Planifier pour la vie après 100 ans

09 novembre 2022 | Leanne Kaufman


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Préserver sa sécurité financière jusqu’à 100 ans exige de planifier ses dépenses de santé et de subsistance.

Leanne Kaufman


« Nous en sommes à l’étape où un nombre inédit de Canadiens sont sur le point de prendre leur retraite, et je leur conseille d’intégrer le long terme à leur planification. »
- Bonnie-Jeanne MacDonald, directrice de la recherche sur la sécurité financière, National Institute on Ageing (NIA)

Transcription

Orateur initial :

Bonjour, et bienvenue à Au-delà de la richesse avec votre animatrice, Leanne Kaufman, présidente et cheffe de la direction de RBC Trust Royal. Pour la plupart d’entre nous, parler de sujets comme le vieillissement, la fin de la vie et la planification successorale n’est pas facile. C’est pourquoi nous leur consacrons ce balado, qui vous donne l’occasion d’en entendre parler tout en profitant des grandes connaissances de certains des meilleurs experts dans le domaine au pays. Aujourd’hui, nous voulons vous fournir des renseignements qui vous aideront à vous protéger, vous et votre famille, dans le futur. Voici votre animatrice, Leanne.

Leanne Kaufman :

Bonjour, je suis Leanne Kaufman. Bienvenue à Au-delà de la richesse de RBC Gestion de patrimoine – Canada. Je suis ravie de vous présenter aujourd’hui notre invitée, Bonnie-Jeanne Macdonald, directrice de la recherche sur la sécurité financière du centre de recherche le National Institute on Ageing. Bonnie-Jeanne est une actuaire reconnue et respectée dont la recherche porte sur les aspects financiers et sanitaires du vieillissement de la population canadienne. Son travail vise à améliorer la sécurité financière des Canadiens à la retraite grâce à des indications pratiques, des innovations issues des différents secteurs et des solutions gouvernementales.

Bonnie-Jeanne a publié de nombreux articles universitaires sur une grande gamme de sujets liés à la sécurité financière des Canadiens à la retraite. Ses contributions à la recherche primées ont été adoptées autant par l’industrie, que le gouvernement au Canada et le reste du monde. Première conférencière prolifique dans les échanges organisés sur l’industrie et les politiques publiques, elle contribue aussi régulièrement au Globe and Mail.

Bonnie-Jeanne, merci de vous joindre à nous aujourd’hui pour parler de la sécurité financière adaptée à une vie durant plus de cent ans et de l’importance qu’elle revêt au-delà de la richesse.

Bonnie-Jeanne MacDonald :

Merci, Leanne. Ravie d’être ici !

Leanne Kaufman :

Planifier sa retraite, d’un point de vue financier, s’est longtemps résumé à organiser ses vieilles années et les besoins qui se feront sentir dans un futur relativement lointain. Mais la situation est réellement en train de changer sous l’effet des tendances démographiques. Nous savons que plus de Canadiens que jamais vivent au moins 100 ans, et donc, qu’ils seront à la retraite pendant peut-être au moins 30 ans. En fait, selon l’âge du départ à la retraite, celle-ci peut durer plus longtemps que la vie active. Mais pensez-vous, Bonnie-Jeanne, que notre façon de planifier a évolué pour répondre à ces réalités ? Quelles conséquences découlant d’une longévité accrue peuvent facilement être ignorées des Canadiens penchés sur leur planification financière personnelle ?

Bonnie-Jeanne MacDonald :

La planification financière de la retraite est sans aucun doute un exercice très complexe, Leanne. C’est qu’il nous faut faire une chose inhabituelle : prendre des décisions maintenant, qui auront des conséquences sur ce que nous serons dans 10, 20, 30, ou même 40 ans, alors que nous serons plus vulnérables. Le cerveau humain n’est tout simplement pas équipé pour former de tels projets. Surtout quand il est question d’envisager des épreuves susceptibles de se produire dans le futur. Et quand, finalement, ils se voient dans une perspective à plus long terme, la tendance actuelle le confirme, ceux qui prennent leur retraite sont aujourd’hui confrontés à une vraie tempête. C’est que nous avons tendance à délaisser les régimes de retraite du travail. Des taux d’intérêt historiquement bas entraîneront une baisse du revenu de retraite pour bien des gens.

Et pendant que le revenu diminue, le prix de la retraite, lui, augmente. La raison en est que les baby-boomers, en plus de faire partie de la plus grande génération de l’histoire et de jouir de la plus longue espérance de vie, sont aussi la première génération à avoir relativement peu d’enfants. Et les enfants devenus adultes ont toujours été, et continuent d’être, l’épine dorsale des soins de longue durée au Canada. En fait, les recherches que nous avons menées au National Institute on Ageing ont révélé que 75 % de tous les soins sont officiellement fournis par les membres de la famille proche.

Donc, ce qui peut facilement être ignoré des Canadiens est que les soins aux personnes âgées ne font pas partie de la Loi canadienne sur la santé. Il ne s’agit pas d’un service garanti comme celui offert par des médecins et dans les hôpitaux. C’est vraiment les familles qui prennent soin des personnes âgées au Canada depuis longtemps. Aujourd’hui, privés du soutien d’une progéniture adulte, les Canadiens qui prennent leur retraite doivent se préparer à financer des périodes plus longues, avec moins d’argent et des dépenses plus élevées. Alors, si on ajoute au portrait les graves déficiences d’un système de soins à domicile public sous-financé, que le vieillissement de la population ne fera qu’empirer, il est évident que le départ à la retraite des baby-boomers déclenche une vraie tempête.

Leanne Kaufman :

Voilà que vous soulevez un bon point. Je sais qu’il nous faut insister un peu sur l’aspect des services publics et des services sociaux. J’ai parlé du fait que de nombreux Canadiens vivront plus d’années de retraite que de vie active. Et si les services sociaux et les régimes de retraite dont vous parliez existent bel et bien, ils n’ont pas été conçus en fonction d’une si longue trajectoire de retraite. Alors, selon vos observations, à quel point nos systèmes publics sont-ils prêts à gérer ce changement démographique massif ?

Bonnie-Jeanne MacDonald :

Il y a quelque chose d’ironique à ce que le vieillissement de la population soit blâmé pour les lacunes à l’origine de la crise dans les maisons de soins infirmiers du Canada au moment de la pandémie. Et les ratés n’en sont qu’à leur début : la demande actuelle de soins de longue durée ne représente que la pointe de l’iceberg des demandes qu’entraînera de vieillissement de la population. En 2021, le plus vieux baby-boomer n’était âgé que de 76 ans. À cet âge, la grande majorité des Canadiens vivent encore de façon autonome et ne requièrent pas vraiment de soins. Au National Institute on Ageing, nous avons donc réalisé une projection très complexe de la population canadienne à l’aide d’un modèle de microsimulation. Et nous avons constaté que si le Canada poursuit dans cette voie, le coût des soins de longue durée pour les aînés qui sont financés par l’État, soit des maisons de soins infirmiers et des soins à domicile, triplerait en 30 ans, passant d’environ 22 milliards à 71 milliards en dollars actuels.

Ceci n’est qu’une partie du problème. Une autre question majeure concernant la viabilité du système canadien est celle de savoir si la famille continuera d’offrir des soins non rémunérés comme elle l’a fait dans le passé. Comme nous l’avons mentionné, le fait que les baby-boomers canadiens soient la première génération à avoir relativement peu d’enfants est préoccupant. Selon nos projections, il y aura environ 30 % moins de membres de la famille disponibles pour fournir des soins non rémunérés aux aînés. En d’autres termes, pour continuer à répondre aux besoins de soins des personnes âgées qu’ils soutiennent, les aidants naturels devraient augmenter leurs efforts de 40 %. Et vu le nombre de personnes âgées et le besoin de soutien ayant plus que doublé, non seulement chaque personne devra en faire davantage, mais beaucoup plus de Canadiens deviendront des aidants naturels non rémunérés.

La perspective de relever ce défi à l’aide des politiques publiques augure donc bien mal, quand on pense aux familles moins nombreuses, aux aînés plus nombreux à divorcer, à la plus grande participation des femmes sur le marché du travail qui ont délaissé le travail lié aux soins. Il y a aussi que les parents âgés ne vivent plus avec leurs enfants comme avant. De plus, les aidants naturels non rémunérés présentent des niveaux très élevés de stress physique et émotionnel. Alors, l’idée de leur faire assumer plus de responsabilités n’est tout simplement pas celle d’un système financièrement viable.

Maintenant, pour vous donner une idée, si le montant des coûts que représentent tous ces soins non rémunérés était transféré dans le trésor public, cela ferait passer le total général à 98 milliards de dollars. Il s’agit d’un chiffre très important. Le message est que les problèmes que nous avons maintenant, comme les maisons de soins infirmiers inadéquates et les personnes âgées traitées dans les corridors des hôpitaux, représentent déjà un lourd fardeau pour les familles. Il y a 40 000 personnes âgées qui sont actuellement sur la liste d’attente pour entrer en maison de soins infirmiers. Et plus de 400 000 personnes âgées se déclarent insatisfaites des soins reçus dans leur foyer. Si nous pensons avoir des problèmes maintenant, il faut savoir que ce n’est rien comparativement à ce qui est à venir.

Une leçon s’impose déjà : l’avenir des soins de longue durée n’est pas seulement le problème des aînés. Elle affectera tous les Canadiens, non seulement quant aux aspects fiscaux, mais aussi quant à leur vie personnelle, car un plus grand nombre d’entre eux seront appelés à aider leurs parents vieillissants en faisant preuve d’un degré d’expertise inégalé auparavant.

Aussi, la question est-elle de savoir comment passer de ce présent inacceptable à un avenir meilleur. C’est le problème que nous sommes résolus à affronter au National Institute on Ageing. Une grande part de la solution sur laquelle je travaille consiste à aider les personnes âgées elles-mêmes, à mieux se préparer, à être financièrement autonomes. Mais elle consiste aussi aider les décideurs politiques à créer de ces systèmes plus futés, pas seulement plus chers, car dans le contexte de l’évolution démographique, des injections financières sans solutions viables pour l’avenir, ne feraient que rendre un système déjà insoutenable encore plus inabordable.

Leanne Kaufman :

Je pense que vous saisissez bien le phénomène, Bonnie-Jeanne, quand vous parlez de vraie tempête. En réalité, vous me faites un peu peur, mais cela me rassure de voir que vous, le National Institute on Ageing et les brillants esprits qui y travaillent aident notre système public à y voir également plus clair.

Nous avons aussi vu que la pandémie a mis en lumière certains aspects des lacunes affectant notre système. Le volet soins de santé du vieillissement lors de la retraite s’est retrouvé au premier rang des préoccupations non seulement des Canadiens, mais aussi des gens de partout sur la planète. Cela nous a notamment donné à tous l’occasion de réfléchir à l’endroit où nous vivrons et à la façon dont nous serons soignés si un jour nous avons besoin de soins. Il est devenu normal d’en parler. Les données du dernier recensement pour le Canada, soit celui de 2021, viennent tout juste de paraître. Elles indiquent que le nombre de Canadiens âgés de plus de 85 ans va tripler dans les 25 prochaines années, dévoilant un des éléments de la vraie tempête dont vous parliez. À mesure que cette réalité s’installe, ces considérations sur la prestation de soins occuperont de plus en plus les esprits. Alors, que faut-il garder en tête quand on planifie sa retraite et quand on pense aux dispositions à prendre pour ses vieux jours et les soins dont on pourrait avoir besoin ?

Bonnie-Jeanne MacDonald :

J’insisterais sur le fait qu’il faut changer de perspective en arrêtant de penser à court terme pour planifier à long terme, Leanne. Et il y a deux raisons de taille pour lesquelles il importe de prendre cette perspective à long terme. Tout d’abord, la perspective à long terme aide certainement à mieux planifier et à agir prudemment, et en général, le plus tôt on planifie, le plus d’options sont disponibles. L’autre raison, et probablement la plus importante, est que la planification à long terme peut aussi changer radicalement la façon dont nous évaluons les différentes options que nous avons quand nous partons à la retraite. Par exemple, une solution que j’ai trouvée lors de mes recherches, qui s’avérerait extrêmement précieuse pour les Canadiens, est leur option de reporter leurs prestations de Régime de pensions du Canada. Les Canadiens ne sont pas obligés de commencer à recevoir leurs prestations à l’âge de 60 ans. Ils peuvent attendre jusqu’à l’âge de 70 ans, et cela ferait plus que doubler cette rente viagère qui répond aux plus hautes normes d’excellence et permet d’avoir l’esprit tranquille. Il n’y a vraiment pas de meilleure stratégie financière pour obtenir des revenus de retraite sécurisés supplémentaires qui durent toute la vie.

Cependant, seulement 1 % des Canadiens l’utilise. En fait, 95 % des Canadiens commencent à recevoir leurs prestations avant l’âge de 65 ans. Et juste pour vous donner une idée de ce que cela représente, le Canadien moyen perd environ 100 000 $ de revenu issu de leur excellente rente viagère en commençant à recevoir ses prestations à 60 ans, plutôt qu’à 70 ans. Et vous pouvez imaginer combien ce genre de revenu garanti permanent peut tout changer pour une personne âgée de 80 ou 90 ans qui en a besoin pour financer ses soins et qui est très vulnérable. C’est donc une solution qui, à mon avis, pourrait être très efficace pour aider les gens à composer avec leur départ à la retraite aujourd’hui.

Leanne Kaufman :

Eh bien, merci beaucoup, Bonnie-Jeanne. Il reste beaucoup d’aspects à découvrir sur le sujet et j’espère que vous reviendrez nous en parler à nouveau. Mais avant de partir, dites-nous la chose que vous aimeriez que les auditeurs se rappellent à propos du fait de planifier pour vivre au moins 100 ?

Bonnie-Jeanne MacDonald :

Comme vous l’avez mentionné, Leanne, d’après les données du recensement, nous en sommes au stade où la plus grande population de Canadiens de l’histoire se trouve juste au bord de la retraite. Et je leur conseille d’adopter cette perspective à long terme lors de leur planification. C’est vraiment là où le manque est le plus criant en ce moment. Cela est vrai tant pour les Canadiens eux-mêmes que pour les décideurs concevant les politiques. Et je l’admets, les recherches sont claires sur ce point : c’est très difficile d’y arriver. Les humains sont bien meilleurs pour voir et résoudre des problèmes qui sont juste devant leurs yeux. Mais en matière de retraite, cette perspective à long terme est absolument cruciale pour prendre de bonnes décisions, non seulement pour nous-mêmes aujourd’hui, mais pour nous-mêmes plus tard, quand nous serons sûrement beaucoup plus fragiles.

Leanne Kaufman :

Merci beaucoup, Bonnie-Jeanne, pour vos précieuses indications à cet égard. Et bien sûr, les professionnels en placement de RBC Gestion de patrimoine – Canada disposent des outils et des ressources nécessaires pour aider nos clients à réfléchir à ces questions de façon concrète et à adopter cette perspective à long terme lors de la planification.

Vous trouverez d’autres ouvrages de Bonnie-Jeanne et du National Institute on Ageing au nia-ryerson.ca. Vous pouvez aussi consulter les idées de Bonnie-Jeanne sur son profil LinkedIn.

Bonnie-Jeanne, je vous remercie de nous avoir fait part des raisons pour lesquelles certains facteurs importants regardant nos vieux jours comptent au-delà de la richesse.

Bonnie-Jeanne MacDonald :

Merci beaucoup, Leanne. Ça a été un plaisir d’être ici !

Orateur final :

Qu’il s’agisse de planifier votre succession ou les besoins de votre famille ou de votre entreprise, ou de bien remplir votre rôle d’exécuteur testamentaire (appelé liquidateur au Québec) de la succession d’un être cher, nous pouvons vous guider, aplanir les difficultés et soutenir votre vision. Faites équipe avec RBC Trust Royal afin que les générations futures profitent longtemps de votre legs. Laisser un héritage, pas un fardeauMC. Allez à rbc.com/trustroyal.

Merci d’avoir été des nôtres lors de cet épisode de Au-delà de la richesse. Pour en savoir plus sur RBC Trust Royal, veuillez visiter notre site Web à rbc.com/trustroyal.


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