Femmes et patrimoine : un mariage qui s’annonce radieux

05 avril 2024 | Tasneem Azim-Khan, Vice-présidente et stratégiste en chef, Placements, RBC Phillips, Hager & North Services-conseils en placements inc.


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Bien que des progrès aient été réalisés, les femmes continuent d’être grandement défavorisées par l’écart salarial entre les sexes dans le monde entier.

« Formez les rangs, mesdames ! » — Beyoncé

En 2023, l’économie féminine a fait les manchettes. Il était question de femmes qui stimulaient les ventes d’entreprises en difficulté, qui faisaient se remplir et redevenir rentables les cinémas, bref, qui étaient à l’origine d’un effet multiplicateur à l’échelle mondiale.

Allez, Barbie, que la fête commence !

Réalisé par Greta Gerwig et Margot Robbie (coproductrice et vedette), affichant une distribution presque exclusivement féminine, le film Barbie a battu plusieurs records du box-office. Le long métrage le plus rentable réalisé par une femme est aussi le film le plus rentable jamais distribué par la Warner Bros. aux États-Unis.

À la suite de sa sortie très attendue en juillet, Barbie a rapporté des recettes mondiales stupéfiantes de 1,4 milliard de dollars américains et est demeuré 12 semaines dans le top 10 américain – du jamais vu !

Chapeau bas à la Queen Bey

Toujours en 2023, la tournée mondiale de Beyoncé (« Renaissance ») a eu un succès retentissant. À l’échelle mondiale, les recettes ont atteint 579 millions de dollars américains. Les 56 concerts organisés dans 39 villes ont rassemblé près de 2,7 millions d’admirateurs.

On a beaucoup parlé des retombées économiques de la chanteuse. Pour évoquer l’impact de la tournée sur les villes et sur ses entreprises, Yelp a forgé l’expression « Beyoncé bump », qui évoque l’idée de choc.

De fait, la tournée a eu dès le début un effet multiplicateur marqué sur les marchés locaux. Certains économistes suédois ont même tenu Beyoncé responsable du gonflement artificiel des prix à la consommation observés pendant son passage à Stockholm. Aux États-Unis, les fans de l’artiste ont envahi les villes où elle se produisait, stimulant les affaires des entreprises locales.

Un article du magazine Fortune révèle que, sur Yelp, les recherches concernant les techniciennes en pose d’ongles ont été trois fois plus nombreuses que pendant la même période de 2022 ; les recherches sur les bars et restaurants situés à proximité des lieux de spectacle ont bondi quant à elles de 160 %.

Au total, la tournée a généré environ 4,5 milliards de dollars aux États-Unis – presque autant que les Jeux olympiques de 2008 à Beijing, selon The New York Times.

L’effet Taylor Swift

La tournée « Eras » de Taylor Swift (53 concerts) a généré des ventes de billets de 1,04 milliard de dollars américains – un montant astronomique. D’après le magazine Pollstar, consacré aux concerts, il s’agit de la première tournée à avoir franchi le cap du milliard.

La tournée pourrait rapporter plus de 4 milliards de dollars à la star, soit les revenus les plus élevés jamais enregistrés par un artiste en une seule fois. On estime qu’en tout, la tournée aura stimulé l’économie nationale à hauteur de 5,7 milliards de dollars, soit de quoi offrir 20 $ à chaque Américain. Quant au film Taylor Swift: The Eras Tour, sorti en salles dès le mois d’octobre, il a permis d’engranger plus de 250 millions de dollars.

Ce ne sont là que quelques exemples de la montée en puissance économique des femmes et de leur contribution grandissante à la croissance.

Mais les vedettes ne sont pas les seules à exercer un impact marqué sur l’économie. Sur la planète, plus de 80 % des décisions d’achat sont prises par des femmes. Près de 40 % du produit intérieur brut mondial est attribuable aux femmes.

Un pouvoir économique grandissant

Tout cela coïncide avec le « grand transfert de patrimoine » – un changement radical dans la répartition de la richesse entre les hommes et les femmes.

D’ici la fin de la décennie, selon une étude publiée par McKinsey & Company en 2020, les femmes devraient contrôler aux États-Unis un total historique de 30 billions de dollars d’actifs. « Un transfert potentiel de patrimoine d’une telle ampleur qu’il avoisine le PIB annuel du pays ».

En comparaison, on estime que, d’ici 2028, les Canadiennes contrôleront 4 billions de dollars d’actifs, soit presque le double du montant actuel (2,2 billions de dollars).

Ce transfert de richesse est attribuable en bonne partie aux mécanismes démographiques : à leur décès, les hommes de la génération du baby-boom lèguent généralement leurs biens à leur femme, laquelle est habituellement plus jeune et a une espérance de vie supérieure de six ans en moyenne, d’après une étude publiée par la revue JAMA Internal Medicine.

De plus, la tendance montre que les femmes génèrent plus de richesse, du fait de leur participation accrue sur le marché du travail et dans l’entrepreneuriat.

Les Canadiennes sont parmi les femmes dont le niveau de scolarité est le plus élevé au monde , d’après un rapport publié en 2022 par Statistique Canada : plus des deux tiers (68 %) des 25-64 ans avaient en 2021 un diplôme collégial ou universitaire, contre 44 % en moyenne dans l’ensemble des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

D’après le Pew Research Center, qui a analysé les données gouvernementales, les Américaines comptent aujourd’hui – et ce, depuis le second semestre de 2019 – pour plus de la moitié de la population active titulaire d’un diplôme collégial.

Les ramifications de la mainmise des femmes sur leur pouvoir économique sont vastes et profondes. Comme elles n’exercent pas leur pouvoir d’achat de la même manière que les hommes, un changement de cette ampleur pourrait se répercuter sur les dépenses discrétionnaires (commerce de détail, voyages, etc.), sur les systèmes et services de santé et sur l’univers des placements.

L’écart salarial entre les sexes demeure une réalité

La mise à la disposition des femmes d’un niveau de richesse sans précédent offre à certaines d’entre elles la possibilité bien réelle de s’intéresser de près aux placements, mais force est de reconnaître que, de manière générale, la plupart sont encore confrontées à l’écart salarial entre les sexes.

En 2022, les Américaines gagnaient en moyenne 82 % de ce que touchaient les hommes, selon le Pew Research Center. Le sort des Canadiennes est légèrement plus enviable : elles touchent 89 % de la rémunération moyenne des hommes.

L’écart est nettement plus marqué pour les femmes racisées, les femmes autochtones et les femmes handicapées1.

La situation de celles qui assument des rôles d’aidant naturel est encore moins favorable, puisque cela se traduit habituellement par une suspension de leur carrière, donc par des baisses de revenu et d’épargne. D’après Statistique Canada, plus de la moitié des femmes d’au moins 15 ans s’occupaient d’enfants ou d’adultes en 2022 ; elles étaient beaucoup plus susceptibles que les hommes de prodiguer des soins2.

Il s’ensuit que les placements que font les femmes dépendent généralement de leur situation financière présente et qu’elles prennent en compte non seulement leurs avoirs, mais aussi les questions de santé, de mode de vie et d’héritage. Toujours selon le rapport McKinsey précité, 70 % des femmes qui héritent sont susceptibles de changer de conseiller financier, étant probablement à la recherche de quelqu’un qui comprendra mieux leurs objectifs. Se combinant à une vision plus claire et plus large de leurs objectifs de placement par les femmes, le transfert croissant, à leur profit, du pouvoir économique qui était jusqu’ici l’apanage des hommes contribuera à la croissance et à la stabilité des actifs des intéressées au cours des prochaines années.


Source :

1 “L’écart de rémunération : Qu’est-ce que l’écart de rémunération entre les genres ?” Fondation canadienne des femmes, 23 dec. 2022, https://canadianwomen.org/fr/les-faits/lecart-salarial/  .

2 “Plus de la moitié des femmes s’occupent des enfants ou des adultes dépendants de soins au Canada, 2022” Statistics Canada, 8 nov. 2022, https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/221108/dq221108b-fra.htm .


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