Dans un premier temps, j’aimerais rappeler à tous mes lecteurs que personne — ni moi ni aucune autre personne — ne sait quels sont ou seront les impacts d’une guerre tarifaire. Contempler et scruter l’actualité, disséquer les nouvelles, ne sont donc pas des moyens de s’assurer d’un rendement adéquat.
C’est surtout une façon de se créer de l’anxiété et d’augmenter son rythme cardiaque. Évidemment, tout le monde a une opinion — du beau-frère à Paul Arcand. Il faut simplement se rappeler qu’il s’agit d’opinions, et non de science infuse.
« Ne jetez pas de pierres à vos voisins, surtout si vos vitres sont faites de verre. »
— Benjamin Franklin, 1776
D’un point de vue économique, l’exceptionnalisme américain que portent les États-Unis depuis plus de 80 ans est né de l’ouverture commerciale d’après-guerre. C’est le GATT[1], en 1948, qui a permis de réduire massivement les barrières au commerce international. C’est cette grande ouverture qui a permis aux États-Unis de s’étendre à travers le monde.
L’ouverture des États-Unis a permis à l’Europe de vendre à travers l’Atlantique pour financer sa reconstruction, et aux Américains d’exporter leurs produits et leur savoir-faire partout sur la planète. Le résultat a été excellent pour tous les membres de cet échange.
Le principal problème des tarifs, c’est leur effet réciproque. Rien n’empêche une nation frappée d’un tarif de répliquer à son tour. C’est donc un jeu à somme nulle où le perdant est toujours le consommateur.
Ce qui me semble assez rationnel, c’est que les États-Unis ont peu de chances de recommencer à produire des jeans et des souliers. Ces éléments du commerce international ont peu de chances d’être renversés.
La débâcle des dernières semaines s’est produite avec une force et une rapidité que nous n’avions pas vues depuis mars 2020. Plusieurs commentateurs parlent de récession et de dépression. Je comprends que le sensationnalisme est bon pour les cotes d’écoute, mais la panique n’a jamais été de bon conseil.
Je crois personnellement qu’il est temps, collectivement, de prendre une grande bouffée d’air.
Voici mon raisonnement, et pourquoi je crois qu’il est primordial de garder la tête froide :
1. Il est impossible de quantifier les risques de dépression.
2. Même si l’on pouvait les quantifier, il serait impossible de s’en prémunir complètement.
3. Et même si nous tentions de le faire, ces actions pourraient ravager nos portefeuilles en cas d’erreur.
Ainsi, avancer prudemment, peu importe la situation, reste l’option logique avec la plus grande chance de succès. Et ce, peu importe la source du risque.
Que devrait faire un investisseur inquiet face à tout cela?
La stratégie de Forrest Gump
J’aime rappeler à chacun la stratégie qui, à mon sens, fonctionne le mieux en temps de turbulence. Dans le film de 1994, Forrest Gump laisse sa fortune personnelle entre les mains de son ami, le lieutenant Dan. Forrest pense que le lieutenant a investi sa fortune dans la compagnie « fruitière » Apple. À ce moment-là, Forrest dit ne plus avoir à se soucier de l’argent, et décide de tondre le gazon pour passer le temps.
Il y a quelque chose d’exceptionnel dans cette stratégie. Elle revient à l’essence même de ce que Peter Lynch tente de véhiculer lorsqu’il dit : « L’organe le plus important pour l’investisseur est l’estomac, et non le cerveau. » Dans cette optique, ne plus s’en faire et tondre le gazon est une excellente politique d’investissement.
Il faut se rappeler que ce n’est jamais la fin du monde. La chute de 1987, la crise des technos de 2001, l’effondrement de 2008 et la fermeture de la société en mars 2020 n’ont été que des passages. Chacune de ces crises était unique et différente des précédentes, mais à chaque fois, la technique de Forrest aurait fonctionné.
Anthony et moi n’avons pas le luxe de nous asseoir et de tondre le gazon. Rassurez-vous : le plus important du travail a été fait bien avant la crise actuelle. C’est lors de nos analyses que nous nous assurons d’avoir des entreprises solides et de qualité.
Aujourd’hui, notre travail consiste à dénicher les meilleures entreprises en solde. C’est dans ces moments que se construisent les meilleurs rendements de demain.
Souhaitez-nous donc bon magasinage!
[1] Forrest Gump, réalisé par Robert Zemeckis (1994)
