Voici un résumé du récent rapport spécial de Perspectives mondiales publié dans le cadre de la série « Innovations » de RBC Gestion de patrimoine.
Nous proposons un tour d’horizon d’un nombre croissant d’innovations biotechnologiques qui pourraient révolutionner la lutte contre deux grands défis liés à l’âge, soit le cancer et la maladie d’Alzheimer, et nous examinons comment les médicaments conçus pour lutter contre l’obésité pourraient éventuellement traiter un éventail beaucoup plus large de problèmes de santé. Nous cherchons également des moyens de positionner les portefeuilles selon le thème du vieillissement.
Un traitement contre le cancer commence à se dessiner?
Le cancer est la deuxième cause de décès chez les personnes âgées. Les récents progrès scientifiques ont accéléré le développement de vaccins contre le cancer, une approche de plus en plus viable pour traiter le cancer.
Vaccins contre le cancer
La plupart des vaccins antiviraux traditionnels fonctionnent en introduisant des composants spécifiques d’un organisme infectieux – appelés antigènes – dans le système immunitaire. L’objectif est d’induire une réaction immunitaire et d’établir une « mémoire », pour que le corps reconnaisse facilement qu’un agent infectieux est étranger.
Le cancer représente toutefois un défi unique, car il naît des propres cellules du corps, de sorte qu’il est difficile pour le système immunitaire de le reconnaître comme étranger. La découverte, il y a plusieurs années, que de nombreuses cellules cancéreuses sont couvertes d’antigènes uniques, appelés « néo-antigènes » a été une percée.
Les vaccins contre le cancer introduisent les néo-antigènes directement dans l’organisme, entraînent le système immunitaire à les reconnaître comme étrangers et à cibler les cellules cancéreuses qui les transportent.
Vaccins personnalisés contre le cancer
Les avancées de cette technologie ont fait naître l’idée de vaccins personnalisés contre le cancer adaptés aux mutations propres à un patient. Après une biopsie, la tumeur est profilée et les mutations susceptibles de produire des protéines pouvant être reconnues par le système immunitaire sont identifiées. Un vaccin peut ensuite être développé rapidement pour cibler les néo-antigènes produits par ces mutations.
Mais si le processus est rapide, il est également très coûteux. Les scientifiques cherchent à mettre au point des vaccins en vente libre qui peuvent fonctionner pour de vastes populations en ciblant des tumeurs courantes.
Les vaccins contre le cancer diffèrent des vaccins traditionnels, car ils visent à guérir plutôt qu’à prévenir une maladie. Les vaccins contre le cancer pourraient un jour réduire la dépendance aux traitements plus invasifs comme la chimiothérapie.
Les maladies cardiovasculaires, le cancer et la maladie d’Alzheimer sont au sommet
Principales causes de décès chez les Canadiens âgés de 85 ans et plus (2023)
Le graphique circulaire montre les principales causes de décès chez les Canadiens âgés de 85 ans et plus en 2023. Les maladies cardiaques ont été la principale cause de décès, représentant 21,5 % du nombre total de décès, suivies du cancer (15,5 %), des maladies respiratoires (6,2 %), des accidents vasculaires cérébraux et des anévrismes (5,4 %), des accidents (5,1 %), de la COVID-19 (3,6 %) et de la maladie d’Alzheimer (2,9 %).
Remarque : les principales causes de décès chez les personnes âgées sont semblables dans la plupart des pays développés.
Sources : RBC Gestion de patrimoine, Statistique Canada
Des progrès encourageants pour contrer la maladie d’Alzheimer
Rendu à 85 ans, la probabilité de développer cette maladie dévastatrice est actuellement d’un sur trois, d’après le National Institute on Ageing américain.
Les progrès dans la recherche de traitements ont été lents, en partie parce que la cause profonde de la maladie s’avère difficile à identifier.
De nombreux scientifiques pensent que la maladie d’Alzheimer est fort probablement causée par une accumulation anormale de protéines bêta-amyloïdes dans le cerveau, formant des plaques qui déclenchent la formation d’écheveaux d’une autre protéine, la protéine tau. Les chercheurs croient que ces formations mènent à un dysfonctionnement des neurones et éventuellement à la mort.
Les scientifiques se sont ainsi concentrés sur le ciblage des protéines amyloïdes et ont mis au point le lecanemab et le donanemab, deux médicaments qui agissent en remplissant le flux sanguin d’anticorps qui se lient aux plaques bêta-amyloïdes, ce qui incite les cellules immunitaires à les éliminer. Cependant, des préoccupations persistent quant à l’efficacité, la commodité, le coût et même l’innocuité des traitements.
Aujourd’hui, de plus en plus de scientifiques soutiennent que les plaques et les écheveaux ne sont pas la cause de la maladie d’Alzheimer, mais plutôt la réaction de l’organisme à une infection virale sous-jacente. Si un tel lien peut être établi avec certitude, l’élimination d’un virus au moyen de la vaccination ou de médicaments antiviraux pourrait devenir un moyen de prévenir ou de traiter la maladie.
Même si les traitements actuels contre la maladie d’Alzheimer n’offrent qu’un confort limité aux personnes déjà touchées par la maladie, ils constituent un pas en avant important.
GLP-1 : les médicaments miracles?
Conçus initialement pour le diabète de type 2, le peptide-1 de type glucagon, ou les médicaments GLP-1, ont gagné une grande notoriété en 2021 pour leur efficacité dans le traitement de l’obésité.
Les médicaments GLP-1 sont des versions synthétiques d’une hormone intestinale naturelle qui aide à contrôler les niveaux de glycémie en causant la sécrétion d’insuline et en ralentissant la digestion.
En outre, les médicaments GLP1 sont à l’étude en tant que traitements potentiels pour un éventail d’une grandeur jamais vue d’autres problèmes de santé, qui vont bien au-delà de la recherche habituelle de nouveaux marchés pour leurs médicaments par les sociétés pharmaceutiques.
En fait, en mars 2024, le sémaglutide, un médicament de GLP-1 vendu sous le nom d’Ozempic pour le diabète et Wegovy pour la perte de poids, a été approuvé aux États-Unis pour traiter les maladies cardiovasculaires chez les patients en surpoids. Des essais sont également en cours pour évaluer si les médicaments GLP1 pourraient être utilisés pour traiter les maladies chroniques des reins et du foie, entre autres.
L’une des raisons expliquant cet optimisme est que les médicaments GLP-1 semblent soutenir la santé cellulaire. Lorsque les cellules ayant des récepteurs GLP-1 deviennent dysfonctionnelles, le traitement au moyen des médicaments GLP-1 semble les aider à se rétablir. Ces médicaments peuvent donc réduire l’inflammation dans tout l’organisme. Comme l’inflammation est considérée comme un déclencheur clé de nombreuses maladies, les avantages potentiels des médicaments GLP1 pourraient s’étendre au-delà de leurs utilisations actuelles.
La biotechnologie et au-delà
La biotechnologie est le secteur qui saute aux yeux quand vient le temps d’investir dans le thème de la lutte contre le vieillissement. Les sociétés biotechnologiques sont souvent considérées par les investisseurs comme le bassin de recherche des grandes sociétés pharmaceutiques. Compte tenu des liquidités abondantes dans leur bilan et d’un chiffre d’affaires annuel en produits pharmaceutiques de plus de 350 milliards de dollars à risque au cours de la prochaine décennie en raison de l’expiration des brevets, les activités de fusions et d’acquisitions des sociétés pharmaceutiques pourraient bien s’accélérer.
D’autres industries pourraient aussi connaître des changements dans la demande à mesure que la population vieillit, et en profiter :
Medtech cherche également à s’attaquer aux problèmes de santé liés à l’âge. Par exemple, la chirurgie robotique rend les traitements plus sûrs et peu invasifs, et pourrait devenir la norme d’ici 10 à 15 ans, selon Nature Medicine.
Les sociétés d’assurance et de gestion de patrimoine pourraient très bien se retrouver avec un public attentif, alors que les particuliers devront réfléchir à la façon de faire durer leur épargne plus longtemps qu’eux.
Les constructeurs d’habitations pourraient faire face à une hausse de la demande des ménages multigénérationnels dans certaines régions et à un besoin croissant de maisons unifamiliales dans d’autres.
La possibilité de vieillir en santé semble plus grande aujourd’hui qu’il y a 20 ans, grâce à l’essor des innovations biotechnologiques. Parallèlement, les secteurs industriels, comme les constructeurs d’habitations, élaborent des solutions pour rendre les étapes plus avancées de la vie plus confortables et sécuritaires. Nous croyons que ces secteurs présentent des occasions intéressantes à long terme aux investisseurs à mesure que la population vieillit.
Pour en savoir plus à ce sujet, consultez le rapport spécial.