 mars 2023 | Carrie Freestone


Partager

Compte tenu de la proportion de femmes qui occupaient ce type d’emplois avant la pandémie, c’est beaucoup plus que ce à quoi nous nous attendions.

  • Après la pandémie, le remaniement du marché du travail canadien a fait en sorte que près de 200 000 femmes sont passées à des emplois où elles ont moins de contacts avec le public et souvent des salaires beaucoup plus élevés.
  • Compte tenu de la proportion de femmes qui occupaient ce type d’emplois avant la pandémie, c’est beaucoup plus que ce à quoi nous nous attendions.
  • Pour les femmes, cette transition a ajouté 9 milliards de dollars au revenu salarial des ménages et représenté 15 % de l’augmentation totale de leurs revenus pendant la période de reprise qui a suivi la pandémie.
  • Pourtant, les gains salariaux des femmes ont tout de même été inférieurs à ceux des hommes qui ont effectué une transition semblable. Cela est probablement attribuable au fait que les hommes sont plus nombreux à être passés à des postes de haute direction.
  • Conclusion : La transition de la main-d’œuvre vers des emplois qui demandent moins de contacts avec le public, plus de qualifications et sont mieux rémunérés est en majeure partie attribuable aux Canadiennes. Bien que cette transition ait amélioré leurs revenus, un écart salarial subsistera jusqu’à ce que la représentation entre les sexes soit égale en ce qui a trait aux postes de haute direction.

Pendant la crise, les femmes étaient trois fois plus susceptibles de quitter un emploi demandant beaucoup de contacts avec le public

Les femmes ne se sont pas contentées de retourner sur le marché du travail après les périodes de confinement liées à la pandémie. Bon nombre d’entre elles ont changé la nature de leur travail, passant à des rôles mieux rémunérés et plus productifs.

En janvier, la participation des femmes au marché du travail a atteint un sommet record de 85,6 %. Il s’agit d’un retournement spectaculaire par rapport au début de la crise, alors que cette proportion avait chuté à son plus bas niveau en plus de 30 ans. Grâce à un plus grand nombre d’aménagements de travail flexibles et à des services de garde abordables, ce rebond a aussi permis à bon nombre de femmes de prendre des mesures pour faire progresser leur carrière ou la remodeler. C’est particulièrement vrai pour celles qui travaillent dans des secteurs où les contacts avec le public sont nombreux, comme les services d’hébergement, qui ont été lourdement touchés par la crise. Ces entreprises, qui ont été nombreuses à devoir fermer temporairement en raison des mesures de santé publique, ont connu un exode d’environ 178 000 employés.

La plupart de ceux-ci étaient des femmes. Avant la pandémie, celles-ci occupaient environ 55 % des emplois dans ces secteurs, mais elles constituent 80 % de la main-d’œuvre qui les a quittés. Au total, près de 140 000 femmes ont maintenant quitté ce type d’emplois.

Ces emplois ont fait augmenter le revenu des femmes, mais les gains salariaux des hommes ont été plus élevés

Pendant la même période, plus de la moitié des gens qui ont commencé à travailler dans des industries où les contacts avec le public sont peu nombreux (notamment les services professionnels, scientifiques et techniques et les finances, l’assurance et l’immobilier) étaient des femmes. Plus des trois quarts des femmes qui ont effectué une transition vers ces secteurs avaient au moins un diplôme d’études postsecondaires.

Les femmes qui ont fait cette transition ont été récompensées par une amélioration de leur revenu. Sur les 21 milliards de dollars de revenus supplémentaires générés par la transition vers des secteurs où les salaires sont supérieurs pendant la pandémie, 9 milliards de dollars (soit 43 %) ont été touchés par des femmes. Cela représente 15 % de l’augmentation totale du revenu des femmes pendant la reprise qui a suivi la pandémie.

Pourtant, les gains salariaux des hommes ont été beaucoup plus élevés. Même les femmes ont occupé 60 % des postes créés dans les secteurs de la finance, de l’assurance et de l’immobilier au cours de la pandémie, ces emplois ont représenté moins de la moitié (46 %) des augmentations salariales attribuables aux transitions vers ces secteurs. En fait, les femmes (diplômées) des secteurs de la finance, de l’assurance, de l’immobilier et de la location touchent environ 85 % de ce que gagnent les hommes. De plus, dans ces secteurs, l’écart salarial est plus prononcé chez les employés ayant le plus fort niveau de scolarité.

Les femmes ont moins de chances de devenir cadres supérieures

Quelle pourrait en être la cause ? Elle est probablement attribuable à la nature des postes occupés par les femmes. En moyenne, tous secteurs confondus, même s’il y a autant de femmes que d’hommes sur le marché du travail, plus des deux tiers des postes de haute direction sont occupés par des hommes. Chez les parents, les résultats des femmes sur le marché du travail sont encore plus mauvais. Les pères ayant de jeunes enfants ont beaucoup plus de chances d’être cadres supérieurs et occupent 10 % de ces postes, tandis que les mères en occupent moins de 3 %.

Les services de garde abordables peuvent stimuler la participation des femmes à la population active, mais il est également essentiel de veiller à ce qu’elles soient bien représentées au sein des postes de haute direction.


Carrie Freestone est économiste à RBC. Elle produit des analyses sur le marché du travail et est membre du groupe d’Analyse régionale, où elle contribue à l’établissement des perspectives macroéconomiques de la province.

Naomi Powell, directrice de la rédaction, Services économiques et leadership avisé RBC, dirige la publication de Point clé.


Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.