D’où vient la volatilité observée sur le marché boursier américain ?

19 juin 2020 | Frédérique Carrier


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Nous examinons les effets de la volatilité récente sur les marchés boursiers, et veillons à gérer le risque d’investissement dans ce contexte.

D’où vient la volatilité observée sur le marché boursier américain ?

La volatilité, comme des montagnes russes

Au cours des trois derniers mois, les marchés ont eu de la difficulté à concilier la baisse de l’activité économique – la plus forte jamais enregistrée d’un trimestre à l’autre – et l’annonce des mesures de relance économique les plus importantes de l’histoire. Ils ont aussi eu du mal à interpréter les données à court terme pour en dégager des tendances à long terme. Il en résulte une grande volatilité, et nous croyons qu’elle n’est sans doute pas terminée.

L’indice S&P 500 a reculé de plus de 6 % durant la deuxième semaine de juin et connu sa pire semaine depuis mars. De nombreux observateurs ont reproché à Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), d’avoir laissé entendre que la reprise économique serait lente et ainsi refroidi l’enthousiasme suscité par une reprise en V. Ils ont aussi fait remarquer que le nombre de nouvelles demandes de prestations de chômage hebdomadaires avait atteint 1,5 million, un niveau désespérément élevé étant donné le redémarrage de l’économie américaine il y a un mois. La réapparition de la COVID‑19 dans quelques États américains importants n’a guère détendu l’atmosphère.

Le S&P 500, comme des montagnes russes

  1. Explosion des taux d’infection de la COVID-19, imposition de mesures de confinement, arrêt de l’économie
  2. Injection de liquidités dans les marchés par les banques centrales
  3. Prudence du président de la Fed quant à la reprise, hausse du nombre d’infections, nombre de nouvelles demandes de prestations de chômage toujours élevé

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg ; données prises en compte jusqu’au 17 juin 2020

Étant donné ces facteurs, on pourrait pardonner à quiconque l’étonnement suscité par la reprise vigoureuse observée quelques jours plus tard. Les observateurs du marché ont avancé quatre explications. Premièrement, les banques centrales ont revigoré les marchés en déclarant qu’elles offriraient de l’aide. La Fed a annoncé le lancement de son programme d’achat d’obligations de sociétés, s’écartant ainsi de l’acquisition de fonds négociés en bourse ciblant les obligations de catégorie investissement pour commencer à créer un portefeuille d’obligations individuelles. Elle a fait cette annonce quelques heures seulement après que la Banque du Japon a signalé son intention de hausser le soutien monétaire destiné à l’économie de son pays.

Deuxièmement, un article de Bloomberg a indiqué que l’administration Trump envisageait l’introduction d’un programme de dépenses d’infrastructure de 1 billion de dollars.

Troisièmement, les ventes de détail ont bondi de près de 18 % d’un mois sur l’autre aux États‑Unis du fait de la reprise des activités économiques et des paiements versés directement aux particuliers par le gouvernement fédéral pour aider à stabiliser les revenus des ménages. Il s’agit de la plus grande hausse jamais enregistrée et elle représente plus du double des prévisions générales, laissant ainsi croire à la possibilité d’une reprise rapide. Beaucoup de gens en ont déduit que le remède budgétaire fonctionne.

Ce sont toutefois des scientifiques britanniques annonçant une percée dans la recherche sur les traitements contre la COVID‑19 qui ont suscité le plus d’optimisme. Lors d’un essai mené à l’Université d’Oxford, des scientifiques ont découvert que la dexaméthasone, un stéroïde générique peu coûteux et largement disponible, avait contribué à sauver des patients souffrant d’une grave infection au coronavirus. Ces scientifiques ont en effet constaté que la dexaméthasone avait empêché le décès d’une personne sous ventilation mécanique sur huit et d’une personne ayant un apport d’oxygène sur 25. Le médicament n’a toutefois aidé aucun patient n’exigeant pas de ventilateur ou d’oxygène.

Tous ces éléments suscitent à raison de l’optimisme, mais, selon nous, une réaction plus modérée aurait été justifiée. L’ambitieux programme américain d’infrastructures s’avérerait positif pour la modernisation de l’infrastructure vieillissante du pays, mais il est peu probable, à notre avis, que le Congrès adopte un tel projet de loi avant les élections. Le rebond des ventes de détail est remarquable, mais elles sont toujours à 6 % en deçà du niveau de l’année précédente. La découverte d’un stéroïde abordable et largement accessible pour améliorer les cas graves d’infection à la COVID‑19 n’est pas une panacée pour ceux qui craignent les symptômes débilitants que peut engendrer la maladie. Beaucoup de gens peuvent estimer que seul un vaccin largement disponible peut entraîner l’élimination des mesures de distanciation sociale, garantir un retour rapide à la normale et offrir le meilleur espoir d’une reprise économique à plein régime.

La reprise boursière est‑elle stimulée par les banques centrales?

Même les réactions aux annonces de la Fed et de la Banque du Japon ont été plutôt surprenantes, puisque la stratégie de ces deux banques centrales était fortement prévisible. À notre avis, les investisseurs peuvent se réjouir du volume considérable de liquidités injectées dans le système.

Selon Bloomberg, le bilan des quatre grandes banques que sont la Fed, la Banque centrale européenne, la Banque du Japon et la Banque d’Angleterre, est passé de 14,8 billions de dollars américains à la fin de mars à 20 billions de dollars américains à la fin de mai. Ce n’est pas tout. Une injection si percutante de liquidités a fait baisser les taux et stimulé les actifs risqués comme les actions.

Une intervention si vigoureuse des banques centrales semble indiquer qu’elles sont préoccupées par les perspectives d’avenir. Pourquoi interviendraient‑elles si ce n’est en raison des craintes suscitées par l’endettement des entreprises ainsi que la possibilité d’une lente reprise durant laquelle bien des petites entreprises feraient sans doute faillite et le chômage stagnerait?

Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs Inc., s’attend à ce que l’économie revienne à son sommet précédent à la toute fin de 2021 et atteigne son plein potentiel au second semestre de 2022. M. Lascelles fait remarquer que, « selon les prévisions actualisées de la Fed, cela pourrait tout aussi bien se produire à une date ultérieure, voire plusieurs années plus tard ».

Gérer le risque d’investissement dans un contexte de volatilité

Les injections de liquidités des banques centrales stimulent les actifs risqués, mais il existe toujours un risque de rendements plus faibles ou de recul par rapport au niveau actuel à notre avis, à moins que l’économie rattrape les marchés et qu'elle continue sa progression à un rythme soutenu. De nombreux indicateurs économiques incitent à la prudence pour le moment. La volatilité demeurera probablement très élevée, alors que les investisseurs analysent les données à court terme et tentent d’en tirer des prévisions à long terme.

Nous maintenons donc nos placements en actions, mais nous devons être prudents, c’est‑à‑dire opter pour une sous‑pondération modeste par rapport à l’indice de référence. Nous préférons répartir le risque dans des secteurs profitant directement des largesses des banques centrales, comme les titres de créance de société et les obligations de société à rendement élevé en particulier.


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