Identifier les facteurs de la surperformance des actions américaines

11 juillet 2024 | Ben Graham, CFA


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Bien que l’IA et les « sept merveilles » aient été des leaders extrêmement voyants, nous mettons en lumière deux autres tendances qui ont une incidence indéniable sur le rendement du portefeuille et nous penchons sur la façon d’aborder les actions...

Identifier les facteurs de la surperformance des actions américaines

L’indice S&P 500 poursuit son ascension en 2024, malgré une myriade de préoccupations, et le nombre de meneurs demeure limité. Il en résulte un marché haussier peu attrayant pour de nombreux investisseurs, car la poussée vers les sommets records peut sembler injustifiée d’un point de vue économique, ou frustrante pour les portefeuilles qui ne sont pas suffisamment exposés aux titres derrière la majorité des gains du marché.

Au-delà de l’étroitesse du marché, certaines tendances de rendement supérieur connues persistent en 2024. L’un de ces facteurs est généralement associé à la surperformance, tandis que l’autre, d’un point de vue stylistique, demeure une force sur le marché.

Restez à l’affût des signes de rendement – en dividende

Les faibles rendements en dividende demeurent fortement corrélés avec les rendements supérieurs, ce qui signifie que les actions à rendement élevé sont à la traîne des actions à rendement faible.

Fait intéressant, certains titres technologiques à mégacapitalisation sont passés de la catégorie des titres sans rendement à la catégorie des titres à très faible rendement de 1 % ou moins (parmi les titres qui ont récemment commencé à verser un dividende, mentionnons Meta Platforms et Alphabet), et la catégorie des titres sans rendement est l’un des segments les moins performants, ayant crû de seulement 3,4 % en moyenne depuis le début de l’année. Le segment des actions sans rendement du marché a inscrit une performance inférieure à celle de tous les autres segments, en moyenne, à l’exception des actions dont le taux de rendement est supérieur à 3 %.

Toutefois, les données moyennes ne disent pas tout. Bon nombre des titres sans rendement se sont très bien comportés. Lorsque l’on tient compte du ratio d’encaissement des hausses et des baisses des actions sans rendement, le profil de rendement s’améliore considérablement.

Rendements de l’indice S&P 500 en 2024 par groupes de taux

Les sociétés qui génèrent de faibles rendements en dividendes dominent le marché, alors que les actions au rendement le plus élevé représentent le pire segment.

  Rendement
0 % < 1 % < 2 % < 3 % > 3 %
Moyenne 3,4 % 18,0 % 5,2 % 5,4 % 0,9 %
Meilleur rendement 215,1 % 165,3 % 56,2 % 54,9 % 31,4 %
Pire rendement -43,3 % -18,1 % -36,8 % -32,6 % -56,8 %
Ratio élevé/faible 5,0x 9,2x 1,5x 1,7x 0,6x
% de sociétés à rendement supérieur à 0 % 48,5 % 75,6 % 63,1 % 59,1 % 57,7 %
Nombre de sociétés du S&P 500 99 82 103 88 130
Rendement total S&P 500 (cumul annuel) 17,8 %        

Sources : RBC Gestion de patrimoine, FactSet; données prises en compte jusqu’au 9 juillet 2024

Notre étude indique que le rendement en dividende élevé demeure un élément central de la sous-performance en 2024. En revanche, de nombreux titres sans rendement et le groupe des titres à faible rendement dans son ensemble sont corrélés avec la surperformance. Par exemple, les actions dont le rendement est inférieur à 1 % ont progressé de 18,0 % en moyenne depuis le début de l’année, surpassant l’excellente performance de 17,8 % de l’indice S&P 500.

La raison pour laquelle le rendement de la catégorie des titres les plus performants est si proche de celui de l’indice de référence est que l’étude traite les moyennes sur une base équipondérée, et le fait que l’indice S&P 500 pondère ses titres en fonction de la capitalisation signifie que les plus grandes sociétés, qui par ailleurs sont aussi parmi les plus performantes, ont une incidence démesurée sur le rendement de l’indice.

Division des révisions

Les révisions à la hausse des estimations des bénéfices sont l’autre moteur de surperformance, plus constant à terme.

Cette année, les sociétés pour lesquelles les estimations consensuelles de bénéfices pour 2024 ont augmenté ont surpassé celles dont les estimations des bénéfices par action (BPA) ont été revues à la baisse.

Nous avons segmenté les changements des estimations de BPA en six catégories, des pires aux meilleures, et nous avons constaté que chaque fois qu’un BPA estimé passe à une catégorie supérieure, le cours moyen de l’action augmente. Par exemple, les actions dont les estimations de bénéfices ont baissé de plus de 10 % (le pire segment) ont perdu 5,1 % en moyenne depuis le début de l’année. Mais les actions dont les estimations de bénéfices ont monté de plus de 10 % (le meilleur segment) ont gagné 26,6 % en moyenne.

Les révisions à la hausse des estimations sont l’un des indicateurs traditionnels du rendement supérieur d’une action, ce qui est toujours vrai en 2024, malgré tous les vents contraires présents sur le marché.

En faisant le lien entre les rendements en dividende et les révisions des estimations de bénéfices, il nous apparaît évident que les actions de l’indice S&P 500 qui ont récemment été très performantes affichent généralement un rendement en dividende inférieur à la moyenne et une révision des estimations de bénéfices supérieure à la moyenne.

Les 10 titres les plus performants de l’indice S&P 500 en 2024 ont inscrit un rendement moyen de 94,7 %, surpassant nettement le gain de 17,8 % de l’indice S&P 500. Le rendement en dividende moyen de ce groupe de sociétés surperformantes est de 0,7 %, soit environ la moitié de celui du marché, tandis que la révision à la hausse moyenne des estimations pour 2024 est de 17,0 %, soit plus de 7 fois celle du marché.

Le contexte est important

Pour repérer les occasions de placement futures, nous pensons qu’il est utile de comprendre les récentes fluctuations du marché, car elles peuvent nous éclairer lors de la prise de décisions prospectives.

À l’heure actuelle, nous sommes dans un marché porté par un petit nombre d’entreprises seulement et caractérisé par la surperformance des actions à faible rendement en dividende, dans un contexte de ralentissement de l’inflation avec un taux de chômage toujours gérable. Lorsque ces facteurs changeront, nous croyons que les actions de grande qualité qui ont été sous-performantes en profiteront probablement.

En utilisant le panier d’actions de l’indice Dividend Aristrocrats (sociétés de l’indice S&P 500 qui ont augmenté leur dividende à chacune des 25 dernières années) comme échantillon d’actions de qualité supérieure sous-performantes, on voit que ce panier est enlisé dans sa pire performance sur plusieurs années jamais enregistrée.

Sur les 20 dernières années, 2023 a été la pire année de l’indice Dividend Aristrocrats par rapport à l’indice S&P 500, comme le montre le tableau de la page précédente. Jusqu’à présent, 2024 est en voie de devenir la deuxième année parmi les pires. De plus, quatre des cinq pires années de sous-performance se sont produites depuis 2019.

Les dividendes Aristrocrate ont inscrit un rendement inférieur à celui du marché ces dernières années

La sous-performance des dividendes Aristocrate continue de frôler les plus bas niveaux jamais enregistrés, avec les trois pires années depuis 2020.

Année Dividendes Aristocrate1 S&P 5002 Différence Rang (1 = pire) Écart cumulatif sur 5 ans
20243 1,1 % 17,8 % -16,7 % 2 -44,8 %
2023 8,4 % 26,3 % -17,8 % 1 -29,0 %
2022 -6,2 % -18,1 % 11,9 % 21 3,0 %
2021 26,0 % 28,7 % -2,7 % 7 -25,9 %
2020 8,7 % 18,4 % -9,7 % 3 -18,9 %
2019 28,0 % 31,5 % -3,5 % 5 -2,8 %
2018 -2,7 % -4,4 % 1,7 % 16 4,4 %
2017 21,7 % 21,8 % -0,1 % 12 2,2 %
2016 11,8 % 12,0 % -0,1 % 10 3,9 %
2015 0,9 % 1,4 % -0,5 % 9 15,0 %
2014 15,8 % 13,7 % 2,1 % 17 26,4 %
2013 32,3 % 32,4 % -0,1 % 11 24,9 %
2012 16,9 % 16,0 % 0,9 % 14 40,9 %
2011 8,3 % 2,1 % 6,2 % 20 26,4 %
2010 19,4 % 15,1 % 4,3 % 18 23,6 %
2009 26,6 % 26,5 % 0,1 % 13 15,7 %
2008 -21,9 % -37,0 % 15,1 % 23 17,9 %
2007 -2,1 % 5,5 % -7,6 % 4 -10,4 %
2006 17,3 % 15,8 % 1,5 % 15 23,7 %
2005 3,7 % 4,9 % -1,2 % 8 47,2 %
2004 15,5 % 10,9 % 4,6 % 19 70,2 %
Moyenne 10,9 % 11,5 % -0,6 %    
Médiane 11,8 % 15,1 % -3,2 %    

Remarques : (1) Les dividendes Aristocrate sont des sociétés qui ont augmenté leurs dividendes au cours de chacune des 25 dernières années. (2) Les rendements de l’indice S&P 500 sont des rendements totaux. (3) Les résultats de 2024 sont en cumul annuel jusqu’au 9 juillet 2024.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, FactSet

Il s’agit d’une période de sous-performance sans précédent pour les actions Dividend Aristrocrats par rapport à l’indice S&P 500.

Étant donné que ce style de placement a été largement délaissé, la probabilité que les actions de haute qualité enregistrent un rendement supérieur lorsque le contexte de placement changera est beaucoup plus élevée aujourd’hui qu’habituellement, selon nous. Plus particulièrement, les actions Dividend Aristocrats ont historiquement réalisé leur meilleur rendement pendant et après les ralentissements économiques.

De notre point de vue, la thèse fondamentale pour ces actions de grande qualité est soutenue par des valorisations intéressantes par rapport au reste du marché et des modèles d’affaires qui ont historiquement mieux résisté à la volatilité économique que le marché dans son ensemble.

Bien que la performance du marché soit le fait d’un nombre de titres désespérément petit, nous estimons qu’il est important pour les investisseurs de faire preuve de rigueur et de constance et de suivre leur plan de placement tout en restant à l’affût des occasions futures. Nous sommes d’avis que les actions de haute qualité qui versent un dividende seront dans une bonne position lorsque le contexte d’investissement changera à nouveau, ce qui ne manquera pas de se produire.


Ressources pour les recherches 

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