« Les banques sont de très bonnes entreprises si elles ne font rien de stupide. » Warren Buffett
La mémoire humaine est fascinante. Qui n’a pas déjà oublié un rendez-vous important ou même l’anniversaire d’un être cher? En revanche, les souvenirs douloureux eux sont gravés à jamais dans notre mémoire et nous reviennent toujours avec un choc.
Ce choc, je l’ai ressenti jeudi lorsque la Silicon Valley Bank a annoncé avoir pris une perte de 2,5 milliards sur son portefeuille d’obligation afin d’avoir accès à des liquidités. Cette annonce n’a pas tant affecté le marché financier au début, mais comme chaque fois, le doute et le soupçon ont rapidement envahi les marchés.
La dernière crise bancaire était centrée sur une fausse hypothèse : celle que l’immobilier est toujours en hausse. Ceci a poussé les intervenants à emprunter énormément et à spéculer sur la valeur de l’immobilier. Les banques ont fait deux erreurs couteuses, la première était d’écouter ce chant de sirène et la seconde était une confiance assurée dans des produits financiers liés aux hypothèques.
Les banques américaines ont vécu entre 2020 et 2021 une période féérique. Le gouvernement transférait trop d’argent aux gens et les entreprises et la bourse allaient très bien. L’argent des épargnants était déposé dans les banques beaucoup plus rapidement que les banques pouvaient le prêter.
Ne trouvant aucune manière de déployer le capital intelligemment, les banques ont fait ce qu’il leur restait à faire, elles ont agi de manière stupide.
Plus exactement les banques ont pris l’argent des épargnants, soit des milliards de dollars et ont acheté des obligations de moyen terme du gouvernement américain. Ceci leur a permis de collecter un rendement 1,5% en moyenne puisque les taux payés aux épargnants étaient proche de zéro.
Nous savons tous la suite des choses. 2022 a amené une très forte hausse de taux d’intérêt. Ceci a frappé fortement les actions, mais aussi les obligations. Les banques ont donc vu fondre la valeur des obligations qu’ils avaient achetée, comme la neige fond au soleil.
Les épargnants, faisant face à une inflation persistance, ont commencé à dépenser leur argent et à investir dans le marché des obligations puisque finalement, les rendements devenaient intéressants. Chacun de ces retraits et la hausse des taux payés par les banques sur les dépôts et CPG ont attaqué la liquidité des banques puisqu’ils ont gelé l’argent dans les obligations américaines.
Tant que les banques ont accès à leur liquidité, ils peuvent généralement naviguer cette situation sans trop de problèmes. Dans le cas des banques californiennes, un moment est arrivé lorsqu’elles ne pouvaient plus attendre et ont dû vendre les obligations (et réaliser des pertes!), afin de payer les épargnants. Alors, la société doit se présenter au marché financier, expliquer ce qui se passe et demander une injection de capitaux. À ce moment, la confiance s’évapore à la vitesse de l’eau dans le Sahara.
Aujourd’hui, la question qui est sur toutes les lèvres est de savoir si les autres banques suivront? Contrairement à 2008 ou les banques s’échangeaient entre eux allégrement leur produit financier lié aux hypothèques, ici le problème est unique à chacun. Fidèle à eux-mêmes, aucune banque n’a été plus intelligente qu’une autre. Tous ont utilisé la même tactique afin d’augmenter leurs profits, mais à de différents degrés.
Je suis toujours fasciné par les banques américaines; ces dernières trouvent toujours de nouvelles façons ingénieuses de perdre de l’argent alors que la manière classique marche toujours bien! Churchill a dit « Ne jamais laisser une bonne crise être gaspillé » et dans cette veine, n’ayant déjà aucune exposition directe ou indirecte au secteur bancaire nous cherchons à trouver des opportunités dans cette crise.
Bien que les banques ne soient pas nos sociétés de prédilection, il existe toujours un prix pour lequel elles pourront nous intéresser. Comme quoi le malheur des uns peut faire le bonheur des autres.