Dissiper les incertitudes auxquelles font face les marchés boursiers

21 mars 2025 | Kelly Bogdanova


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Le moins qu’on puisse dire, c’est que les marchés et les investisseurs ont connu une période difficile. Compte tenu de ce que l’on peut considérer comme une dynamique des marchés déroutante en rapide évolution, nous nous penchons sur quatre questions

Dissiper les incertitudes auxquelles font face les marchés boursiers

clés.

 

Une avalanche de nouvelles a déferlé sur les marchés financiers au cours des dernières semaines – des montagnes russes de menaces liées aux tarifs douaniers et des indicateurs économiques américains (qui sont rapidement passés de robustes à plutôt ternes), aux changements dans la façon de penser de la Réserve fédérale et les mesures politiques étrangères notables.

Voici les réponses aux questions les plus courantes que nous posent les clients, dans le but de clarifier ce contexte de placement unique.

La stagflation est-elle envisagée, et qu’en est-il d’une récession?

Un certain nombre d’indicateurs économiques du premier trimestre se sont affaiblis et nous pensons que la croissance du PIB des États-Unis pour le trimestre sera inférieure – peut-être nettement inférieure – à la prévision consensuelle actuelle de 2,1 %, lorsque les données préliminaires seront publiées le 30 avril.

À ce stade-ci, nous ne pouvons pas exclure que les tendances anémiques se propagent au deuxième trimestre.

Services économiques RBC a récemment revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB des États-Unis pour l’ensemble de l’année 2025, les faisant passer de 2,0 % à 1,6 %. Pas plus tard qu’hier, la Réserve fédérale américaine (Fed) a révisé à la baisse ses prévisions, les faisant passer de 2,1 % à 1,7 %.

La banque centrale a même laissé entrevoir un bond des risques de stagflation.

Pour ceux qui sont assez âgés pour se souvenir de la stagflation extrême des années 1970 – une période de malaise économique prolongé et d’inflation très élevée –, ce n’est pas ce que la Fed laisse entendre. Toutefois, la banque centrale américaine estime que le potentiel de croissance du PIB pourrait faiblir cette année et atteindre un taux inférieur à la moyenne et que l’inflation pourrait grimper quelque peu en raison des risques liés aux tarifs douaniers.

Nous croyons que les craintes à l’égard des tarifs douaniers ont pesé sur certains indicateurs économiques du premier trimestre, en particulier ceux liés à la confiance des consommateurs, des entreprises et des investisseurs, et certains signes indiquent que cette situation entraîne un repli des dépenses dans l’ensemble.

Toutefois, cette faiblesse pourrait aussi être attribuable aux fluctuations normales du cycle économique.

Comme notre collègue Tom Garretson l’a souligné, ce cycle d’expansion économique dure depuis 58 mois, ce qui est tout près de la moyenne à long terme de 60 mois observée depuis 1933. Le cycle économique pourrait simplement arriver à maturité et ralentir comme il l’a fait à de nombreuses reprises, et ce processus pourrait s’être accéléré en raison des incertitudes politiques à Washington.

Même si notre scénario de base et celui des économistes de RBC pour cette année n’est pas une récession, nous surveillons de près les indicateurs de récession importants et d’autres données économiques pertinentes.

Combien de temps encore les montagnes russes tarifaires dureront-elles?

Voici notre point de vue en ce qui concerne les tarifs douaniers : plus les tarifs douaniers sont élevés et plus longtemps ils durent, plus le PIB va en pâtir.

Au bout du compte, l’économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs Inc., Eric Lascelles, croit toujours que nous sommes plus susceptibles de nous retrouver avec des hausses modérées de tarifs et que certains des tarifs importants qui sont imposés seront éliminés ou réduits après la négociation d’accords commerciaux.

Bien entendu, les marchés pourraient continuer de traverser un chemin cahoteux d’ici là.

Toutefois, il y a des signes précurseurs que l’équipe économique du président Donald Trump – composée de gens qui ont passé de nombreuses années à occuper des postes de direction à Wall Street – a entendu le message du marché des dernières semaines, soit qu’il faut au moins atténuer les perturbations et déployer les tarifs douaniers de façon plus ordonnée.

Il semble que le représentant au Commerce des États-Unis, Jamieson Greer, jouera un rôle plus important dans la coordination du déploiement des tarifs douaniers réciproques en avril, et qu’un processus officiel sera mis en place pour que les entreprises et les autres principales parties prenantes puissent formuler leurs commentaires avant leur mise en œuvre.

Des négociations sont déjà en cours avec certains partenaires commerciaux, et ce processus se poursuivra, en partie sous les projecteurs et en grande partie en coulisses. Il faut que ce processus se déroule.

Nous prévoyons une plus grande volatilité liée aux tarifs douaniers sur les marchés cette année, du moins. Les leçons tirées de la bataille commerciale entre les États-Unis et la Chine durant le premier mandat de Trump sont utiles à retenir.

Quels sont les risques de baisse et le potentiel de hausse pour le marché boursier américain?

Compte tenu des vulnérabilités économiques, Lori Calvasina, chef, Stratégie sur actions américaines, RBC Capital Markets, LLC, a récemment abaissé son cours cible de fin d’année pour l’indice S&P 500, le faisant passer de 6 600 à 6 200. Cela se traduit par une hausse de près de 9,3 % par rapport au niveau de clôture de 5 675 le 19 mars. Ce cours cible tient compte de la croissance prévue de 1,6 % du PIB pour 2025 par Services économiques RBC.

Il est important de garder à l’esprit ce que sont et ne sont pas les cours cibles.

Calvasina décrit son processus comme « une boussole, et non un GPS », et précise que sa cible de cours est un « mécanisme de signalisation conçu pour refléter notre vision générale de l’orientation des actions ». Elle tient compte de cinq modèles et d’un large éventail de données économiques et autres pour déterminer sa cible de cours. Nous considérons qu’il s’agit d’un processus rigoureux et bien conçu.

Fait important, elle réviserait la cible « si ou lorsque de nouveaux renseignements pertinents pour nos prévisions deviennent disponibles… »

Calvasina a également revu à la baisse ses prévisions de bénéfices pour l’indice S&P 500 pour 2025, les faisant passer à 264 $ l’action, ce qui est nettement inférieur à la prévision consensuelle de Bloomberg de 271 $ l’action formulée par les analystes sectoriels de Wall Street. Nous pensons que cette dernière prévision finira par être abaissée au cours des prochains mois.

En ce qui a trait au risque de baisse du marché, le « scénario baissier » de Calvasina pour l’indice S&P 500 est de 5 550 à la fin de l’année, ce qui est légèrement inférieur au niveau actuel du marché. Ce scénario intègre une croissance plus terne du PIB de 0,1 % à 1,0 % pour l’ensemble de l’année 2025. Dans le cadre de ce « scénario baissier », nous sommes conscients que l’indice S&P 500 pourrait passer sous la barre de 5 550 avant de terminer l’année autour de ce point.

Étant donné qu’au 19 mars, l’indice S&P 500 avait reculé de 7,6 % par rapport à son sommet historique atteint à la mi-février, nous sommes d’avis qu’il est également utile de surveiller les indicateurs à contre-courant, comme l’enquête de l’American Association of Individual Investors (AAII) qui tente de mesurer la confiance des investisseurs.

Selon cette enquête, la proportion de gens qui pensent que le marché va grimper a plongé à des niveaux très bas, tandis que la proportion de ceux qui pensent que le marché va baisser a augmenté à des niveaux très élevés. Par le passé, cette situation a indiqué que le marché pourrait rebondir, du moins en quelques mois.

Lorsque les niveaux d’optimisme et de pessimisme de l’enquête AAII dans le passé étaient aussi extrêmes qu’ils le sont actuellement, l’indice S&P 500 a progressé d’environ 10 % en moyenne neuf mois plus tard. Ce bond se rapproche du potentiel de hausse intégré au cours cible de 6 200 de Calvasina pour l’indice S&P 500.

Quelle est la façon la plus prudente de positionner les portefeuilles d’actions en cette période d’incertitude accrue?

Nous pensons que les portefeuilles devraient conserver des placements en actions jusqu’à leur niveau de répartition stratégique à long terme, sans toutefois le dépasser. Autrement dit, nous ne surpondérons pas les actions pour l’instant. Une pondération inférieure ou égale à celle du marché nous semble plus appropriée compte tenu des risques de baisse et du potentiel de hausse.

Nous pensons qu’il est prudent de détenir une proportion élevée de titres de qualité. Il s’agit d’actions de sociétés dirigées par de fortes équipes de direction qui ont déjà résisté aux fluctuations du cycle économique et qui ont fait preuve d’efficacité dans la gestion de leurs dépenses en période d’incertitude économique tout en profitant des occasions qui se présentent.

Dans cette catégorie, nous privilégions les actions à dividende croissant et à bénéfices stables, en particulier les actions de croissance à prix raisonnable.


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