L’économie américaine est vulnérable et exposée. À quoi faut-il s’attendre ?

02 avril 2020 | Kelly Bogdanova


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Nous explorons les scénarios économiques qui pourraient se produire selon l’évolution du virus, ainsi que les différentes formes que pourrait prendre la reprise en 2021.

Nous assistons maintenant à une avalanche des données économiques négatives concernant la COVID-19. Au cours des deux dernières semaines, près de 10 millions de travailleurs américains ont déposé une demande de prestations d’assurance-emploi. Au Canada, l’activité manufacturière est passée à 46,1 en mars, tombant profondément en territoire de contraction. Ce n’est là que la pointe de l’iceberg, puisque beaucoup d’autres données seront publiées dans les prochaines semaines.

Nous croyons que les données économiques décevantes sont reflétées en grande partie dans la vaste liquidation rapide de titres survenue au cours du dernier mois, alors que le nombre de personnes infectées et décédées augmentait en Amérique du Nord et en Europe, et qu’environ la moitié de la population mondiale était sous le coup d’un ordre de confinement. Selon nous, il est raisonnable de croire que les marchés boursiers prennent déjà en compte des contractions marquées (et brèves) au sein des économies mondiales et développées, notamment celle des États-Unis.

Le plus difficile est toutefois de déterminer l’ampleur et la durée des replis économiques. Les nombreuses incertitudes sont l’une des principales raisons pour lesquelles nous avons récemment réduit la part des actions, passant d’une pondération neutre à une sous-pondération.

De notre point de vue, cette crise de la COVID-19 suscite plus d’incertitudes que la crise financière, que les lendemains du 11 Septembre et que l’éclatement de la bulle technologique. Nous pensons qu’il importe d’évaluer une vaste gamme de scénarios économiques, surtout s’agissant de la première économie de la planète.

Crise de 2020 : Quelles en seront l’ampleur et la durée ?

Durant la pandémie, les données sur lesquelles s’appuient les prévisions économiques changeront aussi rapidement que les « modèles » du virus qui sont utilisés par les représentants de la sécurité publique.

Ces données dépendent fortement de l’évolution du virus et des interruptions de la vie quotidienne (et, qui plus est, du prolongement de ces interruptions) qu’exigeront les gouvernements. Elles sont aussi tributaires de la vitesse à laquelle seront mis en œuvre les programmes d’aide financière et les mécanismes des banques centrales, et de leur efficacité du point de vue des ménages et des entreprises. Pour l’instant, nous ignorons ce qu’il en sera. Ces facteurs et bien d’autres ainsi que la nature inédite de cette crise expliquent pourquoi nous pensons qu’il est prudent d’examiner une vaste gamme de scénarios économiques pour 2020.

RBC Gestion mondiale d’actifs a préparé un tableau comptant neuf scénarios économiques qui varient en fonction de l’ampleur et de la durée de la crise de la COVID-19. Les scénarios prévoient une contraction économique faible, moyenne ou forte qui s’étendrait à court, moyen ou long terme.

Les neuf scénarios sont présentés dans le tableau du haut, ci-contre. Ils vont d’un faible repli de courte durée, qui se traduit par une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,9 % en 2020 (aucune récession), à une baisse forte et longue, qui entraînerait une chute marquée de 16,5 % de la croissance annuelle du PIB. Les autres scénarios se situent entre ces deux extrémités.

Crise de la COVID-19 : Quels sont les différents scénarios économiques ?

Les prévisions de croissance du PIB réel des É.-U. de RBC Gestion mondiale d’actifs en fonction de neuf scénarios qui varient selon la durée et l’ampleur de la contraction causée par la COVID-19

Prévisions actuelles en surbrillance : contraction d’ampleur et de durée moyennes qui mènerait à une baisse de 3,2 % de la croissance du PIB en 2020

Scénarios de croissance du PIB pour 2020
  Durée
Ampleur Short
4-week trough
Medium
10-week trough
Long
26-week trough

FaibleBaisse de 5 %

0,9 %

0,4 %

-0,9 %

MoyenneBaisse de 15 %

-1,7 % -3,2 %

-7,2 %

ProfondeBaisse de 30 %

-5,5 % -8,5 %

-16,5 %

Prévisions actuelles en surbrillance : contraction d’ampleur et de durée moyennes, suivie d’une hausse de 5,6 % de la croissance du PIB en 2021

Scénarios de croissance du PIB pour 2021
  Durée
Ampleur Short
4-week trough
Medium
10-week trough

Long
26-week trough

FaibleBaisse de 5 %

2,7 % 3,2 % 4,5 %

MoyenneBaisse de 15 %

4,1 % 5,6 % 9,9 %

ProfondeBaisse de 30 %

6,3 % 9,6 %

19,5 %

 

Source : RBC Gestion mondiale d’actifs, prévisions en date du 27 mars 2020. Les données montrent la variation annuelle moyenne en %. Dans l’hypothèse d’un repli prononcé avant l’atteinte du creux et d’une longue période de reprise.

Pour le moment, le scénario de base d’Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs, se trouve en plein centre du tableau : une baisse de durée et d’ampleur moyennes.

Il estime que ce scénario se traduirait par un recul de 3,2 % de la croissance du PIB aux États-Unis en 2020 (soit une baisse par rapport au repli de 2,8 % estimé précédemment et prévu avant la forte propagation du virus aux États-Unis). Selon les nouvelles prévisions, la production connaîtrait un repli marqué et bref de 15 % entre son sommet et son creux, puis une stabilisation suivie d’une amélioration. Même si les prévisions de M. Lascelles se trouvent en plein centre du tableau, elles constituent un énorme choc pour la production. Un recul annuel de 3,2 % de la croissance du PIB serait plus important que celui observé lors de la crise financière. En fait, il s’agirait du repli le plus important depuis 1946.

Pour que l’un des scénarios plus optimistes se concrétise, nous pensons qu’il faudra, à court terme, une diminution marquée des taux d’infection, des percées dans les traitements de la maladie ou des avancées significatives dans la fabrication de vaccins.

À l’inverse, l’un des pires scénarios pourrait se produire si le virus devient plus agressif que l’indiquent actuellement les modèles de santé ou si l’infection et les périodes d’interruption durent des mois plutôt que des semaines.

Reprise en 2021 : De quoi sera-t-elle faite ?

Nous ne croyons pas que la COVID-19 causera des dommages permanents à l’économie américaine ou aux profits de la majorité des entreprises. Nous considérons toujours que cette crise est temporaire. Même la grippe espagnole de 1918 – une pandémie beaucoup plus mortelle qui avait fait plus de 40 millions de victimes, surtout des jeunes adultes, après trois épisodes de contamination massive – n’a pas causé de dommage durable à la croissance économique mondiale.

Voilà pourquoi il est tout aussi important d’examiner les scénarios de reprise économique pour 2021 que les scénarios de chute pour 2020.

À l’aide d’un tableau semblable (tableau du bas, ci-contre) RBC Gestion mondiale d’actifs a élaboré neuf scénarios pour illustrer l’éventuel rebond économique aux États-Unis. Les scénarios vont d’un léger repli de courte durée, qui produirait un bond de 2,7 % en 2021, à une chute marquée et longue, qui entraînerait une importante hausse de 19,5 %, sans oublier toutes les combinaisons entre ces deux extrémités. Chaque scénario de reprise pour 2021 dépend de l’ampleur et de la durée de la chute en 2020.

Selon les prévisions de M. Lascelles, une contraction de durée et d’ampleur moyennes en 2020 entraînerait un rebond de 5,6 % du PIB. Il s’agit là de son scénario de base.

Corriger le tir

Les événements des semaines et des mois à venir devraient donner une meilleure idée des risques auxquels l’économie américaine est toujours exposée L’ampleur et la durée des retombées de la COVID-19 auront un effet sur l’ampleur et la durée de la crise, qui à son tour aura des répercussions sur l’ampleur et la durée de la correction sur les marchés boursiers.

Dès que se combineront d’une quelconque manière les effets d’un ralentissement de la progression de la pandémie avec des signes démontrant que les interventions politiques produisent les résultats escomptés, le marché retrouvera selon nous son calme. Les investisseurs pourront alors se concentrer sur l’amélioration des perspectives pour 2021.


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