Pleins feux sur la période de publication des résultats

18 février 2025 | Kelly Bogdanova


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Les décisions de Washington D.C. ont fait les manchettes dernièrement, mais nous pensons que les investisseurs ne devraient pas fermer les yeux sur les résultats et les indices de la période de publication des résultats du quatrième trimestre.

Pleins feux sur la période de publication des résultats

Compte tenu de la flambée de tarifs douaniers et d’autres développements en matière de politique, de nombreux investisseurs semblent avoir les yeux rivés sur Washington, et c’est compréhensible. Mais nous pensons qu’il est aussi important de porter attention à ce qui, selon nous, est le plus important pour le marché boursier américain à moyen et à long terme : les tendances des bénéfices des sociétés.

L’actuelle période de publication des résultats du quatrième trimestre de 2024 se déroule bien jusqu’à présent, selon notre point de vue, y compris les bénéfices, les taux de dépassement des revenus et l’ampleur des dépassements. Toutefois, il y a eu du positif et du négatif.

Comme l’équivalent de 78 % de la capitalisation boursière de l’indice S&P 500 avait publié ses résultats au 13 février, l’estimation de la croissance du bénéfice par action (BPA) pour le quatrième trimestre de 2024 est passée de 7,3 % le 10 janvier à 12,6 %, juste avant le début de la période de publication des résultats, selon Bloomberg.

Selon les prévisions consensuelles pour l’ensemble de l’année de Bloomberg, le BPA sera de 246 $ l’action (croissance de 9,4 % sur 12 mois) en 2024 et de 271 $ l’action (croissance arrondie de 10,4 % sur 12 mois) en 2025.

L’estimation de 271 $ par action pour 2025 est inférieure à la prévision de 273 $ par action juste avant le début de la période de publication des résultats. Ce changement ne nous préoccupe pas, car les prévisions pour l’ensemble de l’année sont habituellement révisées à la baisse à ce stade-ci de l’année, et à l’approche de la période de résultats, nous jugions que l’estimation pour 2025 était trop généreuse. Elle semble maintenant plus réaliste, en supposant que la croissance annuelle du PIB demeure proche des prévisions consensuelles de 2,2 % pour cette année ou les dépasse.

Les prévisions consensuelles du taux de croissance des bénéfices semblent élevées à partir du troisième trimestre de 2025
Croissance sur 12 mois de l’indice S&P 500
Croissance sur 12 mois de l’indice S&P 500
Le graphique montre le bénéfice par action (BPA) trimestriel sur 12 mois de l’indice S&P 500 et la croissance des revenus, les résultats réels du premier trimestre de 2022 au troisième trimestre de 2024, ainsi que les prévisions consensuelles du quatrième trimestre de 2024 au deuxième trimestre de 2026. La croissance des revenus a amorcé le premier trimestre de 2022 à un sommet de 13,1 %, puis a diminué de façon constante pour s’établir à 1,7 % au deuxième trimestre de 2023. Elle a ensuite augmenté de façon constante pour venir s’établir à 6,2 % au troisième trimestre de 2024. Les prévisions consensuelles du quatrième trimestre de 2024 au deuxième trimestre de 2026 s’étalent de 4,6 % à 6,5 %. La croissance du BPA s’est amorcée au premier trimestre de 2022 à 11,1 %. Elle a ensuite reculé de façon constante, devenant négative au quatrième trimestre de 2022 et atteignant un creux de -5,0 % au deuxième trimestre de 2023. Depuis, elle s’est améliorée et est redevenue positive, mais s’est située dans une large fourchette jusqu’au troisième trimestre de 2024, atteignant un sommet de 12,8 % au deuxième trimestre de 2024. Les prévisions consensuelles sont les suivantes : 11,3 % au quatrième trimestre de 2024, 7,8 % au premier trimestre de 2025, 7,5 % au deuxième trimestre de 2025, 12,2 % au troisième trimestre de 2025, 13,4 % au quatrième trimestre de 2025, 16,7 % au premier trimestre de 2026, et 14,3 % au deuxième trimestre de 2026.

Croissance du BPA

Croissance des revenus

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg Intelligence; données en date du 13 février 2025; résultats réels du premier trimestre de 2022 au troisième trimestre de 2024; prévisions consensuelles de Bloomberg à partir du premier trimestre de 2024 (E)

Éléments négatifs : Sept merveilles (cinq en fait)

Selon nous, les résultats de cinq des sept soi-disant merveilles – Alphabet, Amazon.com, Apple, Microsoft et Tesla – ont été décevants. Meta Platforms a fait exception, et un autre titre des sept géants, le fabricant de puces avancées NVIDIA, devrait publier ses résultats le 26 février.

Même si la croissance des bénéfices a dépassé les prévisions consensuelles pour bon nombre de ces titres, la qualité des résultats n’a pas été à la hauteur de celle des trimestres précédents. La croissance des revenus des unités clés a été entravée ou les prévisions prospectives des équipes de direction ont été quelque peu inférieures aux attentes.

Les résultats ou les prévisions n’ont pas été à la hauteur des attentes très élevées des investisseurs qui avaient été intégrées aux cours et aux valorisations des actions. Il y avait peu de place à l’erreur et les cinq titres ont fait l’objet de ventes massives après la publication de leurs résultats.

Nous nous attendons à ce que les chefs de file américains de l’IA subissent de plus en plus de pressions pour « montrer aux investisseurs ce qu’ils gagnent à investir dans eux », c’est-à-dire qu’ils commencent à montrer des perspectives tangibles de rendement du capital investi dans leurs projets d’IA, surtout compte tenu du fait que leurs valorisations par rapport au ratio cours-bénéfice semblent toujours élevées.

Les tendances des bénéfices chez les titres des sept merveilles permettront probablement de façonner le rendement du marché à court terme, surtout étant donné que ce groupe représente environ 32 % de la capitalisation boursière de l’indice S&P 500 (c.-à-d. la valeur marchande). Avec une telle empreinte, lorsque les titres des sept merveilles se comportent bien, ils ont tendance à stimuler les rendements de l’indice S&P 500, comme en 2023 et 2024. En revanche, lorsque leurs actions sont regroupées ou font l’objet de ventes massives, elles peuvent limiter ou entraver les progrès de l’indice S&P 500, comme récemment.

Éléments positifs : Le reste du marché, en particulier le secteur de la finance

Nous pensons que les bénéfices du reste du marché pour le quatrième trimestre de 2024 ont, dans l’ensemble, été plutôt bons jusqu’à présent.

L’indice S&P 500 excluant les sept merveilles – la vaste majorité des actions de l’indice – affiche une croissance des bénéfices de 7,5 % sur 12 mois jusqu’à présent, ce qui est supérieur à 3,7 % au trimestre précédent. À notre avis, les résultats du secteur de la finance, en particulier des banques, se sont démarqués.

Nous attendons des nouvelles des grands détaillants et de nombreux autres titres du secteur de la consommation discrétionnaire. Nous surveillerons de près ces rapports, compte tenu des signes de tension chez les ménages à plus faible revenu en raison de l’inflation persistante et des signaux indiquant que les dépenses récentes dans cette catégorie ont été alimentées par l’utilisation élevée des cartes de crédit.

La convergence est-elle vraiment devant nous?

La grande question est de savoir si les prévisions de convergence des bénéfices – la combinaison des taux de croissance des bénéfices des sept merveilles et des autres sociétés de l’indice S&P 500 – se concrétiseront enfin.

Selon les prévisions consensuelles, le taux de croissance des bénéfices des titres des sept merveilles devrait continuer de diminuer cette année, principalement en raison de comparaisons difficiles d’une année à l’autre. Il ne s’agirait pas d’une évolution négative, dans la mesure où ne se produiraient pas de perturbations majeures et que les choses se dérouleraient comme prévu.

En revanche, la croissance des bénéfices des autres titres devrait se redresser davantage plus tard cette année.

Les taux de croissance des bénéfices devraient converger plus tard cette année
Croissance des bénéfices sur 12 mois et prévisions consensuelles (%) pour le S&P 500
 Croissance des bénéfices sur 12 mois et prévisions consensuelles (%) pour le S&P 500
Le graphique présente les estimations réelles et consensuelles de deux segments différents de la croissance des bénéfices sur 12 mois pour l’indice S&P 500 : les sept merveilles, puis l’indice S&P 500 sans les sept merveilles. La croissance des titres des sept merveilles a commencé en territoire légèrement négatif au premier trimestre de 2023, puis a bondi à 56,8 % au quatrième trimestre de 2023, avant de redescendre à 31,3 % au troisième trimestre de 2024. Les prévisions consensuelles prévoient une baisse à 13,2 % d’ici le troisième trimestre de 2025, puis une légère augmentation en 2026, pour un taux de croissance de 18,3 % au deuxième trimestre de 2026. Pour l’indice S&P 500, excluant les titres des sept merveilles, le taux de croissance a également été légèrement négatif au premier trimestre de 2023. Il a ensuite fléchi à -10,6 % au trimestre suivant, puis a augmenté, s’établissant en territoire légèrement négatif à la fin de 2023 et au début de 2024. Il a ensuite grimpé à 9,1 % au deuxième trimestre de 2024, avant de redescendre à 3,7 % au troisième trimestre de 2024. Selon les prévisions consensuelles pour la période du quatrième trimestre de 2024 au deuxième trimestre de 2025, le taux de croissance devrait atteindre environ 7 %, puis demeurer dans les chiffres faibles pour le reste de 2025. Il devrait ensuite augmenter quelque peu en 2026 et terminer à 13,2 % au deuxième trimestre de 2026. Les données montrent une convergence des prévisions de croissance des deux secteurs aux troisième et quatrième trimestres de 2025.

Titres des sept merveilles*

Indice S&P 500 excluant les sept merveilles

* Les sept merveilles sont : Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon.com, NVIDIA, Tesla et Meta Platforms.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg Intelligence; données en date du 13 février 2025; résultats réels du premier trimestre de 2023 au troisième trimestre de 2024; prévisions consensuelles de Bloomberg à partir du premier trimestre de 2024 (E)

Selon nous, l’évolution de la situation économique déterminera si les prévisions actuelles de convergence se concrétiseront ou non. Si les prévisions consensuelles des économistes pour la croissance du PIB en 2025 se détériorent considérablement par rapport au niveau actuel de 2,2 %, on pense que la probabilité de cette convergence devrait diminuer.

Toutefois, si une solide croissance du PIB et la convergence des bénéfices se concrétisent conformément aux prévisions ou dépassent les attentes, nous nous attendons à ce que le secteur de l’indice S&P 500 excluant les sept merveilles produise des rendements intéressants par rapport au cours de l’action en tant que groupe cette année.