Ce rapport fait partie de la série Nouvelle normalité, nouvelles occasions, dans le cadre de laquelle nous examinons les tendances à long terme qui se profilent pour l’après-COVID-19. La série portera sur divers thèmes qui se dégagent en raison de la distanciation sociale, du télétravail, des avancées en soins de santé, de l’engagement des sociétés et des changements généraux dans la société. Nous croyons qu’il est essentiel de définir ces tendances et de comprendre leurs conséquences sur les placements pour mieux aborder l’avenir. D’autres rapports seront publiés au cours des prochaines semaines.
L’économie du partage est un modèle économique dans lequel les activités d’acquisition ou de fourniture des biens et services, ou l’accès partagé à ceux-ci, misent sur la collaboration et sont souvent facilitées par des plateformes Web communautaires.
S’il est vrai que l’élément Web de ce modèle d’affaires novateur le sert bien à l’ère de la COVID-19, celui de l’interaction personnelle pose certainement problème. Néanmoins, alors que l’ensemble de l’économie peine toujours à repartir, des signes indiquent que l’économie du partage retrouverait sa trajectoire de croissance dans un laps de temps relativement court. Les humains étant des animaux sociaux, nous pensons qu’ils cesseront progressivement de pratiquer la distanciation sociale en l’absence de craintes sanitaires généralisées.
Le fleuron de l’économie du partage est sans doute le modèle d’affaires des services de voiturage, qui a supplanté en grande partie les services de taxi traditionnels dans les régions métropolitaines. Toutefois, l’imposition de mesures de confinement et l’aversion pour la promiscuité dans les lieux fermés plombent la demande depuis mars 2020.
Uber Technologies Inc., qui figure parmi les précurseurs du secteur du voiturage, a fait état d’une baisse spectaculaire de l’utilisation pour le trimestre terminé en juin 2020 et a enregistré une diminution des réservations de voitures de 75 % par rapport à l’exercice précédent, soit une valeur de loin supérieure à celle qui était généralement prévue. Dans les pays hors de l’Amérique du Nord, les activités ont redémarré à la faveur de la levée des restrictions à la mobilité, mais pas autant que le laissaient entrevoir les données sur la mobilité des téléphones cellulaires. Les gens ont tout simplement évité de monter dans des voitures partagées.
La COVID-19 a ramené le secteur du voiturage quelques années en arrière
Nombre de trajets par jour effectués par les services de voiturage à New York (en milliers)
Sources : Taxi and Limousine Commission de New York, RBC Marchés des Capitaux,
RBC Gestion de patrimoine ; données mensuelles jusqu’au 30 juin 2020
La demande des services de voiturage a évolué dans la même direction que celle des transports en commun, lesquels ont même été encore plus touchés dans la plupart des cas. Qui profite donc de l’aversion pour les services de transport partagé? Le secteur de l’automobile, du moins à court terme. Après avoir reculé d’environ 50 % aux États‑Unis en avril 2020 par rapport au mois précédent, les ventes de véhicules légers ont rebondi de 40 % sur un mois en mai. Comme la tendance semblait vouloir se poursuivre durant la belle saison, les constructeurs ont devancé leurs plans de production.
Il reste que nous ne nous tournerions pas nécessairement vers les grands constructeurs d’automobiles pour pallier la stagnation des services de voiturage, puisqu’ils connaissent leur lot de difficultés structurelles. Nous pencherions plutôt du côté des entreprises de pièces d’automobiles.
Scot Ciccarelli, analyste, Produits durables de détail, RBC Marchés des Capitaux, SARL, note que « la hausse de l’utilisation des voitures personnelles au détriment des transports en commun, conjuguée à la décision des automobilistes de réparer ou de conserver leur véhicule actuel plutôt que d’en acheter un neuf » a permis à un important distributeur de pièces de connaître une hausse de ses revenus de 16 % d’une année sur l’autre durant le trimestre terminé en juin 2020.
Nous pensons que d’autres modèles d’affaires de l’économie du partage regagneront le terrain perdu, mais seulement lorsque les pratiques de distanciation sociale s’estomperont. Les entreprises du secteur de la location de résidences de vacances en ligne, comme Airbnb et Vrbo, ont subi une baisse initiale de la demande, mais ont connu une reprise avant les hôtels dans de nombreux endroits, car les vacanciers cherchaient à se loger là où il leur serait plus facile de maintenir leurs distances.
Cela dit, nous sommes d’avis que la partie sera plus difficile pour d’autres entreprises, par exemple celles qui offrent des espaces de travail partagés, compte tenu de la plus grande implantation des pratiques de télétravail.
Les consommateurs évitent encore les lieux clos et les rassemblements
Variation du nombre de clients servis à table par rapport à la même date en 2019
Sources : Open Table, RBC Marchés des Capitaux, RBC Gestion de patrimoine
les données tiennent compte des clients avec ou sans réservation, du 16 mai 2020 au 19 juillet 2020.
Dans l’ensemble, nous nous attendons à ce que les entreprises de l’économie du partage connaissent à nouveau de beaux jours après la pandémie. Elles profitent de la tendance à la location plutôt qu’à la propriété et de la préférence croissante des consommateurs pour les expériences plutôt que pour la possession de biens. Dans la plupart des cas, nous pensons que la récession causée par la COVID-19 aura pour effet de raffermir les tendances de la croissance à long terme, et non de les enrayer.
This article was originally published on Aug. 24, 2020
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