Le prix du succès des baisses de taux de la Fed est élevé, mais pas trop

十月 02, 2024 | Thomas Garretson, CFA


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La Fed a enfin fortement abaissé les taux d’intérêt. Bien que l’accentuation de la courbe des taux reflète l’optimisme du marché selon lequel les baisses de taux renforceront les perspectives économiques, une accentuation supplémentaire pourrait être

The price of Fed rate cut success is steep, but not too steep

La Fed s’est enfin jointe à une poignée de banques centrales mondiales pour réduire les taux d’intérêt en réaction aux progrès importants réalisés sur le plan de l’inflation à la suite de la vague inflationniste mondiale qui a culminé en 2022.

Toutefois, pour y arriver, la Fed avait relevé les taux d’intérêt à leurs plus hauts niveaux aux États-Unis depuis 2007 au milieu de 2023, les laissant là pour l’une des plus longues périodes jamais enregistrées, une décision susceptible d’accroître la perspective d’un ralentissement de l’économie. Toutefois, selon une estimation préliminaire basée sur la réaction du marché, la réduction de 50 points de base (pb) proactive et démesurée de la Fed en septembre – ainsi que les signes qu’elle en fera plus – devrait renforcer les perspectives économiques, même si des préoccupations persistent.

À preuve, Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs, voit également d’un bon œil la décision proactive de la Fed, qui abaissent la probabilité d’une récession au cours des 12 prochains mois de 40 % à 30 %. À l’appui de ce point de vue, voici ce qu’il souligne :

  • La Fed a réduit son taux directeur de 50 pb. Cette situation soutient l’économie et signale que la banque centrale pourrait continuer d’agir rapidement si l’économie devait trébucher.
  • Les données économiques se sont améliorées au cours des six dernières semaines : l’indice ISM des directeurs d’achats du secteur des services a rebondi au-dessus de 50 (ce qui indique une activité expansionniste), le taux de chômage a diminué, les demandes de prestations d’assurance-chômage ont fléchi de façon constante, les ventes au détail ont connu une amélioration inattendue et le PIB au troisième trimestre a enregistré un vigoureux rendement annualisé de 3,1 %, selon le modèle GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta.
  • Peu de tensions semblent visibles sur les marchés du crédit. Les écarts de taux sont serrés, les taux hypothécaires sont en baisse et les normes de crédit des banques s’assouplissent.
  • La baisse des prix du pétrole soutient davantage la croissance économique et réduit le risque d’une recrudescence de l’inflation.

Cela dit, les risques de baisse pour l’économie américaine – et en particulier pour le marché de l’emploi – ne se sont pas complètement dissipés, et nous nous attendons à d’autres réductions de taux démesurées de la Fed à court terme.

Plus maintenant, moins plus tard

En procédant dès le départ à une réduction de 50 pb, la Fed pourrait avoir tiré des leçons du cycle de hausse des taux en 2022, selon nous. En mars 2022, les décideurs ont amorcé le processus en décrétant une hausse standard de 25 pb, mais ils ont immédiatement dû passer à une autre vitesse avec une série de fortes hausses de taux de 50 pb, 75 pb, 75 pb, 75 pb, 75 pb, et 50 pb pour faire du rattrapage par rapport à l’inflation avant qu’une série de hausses de 25 pb ne mette fin au cycle de resserrement de la politique monétaire en juillet 2023.

La Fed a peut-être réfléchi au risque de démarrer lentement et de peut-être prendre du retard par rapport à une économie qui s’essouffle, et c’est pourquoi nous pensons qu’il y aura au moins quelques autres réductions importantes. Les marchés prennent en compte un retour rapide vers des niveaux plus neutres – c’est-à-dire des niveaux qui ne sont ni restrictifs ni stimulants pour la croissance économique et l’inflation –, que la Fed juge être maintenant autour de 3 %, ce qui demeure historiquement élevé.

Les marchés prévoient un retour rapide à des taux d’intérêt « neutres »
Federal funds rate relative to estimates of the neutral interest rate

Le graphique linéaire montre le taux directeur de la Réserve fédérale (le taux des fonds fédéraux) par rapport aux prévisions de la Fed selon lesquelles le taux d’intérêt « neutre » de l’économie a été appliqué de 1992 à septembre 2024, et les projections jusqu’en 2026. Lorsque le taux des fonds fédéraux est supérieur au taux neutre, la politique restreint la croissance économique et l’inflation; lorsque le taux des fonds fédéraux est inférieur au taux neutre, les taux d’intérêt soutiennent la croissance économique. En décembre 2021, la Fed a commencé à relever son taux directeur de 0,25 % jusqu’à ce qu’il atteigne 5,5 % à la fin de 2023; elle a commencé à le réduire en septembre 2024. Le taux des fonds fédéraux a dépassé le taux neutre en septembre 2022 et demeure nettement au-dessus de celui-ci. Les cours du marché indiquent que le taux des fonds fédéraux devrait revenir au taux neutre au premier trimestre de 2026.


Taux des fonds fédéraux

Taux neutre

Les lignes pointillées indiquent la trajectoire implicite du taux des fonds fédéraux prévue par le marché et l’estimation du taux d’intérêt neutre par la Réserve fédérale (un taux directeur supérieur au taux neutre est considéré comme restrictif pour la croissance économique; un taux inférieur est considéré comme favorable). Les zones grisées représentent les récessions aux États-Unis.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Réserve fédérale de New York, Bloomberg; données en date du 24 septembre 2024

Comme tous les regards sont tournés vers le marché de l’emploi, la confiance des consommateurs envers celui-ci tend toujours à se détériorer, ce qui fortifie notre opinion selon laquelle la Fed devrait procéder à au moins une autre réduction de 50 pb cette année. Dix-huit pour cent des consommateurs interrogés ont indiqué que les emplois étaient difficiles à trouver dans l’enquête mensuelle du Conference Board pour septembre, comparativement à seulement 11 % au début de l’année. Au cours des 30 dernières années, cette enquête a affiché une corrélation de 90 % avec le taux de chômage officiel et donne à penser que d’autres hausses du chômage pourraient se produire.

De plus, la barre pour d’autres réductions de taux en fonction des conditions du marché de l’emploi pourrait être assez basse. À la réunion de politique monétaire de septembre, les réductions de taux totalisant 100 pb prévues par la Fed cette année reposaient sur une hausse modérée du taux de chômage de 4,2 % à 4,4 %. Si ce nombre grimpe plus rapidement, la Fed réduira probablement aussi les taux plus rapidement. Comme deux autres rapports sur l’emploi devraient être publiés avant la prochaine réunion des 6 et 7 novembre, ces données seront essentielles pour déterminer comment agira la banque centrale par la suite.

Le point principal est que nous pensons qu’elle doit agir rapidement pour ramener les taux directeurs près de niveaux « neutres ». Le moment de peaufiner et de calibrer la politique monétaire plus précisément en fonction du niveau des taux d’intérêt qui pourrait être « neutre » pour l’économie viendra, à notre avis.

Les consommateurs continuent de signaler la détérioration du marché de l’emploi aux États-Unis
Le pourcentage de répondants qui considèrent que les emplois sont « difficiles à obtenir », et le taux de chômage aux États-Unis

Le graphique linéaire montre le sous-indice de l’enquête du Conference Board sur la confiance des consommateurs, soit le pourcentage de répondants qui considèrent que les emplois sont « difficiles à obtenir », et le taux de chômage aux États-Unis. Les deux séries de données ont tendance à évoluer ensemble. Le pourcentage de répondants qui considéraient les emplois comme difficiles à obtenir est passé de 16,8 % en août à 18,3 % en septembre.


« Emplois difficiles à obtenir » (gauche)

Taux de chômage aux États-Unis (droite)

Le nombre d’« emplois difficiles à obtenir » représente le pourcentage de répondants à l’enquête mensuelle du Conference Board sur la confiance des consommateurs qui ont exprimé ce point de vue. Les zones grisées représentent les récessions aux États-Unis.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bureau of Labor Statistics des États-Unis, Conference Board; données jusqu’en septembre 2024

Le prix du succès est élevé, mais pas trop

La courbe des taux est probablement l’un des signaux les plus importants et les plus fiables du marché en ce qui a trait aux perspectives économiques. Intuitivement, c’est assez simple. La Fed contrôle les taux à court terme, tandis que les taux à long terme sont grandement influencés par les participants au marché et reflètent généralement les attentes de celui-ci à l’égard de la croissance économique et de l’inflation.

Lorsque la courbe est inversée, comme ce fut le cas jusqu’à récemment, c’est le signe que les taux directeurs limitent probablement l’activité économique et l’inflation. Lorsque le contraire est vrai, le taux directeur de la Fed est considéré comme stimulant pour la croissance et l’inflation.

Pour les investisseurs qui se méfient toujours des risques de récession, il pourrait s’agir de la mesure à surveiller. Il n’y a pas de règle absolue – ne serait-ce pas merveilleux – mais historiquement, il semble qu’une fois que la courbe des taux s’accentue de nouveau à plus de 100 pb, elle a été suivie de près par une récession. Intuitivement, cet écart s’élargit, car le taux des obligations du Trésor à 2 ans fléchit fortement, et plus rapidement que le taux de celles à long terme, en raison des attentes du marché selon lesquelles la Fed procédera à des réductions de taux prononcées en réaction à une contraction économique.

Mais la Fed peut-elle trouver le juste milieu? Il n’y a réellement qu’un seul segment de la courbe des taux qui fait du surplace après une série de réductions de taux de la Fed, qui sont demeurées stables pendant un certain temps, soit du milieu à la fin des années 1990. En effet, selon les prévisions consensuelles actuelles concernant les taux, la courbe des taux conserve cette « fourchette idéale » – une courbe des taux relativement abrupte qui devrait indiquer un soutien modeste à l’économie sans raviver les risques d’inflation, mais pas abrupte au point où la Fed réduira probablement les taux en raison d’une récession.

La fin d’une inversion
Le retour en territoire positif de la courbe des taux des titres du Trésor à 10 ans/2 ans après une période d’inversion profonde pourrait avoir des ramifications économiques importantes
La différence entre les taux des obligations du Trésor à 10 ans et à 2 ans de 1988 à septembre 2024

Le graphique linéaire montre la différence entre les taux des obligations du Trésor à 10 ans et à 2 ans de 1988 à septembre 2024, et les prévisions consensuelles pour 2026. La différence est devenue négative au milieu de 2022, une situation connue sous le nom d’inversion de la courbe des taux. Elle est récemment redevenue positive, et les prévisions consensuelles indiquent qu’elle continuera de grimper et de rester positive jusqu’en 2026.


Courbe des taux des titres du Trésor à 10 ans/2 ans

Prévisions consensuelles à l’égard de la courbe des taux

100 points de base : notre seuil à surveiller

Les zones grisées représentent les récessions aux États-Unis.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg

Stratégie du portefeuille de titres à revenu fixe

Les décideurs commencent peut-être tout juste à réduire les taux, mais aux yeux des marchés, c’est comme s’ils avaient déjà terminé.

Comme c’est habituellement le cas, les marchés prennent en compte l’avenir. À l’heure actuelle, les marchés anticipent de nouvelles réductions de taux totalisant 200 pb jusqu’en 2025, ce qui est déjà largement reflété dans les cours et les taux de rendement obligataires.

La plupart des segments des titres à revenu fixe ont connu une forte progression au cours de la dernière année, brillant surtout en avril, lorsque le taux des obligations du Trésor à 10 ans a atteint 4,7 %, chiffre qui a depuis diminué à 3,6 %. À mesure que les taux baissent, les cours obligataires augmentent, ce qui s’ajoute aux coupons gagnés, cette combinaison ayant alimenté le rendement total élevé ces derniers temps.

Au cours des derniers mois, nous avons exhorté les investisseurs à se départir de leurs liquidités ou obligations à court terme afin de profiter des taux immobilisés que procurent les obligations à long terme en amont des réductions de taux de la Fed.

L’indice Bloomberg U.S. Aggregate Bond a grimpé de 8 % au cours de la dernière année, ce qui représente habituellement une excellente année pour l’indice S&P 500. Les obligations de sociétés à rendement élevé sont au beau milieu de l’une de leurs meilleures hausses jamais enregistrées, ce qui témoigne en partie de l’optimisme des investisseurs suscité par le fait que la Fed, du moins pour l’instant, a évité les risques de récession.

Malheureusement pour les investisseurs en titres à revenu fixe, une grande partie du rendement a déjà été évincée des marchés obligataires, et pour profiter beaucoup plus de ces rendements dans le contexte actuel, les marchés devront probablement intégrer de nouveau des risques accrus d’un atterrissage brutal de l’économie américaine, ce que nous n’envisageons pas actuellement.

Par conséquent, la stratégie actuelle pourrait ne pas être beaucoup plus intéressante que celle d’« acheter durant les creux » des marchés obligataires, ou de profiter de l’augmentation des taux obligataires, processus durant lequel la duration serait prolongée graduellement, et de maintenir la répartition sectorielle des titres à revenu fixe relativement neutre, car il y a quelques options qui se démarquent nettement en ce moment, à notre avis.

Les marchés du crédit demeurent historiquement chers, de sorte que nous privilégions toujours la qualité. Même dans le meilleur scénario pour l’économie, nous estimons que les segments comme les obligations de catégorie investissement ne feront probablement que suivre le rythme de rendement des obligations du Trésor américain, de sorte que nous privilégierions probablement la protection contre les baisses – et la préservation du capital – que les titres du Trésor pourraient offrir aux portefeuilles en cas de récession.

Les obligations sont en forte progression depuis 12 mois
Rendement du marché depuis la dernière hausse de taux de la Fed (juillet 2023)
Total returns for major U.S. fixed income markets since the Fed last raised rates

Le graphique montre les rendements totaux des principaux marchés américains des titres à revenu fixe depuis la dernière hausse des taux par la Fed en juillet 2023. Tous les marchés ont généralement affiché une tendance à la hausse. Les titres du Trésor ont inscrit un rendement de 6,4 %. L’indice U.S. Aggregate a enregistré un rendement de 8,0 %. Les obligations de sociétés de catégorie investissement ont dégagé un rendement de 10,6 %. Les obligations de sociétés de catégorie spéculative ont inscrit un rendement de 14,8 %. Les obligations municipales ont inscrit un rendement de 5,2 %.


Obligations du Trésor américain

Obligations de sociétés de catégorie investissement

Obligations de sociétés à rendement élevé

Indice U.S. Aggregate Bond

Obligations municipales

Source : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg; titres du Trésor représentés par l’indice Bloomberg U.S. Treasury; obligations de sociétés représentées par l’indice Bloomberg U.S. Corporate Bond et l’indice U.S. High Yield Corporate Bond, obligations municipales représentées par l’indice Bloomberg Municipal Bond; données jusqu’au 23 septembre 2024

Conséquences des taux sur les consommateurs

Enfin, que signifient les réductions de taux de la Fed en pratique? Comme nous l’avons mentionné, les taux de rendement des obligations du Trésor baissent depuis des mois en raison des attentes des investisseurs quant aux réductions de taux par la Fed, de sorte que, selon nous, une grande partie de ce que fait la banque centrale à partir de maintenant consiste simplement à continuer de la sorte. Autrement dit, les taux du marché ont déjà pris en compte la majeure partie des futures baisses de taux, et les taux à la consommation devraient graduellement en tenir compte au cours des prochains mois.

Par exemple, les taux hypothécaires à 30 ans sont essentiellement établis en fonction du taux de rendement des obligations du Trésor à 10 ans. Le 25 avril, le taux des obligations du Trésor à 10 ans et le taux hypothécaire moyen à 30 ans ont atteint des sommets de 4,7 % et de 7,6 % pour 2024 respectivement. Depuis, ils ont reculé chacun d’environ 90 pb pour s’établir à 3,8 % et à 6,7 % respectivement.

Quelle direction les taux hypothécaires pourraient-ils prendre à partir de maintenant? Il y a deux choses à considérer : le taux des obligations du Trésor à 10 ans et l’écart entre celui-ci et les taux hypothécaires à 30 ans, qui se situe actuellement à environ 300 pb.

Selon le sondage consensuel de septembre des analystes de Bloomberg, le taux de rendement des obligations à 10 ans passera à 3,7 % d’ici le début de 2025 et à 3,6 % d’ici la fin de 2025. Si les écarts de taux demeurent stables, cette situation nous porte à croire que les taux hypothécaires ont peut-être déjà atteint leurs creux à court terme.

Mais qu’en est-il des écarts de taux? Se situant à 300 pb au-dessus du taux des obligations du Trésor à 10 ans, les taux hypothécaires sont historiquement chers. Avant la pandémie, cet écart était plus près de 150 pb à 200 pb. Les raisons sont trop nombreuses pour être examinées ici, mais en bref, nous croyons que les écarts de taux des prêts hypothécaires pourraient se resserrer, surtout si, comme nous croyons que c’est probable, la Fed cesse de réduire son bilan plus tard en 2025.

Si la baisse des taux obligataires et le resserrement des écarts de taux hypothécaires se concrétisent, nous pensons que les taux hypothécaires pourraient atteindre 6,0 %, puis diminuer à 5,0 % par la suite. Toutefois, l’on ne pourrait atteindre des taux plus bas que ça qu’en période de récession.

Pas tout à fait encore

La Fed espère qu’une série de réductions de taux d’intérêt sera suffisante pour éviter une récession et soutenir la poursuite de l’expansion économique. Mais, il faut le dire, c’est toujours ainsi que les banques centrales espèrent que les cycles d’assouplissement se dérouleront – c’est toutefois rarement le cas.

Bien que nous soyons encouragés par le caractère proactif de la Fed et que nous soutenions l’opinion selon laquelle un atterrissage en douceur demeure sur la table, nous devons être conscients du fait qu’après un cycle de hausses de taux musclées, lors duquel il s’est déroulé environ 14 mois entre la dernière hausse et la première réduction, il y aura naturellement un risque de fléchissement de l’économie pendant encore un certain temps.


Ressources pour les recherches 

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