Des perspectives incertaines et complexes à court terme
Selon nous, la hausse des coûts de l’énergie, les perturbations dans les chaînes logistiques, et le déclin de la demande et des dépenses de consommation attribuable à l’incertitude que suscite la guerre mineront la reprise de l’économie européenne en 2022. L’année avait pourtant bien commencé grâce au redémarrage de l’économie qui a suivi la levée des restrictions liées à la COVID-19.
Mais les prévisions économiques ont été revues à la baisse quand les conséquences du conflit se sont précisées. Eric Lascelles, économiste en chef, RBC Gestion mondiale d’actifs Inc., a récemment abaissé à 2,5 % ses prévisions de croissance du PIB de la zone euro pour 2022, alors qu’il l’estimait à 3,8 % au début de l’année. Le récent recul des prix de l’énergie pourrait toutefois offrir un certain répit à la région.
M. Lascelles prévoit que l’inflation atteindra un sommet plus élevé d’environ 8 % sur 12 mois. Préoccupée par cette envolée et par l’incidence de la guerre sur la croissance économique, la Banque centrale européenne (BCE) semble vouloir faire preuve d’une certaine souplesse. Bien qu’elle ait annoncé une réduction accélérée de son programme d’achat d’actifs afin d’y mettre un terme au troisième trimestre, elle a aussi laissé entendre qu’elle pourrait le relancer si les circonstances l’exigeaient. Par ailleurs, dans le communiqué publié à l’issue de sa réunion du 10 mars, la BCE n’a cette fois pas évoqué la possibilité de relever les taux juste après la fin des achats d’actifs. Selon RBC Marchés des Capitaux, la BCE ne devrait pas relever les taux avant 2023.
Faire face à la crise
La réponse de l’UE à la guerre s’est avérée rapide et décisive et, selon nous, elle a démontré la forte cohésion de l’Union. L’UE a mis en œuvre des sanctions sévères et a mobilisé des fonds dans le but de livrer des armes à l’Ukraine. Étant donné le nouvel ordre géopolitique, il est impératif que l’UE diminue sa dépendance aux importations d’énergie provenant de la Russie. Elle a donc déposé un projet ambitieux, appelé « REPowerEU », selon lequel les importations de gaz naturel russe seront réduites de deux tiers d’ici la fin de 2022 et complètement éliminées d’ici 2030. L’UE devra donc chercher d’autres sources d’approvisionnement en gaz naturel, se tourner davantage vers les centrales au charbon et nucléaires, et mettre en œuvre diverses politiques d’efficacité énergétique durant la reconstitution des réserves. Reste à savoir si tous ces objectifs pourront être atteints à temps, et à quel coût. Cela dit, la nouvelle orientation est claire. Le plan devrait être précisé au cours des deux prochains mois.
Par ailleurs, des mesures budgétaires sont attendues qui devraient soutenir la croissance. Lors d’un sommet informel tenu les 10 et 11 mars, les dirigeants de l’UE se sont entendus pour donner la priorité à la défense, à l’énergie et à la résilience de l’économie. Ils ont également discuté d’un programme de dépenses de deux mille milliards d’euros. Dans l’ensemble, ils ont convenu que le fonds de relance de 750 milliards d’euros avait bien aidé les pays membres à surmonter la pandémie en leur procurant une marge de manœuvre budgétaire, en laissant l’UE coordonner les prêts et les transferts, et permettant à l’UE d’émettre des titres de créance. En fait, le fonds de relance est considéré comme un prototype. On tente maintenant de déterminer s’il pourrait servir à soutenir de nouvelles initiatives, puisque les fonds n’ont pas tous été utilisés. À notre avis, une autre émission conjointe de titres de créance est probable. Le sommet a également été l’occasion de définir un cadre dynamique pour les réunions du Conseil de l’UE prévues en mars et en juin, qui permettront de régler d’autres détails.
Conséquences pour les portefeuilles
Nous sommes d’avis que les dépenses budgétaires à moyen terme devraient stimuler la croissance et que l’EU devrait finir par sortir du conflit avec des institutions plus fortes. Par contre, les perspectives à court terme sont plus complexes qu’elles ne l’étaient au début de l’année.
L’indice MSCI Europe hors Royaume-Uni a reculé de plus de 10 % en monnaie locale depuis son sommet de janvier, laissant ainsi ses titres se négocier à 14,5 fois les bénéfices prévisionnels, soit un escompte plus élevé que la moyenne par rapport aux États-Unis selon une répartition sectorielle neutre. Ce ratio peu élevé semble indiquer que la réduction des prévisions de croissance est déjà largement prise en compte.
Nous pensons pourtant qu’il est prudent de faire passer les actions européennes d’une surpondération à une pondération neutre étant donné que ce marché se compose d’une proportion relativement forte d’actions à caractère cyclique.
Nous restons convaincus que les actions liées à la transition vers les énergies vertes offrent des possibilités attrayantes. Cette transition reste un objectif majeur de l’UE. En fait, elle est désormais considérée comme un enjeu de sécurité et non plus seulement comme une question environnementale. L’Europe demeure un chef de file dans ce domaine, et nous pensons qu’il est possible de trouver des possibilités intéressantes après la récente correction.
Ressources pour les recherches
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