La course à la gestion de la démence au Canada

一月 18, 2023 | Leanne Kaufman


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Le Canada, avec sa population vieillissante, peut-il suivre le rythme des efforts déployés dans le monde pour lutter contre la démence ? Nous examinons les résultats du rapport 2022 de CanAge sur la démence au Canada.


« Nous avons entrepris de déterminer dans quelle mesure notre pays était prêt à faire face à la situation en matière de démence. Si nous nous attendions à de mauvais résultats, nous ne nous attendions pas à ce qu’ils soient aussi mauvais. »
- Laura Tamblyn Watts, fondatrice et cheffe de la direction de CanAge

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Transcription

Orateur initial :

Bonjour, et bienvenue à Au-delà de la richesse avec votre animatrice, Leanne Kaufman, présidente et cheffe de la direction de RBC Trust Royal. Pour la plupart d’entre nous, parler de sujets comme le vieillissement, la fin de la vie et la planification successorale n’est pas facile. C’est pourquoi nous leur consacrons ce balado qui vous donne l’occasion d’en entendre parler tout en profitant des grandes connaissances de certains des meilleurs experts dans le domaine au pays. Aujourd’hui, nous voulons vous fournir des renseignements qui vous aideront à vous protéger, vous et votre famille, dans le futur. Voici votre animatrice, Leanne Kaufman.

Leanne Kaufman:

Bonjour, mon nom est Leanne Kaufman, et j’aimerais vous souhaiter la bienvenue au balado Au-delà de la richesse de RBC Gestion de patrimoine – Canada. Si l’on se réfère aux données du recensement de 2021, on s’attend à ce que le nombre de Canadiens âgés de plus de 85 ans triple au cours des 25 prochaines années. L’agence canadienne responsable de la santé publique a publié des statistiques montrant que la prévalence des personnes affligées de démence dûment diagnostiquée correspond à environ 25 pour cent de la population âgée de plus de 85 ans.

Comme ces chiffres portent sur les cas de démence diagnostiquée, il se pourrait fort bien que le nombre réel de ces cas soit encore plus élevé. Cela signifie que nous pouvons nous attendre à ce que le nombre de Canadiens souffrant de démence augmente de manière quasi exponentielle au Canada au cours des prochaines décennies. Si vous portez attention aux médias, vous savez que notre pays n’est pas suffisamment bien préparé pour prendre en charge le nombre actuel de personnes atteintes de démence, sans parler de la hausse du nombre de ces personnes à laquelle nous pouvons nous attendre dans l’avenir.

Aujourd’hui, je suis absolument ravie que se joigne à nous Laura Tamblyn Watts, fondatrice et cheffe de la direction de CanAge, l’organisme national canadien en matière de défense des intérêts des aînés. Au fil des ans, Laura est devenue la personne vers qui les représentants des médias se tournent pour recueillir des commentaires, en plus d’être la porte-parole crédible des personnes âgées canadiennes, du fait qu’elle défend les droits et la dignité des personnes âgées en tant qu’avocate et que leader d’opinion depuis plus de 20 ans.

Laura participe activement à des initiatives de réforme touchant les aspects juridiques, financiers et réglementaires de la situation des personnes âgées au Canada, aux États-Unis, en Australie et dans le Pacifique Sud, alors qu’elle siège notamment au sein de plusieurs conseils consultatifs de gouvernements fédéraux et participe à des groupes de travail, s’employant à définir les lois et les normes en matière de politique publique.

Experte dans le domaine des soins de longue durée et en ce qui concerne les droits des résidents, Laura a rédigé de nombreux articles et a eu un apport très considérable à la recherche sur les enjeux liés au vieillissement.

Aujourd’hui, nous allons nous attarder à discuter des conclusions du plus récent rapport de CanAge intitulé Dementia in Canada – Cross-Country Report 2022, et nous allons tenter de déterminer si le Canada est en mesure de faire face à la croissance des besoins. Laura, permettez-moi de vous remercier de vous être jointe à nous aujourd’hui pour parler de la mesure dans laquelle le Canada est prêt à faire face à l’imminente crise dans le domaine de la démence, en plus de souligner pourquoi cette question importe au-delà de la richesse.

Laura Tamblyn Watts:

Merci à vous de m’avoir invitée.

Leanne Kaufman:

Commençons par discuter de la raison pour laquelle CanAge a décidé en tout premier lieu de produire ce rapport. Qu’est-ce qui vous a amenée à cela ?

Laura Tamblyn Watts:

Nous avons élaboré une stratégie nationale en matière de démence, qui a été mise de l’avant entre 2017 et 2019. Nous souhaitions en quelque sorte établir un bilan. Car, en effet, si nous disposons bel et bien d’une stratégie, chacun sait qu’à moins que certains paramètres ne soient mesurés, il est impossible de véritablement cerner clairement quoi que ce soit.

Nous avons entrepris de déterminer dans quelle mesure notre pays était prêt à faire face à la situation en matière de démence et si, je ne saurais vous le cacher, nous nous attendions à de mauvais résultats, nous ne nous attendions pas à ce qu’ils soient aussi mauvais. Nous avons également constaté que, si nous avons examiné cette question à l’échelle nationale, d’un point de vue fédéral, nous savons tous que les aspects relatifs aux soins de santé et, dans une large mesure, aux services sociaux relèvent de la compétence des provinces et des territoires.

Nous avons donc également dû tenter de tracer un bilan dans chacune des administrations du pays et, là aussi, la réponse n’est pas véritablement encourageante. En effet, le gouvernement fédéral n’est pas le seul à se retrouver dans cette situation puisque tant les provinces que les territoires présentent un bilan qui laisse fortement à désirer. Enfin, nous souhaitions déterminer comment les personnes atteintes de démence et leurs fournisseurs de soins se tiraient d’affaire. Nous souhaitions mieux connaître leur situation. Nous souhaitions en savoir plus sur la façon dont ils vivaient cette réalité. Ce que nous avons découvert est tout à fait inquiétant.

Leanne Kaufman:

Eh bien, nous allons nous attarder plus longuement sur certains de ces résultats dans quelques minutes, mais peut-être pourriez-vous, pour débuter, nous en dire un peu plus sur les données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur lesquelles vous vous êtes appuyée pour réaliser vos recherches.

Laura Tamblyn Watts:

Aux fins de la mesure de la stratégie nationale en matière de démence, notre objectif était de tenter de trouver des données neutres et reconnues. En vérité, comme nous avons constaté que n’avait jamais été défini un ensemble de paramètres encadrant une stratégie nationale en matière de démence, nous nous sommes tournés vers l’OCDE, puis vers l’organisme Alzheimer's Disease International (ADI), et, enfin, vers les Nations Unies et l’OMS.

Pour vous donner une certaine perspective à l’échelle mondiale, on estime que, d’ici 2050, à travers le monde, on dénombrera 1,5 milliard de personnes âgées de plus de 65 ans. Simplement pour vous donner une mesure comparative, en 2019 une personne sur onze était âgée de plus de 65 ans tandis qu’en 2050, cette proportion sera d’une personne sur six tandis qu’en fait, en Amérique du Nord, cette proportion sera d’une personne sur quatre.

Les plus récentes données de Statistique Canada montrent que, dans notre pays, le rythme de vieillissement est encore plus rapide que celui que nous anticipions. L’OMS a élaboré sa propre stratégie mondiale en matière de démence et en est venue à la conclusion que, d’ici 2030, 78 millions de personnes seront atteintes de démence, soit 78 millions de personnes à travers le monde. Et, nous le savons tous, l’année 2030 est à nos portes…

Si nous faisons ensuite porter notre retard sur un horizon temporel un peu plus long, se profilent à l’horizon ces données exponentielles… Ainsi, si 78 millions de personnes seront atteintes de démence d’ici 2030, on en dénombrera 139 millions d’ici 2050. Il faut également savoir que la démence est la septième principale cause de décès et l’une des causes les plus importantes d’invalidité et de dépendance qui affligent les personnes âgées à travers le monde.

Leanne Kaufman:

Incroyable. Il s’agit là indiscutablement de chiffres qui donnent froid dans le dos. Vous venez d’évoquer à quelques reprises la stratégie sur la démence pour le Canada. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette stratégie ?

Laura Tamblyn Watts:

En fait, il s’agit d’une feuille de route exhaustive qui identifie les thèmes clés et les priorités liés à la prise en charge de la démence. Cette stratégie devait à l’origine constituer le point de départ des approches coordonnées visant à gérer les soins liés à la démence au Canada. Ce mécanisme devait permettre de faciliter le financement dans des domaines clés, dont bien évidemment la recherche et l’éducation.

S’il s’agit également de la façon pour nous de nous inscrire dans le mouvement imprimé par l’OMS à l’égard de la démence, persistent d’importants malentendus quant à ce que constitue ou non cette stratégie. En effet, ce qu’elle n’est pas importe tout autant que ce qu’elle est. Il ne s’agit pas d’un plan de mise en œuvre. Elle n’est pas assortie de paramètres de mesure clairs de sorte qu’elle incarne plutôt des aspirations. Elle ne nécessite pas une approche axée sur les données. Elle ne révèle pas l’endroit où se trouvent les principales lacunes et elle ne nous aide pas véritablement à évaluer le problème.

Il ne s’agit pas non plus d’une feuille de route ou d’un document qui vise à établir comment les gouvernements pourront unir leurs forces. Il ne s’agit pas non plus d’un mécanisme véritablement efficace pour assurer des transferts sur le plan du financement. Si la stratégie prend plutôt la forme d’aspirations et témoigne de notre engagement à l’échelle mondiale, en définitive, on ne peut affirmer qu’il s’agit d’un mécanisme véritablement efficace. Nous devions déterminer ce à quoi servait cette feuille de route souhaitée et parvenir à déterminer si elle suffisait. Nous en sommes venus à la conclusion qu’en réalité elle ne suffisait pas.

Leanne Kaufman:

Eh bien, peut-être pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet. Quelles sont les conclusions de vos recherches en ce qui concerne la préparation du Canada à l’égard de cette croissance exponentielle dont nous venons de parler ?

Laura Tamblyn Watts:

Au terme de notre rapport, nous avons constaté qu’aucune administration de notre pays ne pouvait être considérée comme étant prête. Il s’agissait de l’une des premières fois où nous avons pu retrouver en quelque sorte l’ensemble des données en un seul et même endroit. Nous avons examiné un certain nombre de paramètres clés et quelques-uns d’entre eux nous ont véritablement sauté aux yeux. Nous voulions savoir comment la population se faisait traiter et obtenait des soins.

Nous voulions déterminer si nos concitoyens s’adressaient à leur généraliste. Si leur généraliste s’estimait prêt. Voire s’ils avaient même accès à un généraliste. De plus en plus, bien évidemment, le défi tient à cet aspect. Nous souhaitions déterminer quels étaient les aspects de certaines formes de démence qu’il était possible de prévenir. Nous savons bien que le mot « démence » est en quelque sorte un terme générique dans la mesure où il existe de nombreuses formes différentes de démence. La maladie d’Alzheimer est celle dont nous entendons le plus souvent parler et il s’agit, à n’en pas douter, de la forme la plus répandue de démence.

Il existe également des troubles tels que la démence vasculaire, la démence à corps de Lewy, le syndrome de Korsakoff ainsi que d’autres formes de démence. Il convient donc d’envisager le mot « démence » comme constituant en quelque sorte un terme générique au cœur duquel se trouve la maladie d’Alzheimer. Nous souhaitions déterminer combien de personnes au sein de chacune de ces administrations se spécialisent non seulement dans le domaine de la démence, puisque cela présenterait un caractère trop limitatif, mais pourraient également disposer de l’expertise nécessaire pour parler de la démence.

Nous nous sommes attardés, par exemple, aux gériatres, qui sont les spécialistes qui interviennent auprès des personnes âgées adultes. Nous souhaitions déterminer sur combien de neurologues nous pouvions compter. Il faut savoir que la plupart des neurologues ne traitent pas la démence. Ils sont fréquemment appelés à intervenir à l’égard des accidents vasculaires cérébraux et d’autres troubles, mais ils le pourraient. Nous souhaitions déterminer sur combien de gérontopsychiatres nous pouvions compter, étant entendu encore une fois que les gérontopsychiatres peuvent traiter n’importe quelle forme de troubles psychiatriques et non seulement la démence. Nous nous sommes attardés sur cette question de la capacité et l’une des constatations qui me semblent les plus importantes tient à la mesure dans laquelle nos capacités en matière de soins sont insuffisantes.

Pour moi, la statistique qui me semble la plus révélatrice, notamment à 3 heures du matin lorsque je me réveille et que je m’inquiète de ces questions, est la suivante. En 2020, au Canada, nous comptions environ 6 500 000 enfants âgés de 17 ans ou moins, soit environ 6,5 millions d’enfants. Et nous dénombrions environ 2 300 pédiatres. Cela signifie qu’au Canada il y a un pédiatre pour quelque 2 800 enfants. En 2020, le nombre de personnes âgées était supérieur au nombre d’enfants. En effet, en 2020, nous dénombrions 6,8 millions de personnes âgées et cette même année, à travers le pays, nous dénombrions 327 gériatres.

Cela signifie que nous pouvons compter sur les services d’un gériatre, soit l’un de ces spécialistes qui traitent les personnes âgées adultes et qui n’interviennent pas seulement à l’égard de la démence, mais de tous les maux qui peuvent affliger cette cohorte… Ainsi donc, il y a un gériatre par 21 000 personnes âgées. Et, en vérité ce bilan est encore plus inquiétant puisque, de ces 327 gériatres, plusieurs partent à la retraite et que rares sont ceux qui intègrent la profession. Nous nous sommes ensuite fixé pour objectif de mener un examen plus approfondi de la situation dans d’autres domaines, et les résultats sont encore pires.

Leanne Kaufman:

Eh bien, si l’on tient compte de ces chiffres comparant le nombre de gériatres et de pédiatres, et que l’on sait combien les personnes âgées font l’objet d’un plus grand nombre d’interventions que la plupart des enfants âgés de moins de 17 ans, cette vérité semble encore plus difficile à assimiler. À l’évidence, nous devrions inciter les étudiants en médecine qui pourraient être à l’écoute à embrasser une carrière en gériatrie. À quel moment les déficiences ou les signes de déficience débutent-ils par rapport au moment où quelqu’un se retrouve en définitive en face d’un médecin pour obtenir un diagnostic ?

Laura Tamblyn Watts:

Nous savons que peuvent être observés pendant environ 10 ans des troubles cognitifs légers. Le premier aspect touché est celui de la pensée abstraite générale ainsi que la tolérance au risque. Il s’agit là de l’une des raisons pour lesquelles nous nous soucions de cette question au-delà de celle qui concerne la richesse. Cette réalité a une incidence sur votre richesse puisque c’est à cette étape que certains adoptent des comportements financiers hautement risqués et que nous devons veiller à ce que soient prévus des mécanismes de soutien.

Si l’objectif n’est pas de priver quiconque de ses droits, si l’on tient compte de cette période de 10 ans et de ces placements importants, tels sont les premiers aspects touchés. Survient ensuite l’étape au cours de laquelle la personne touchée tente d’obtenir un diagnostic, ce pour quoi il faut compter une année ou jusqu’à cinq années de plus, ce qui veut dire qu’en vérité, avant d’obtenir un diagnostic, il faut être en mesure de gérer les troubles cognitifs pendant une période pouvant atteindre les 15 ans.

Leanne Kaufman:

Incroyable. Pourriez-vous, Laura, m’en dire un peu plus sur l’impact sur les familles et les prestataires de soins, à la lumière des données que vous avez révélées ?

Laura Tamblyn Watts:

Pour nous, il s’agit du groupe de patients invisible. Nous savons que certaines personnes fournissent des soins et que plusieurs d’entre elles ne s’identifient même pas à titre de prestataires de soins. Il pourrait s’agir de votre conjoint. Peut-être ne vous considérez-vous pas comme un prestataire de soins et que vous ne vous percevez que comme un conjoint. Mais, en vérité, il s’agit de quelqu’un qui fournit des soins à une autre personne. Pour dire vrai, il s’agit de personnes qui ne sont pas dûment formées. Il s’agit de gens comme vous et moi.

Certains membres de ma famille souffrent de démence. J’ai assumé ce rôle de prestataire de soins ou de soignante et c’est également le cas, à n’en pas douter, de plusieurs des personnes qui nous écoutent. Au Canada, 75 pour cent des soins sont fournis par des parents et des amis de personnes atteintes de démence. Lorsque j’avais 12 ans, j’ai suivi un cours de formation en garde d’enfants qui m’a permis d’apprendre à changer une couche et à poser ce genre de gestes. Pour les personnes soignantes membres de la famille, n’est prévue aucune formation sur les soins gériatriques les plus fondamentaux, sans même parler des connaissances spécialisées dont vous avez besoin pour intervenir comme il se doit auprès de quelqu’un qui souffre de démence. Il y a donc une lacune extrêmement importante. Nous avons également constaté, et cela ne devrait surprendre personne, que les personnes soignantes sont épuisées, qu’elles ne profitent que de rares mesures de répit, que l’aide est extrêmement limitée, tout comme le sont les mesures de soutien.

Qu’il soit possible d’ajouter que ces soins incombent dans une très large mesure – mais pas toujours – aux femmes. Lorsque les soins sont prodigués par un pair, il s’agit relativement souvent d’un conjoint, mais sinon, traditionnellement, cette tâche incombe généralement aux femmes. La situation touche cette génération sandwich dont je fais partie, soit cette génération qui a des enfants, qui a également des parents et qui tente bien souvent, en même temps, de travailler, situation qui en vérité n’est simplement pas viable.

Leanne Kaufman:

J’ai écouté un autre balado cette fin de semaine, et une dame qui travaille dans le domaine des soins aux aînés soulignait elle aussi le point que vous évoquiez plus tôt au sujet du cours de garde d’enfants. Les gens ont tendance à amalgamer les soins aux enfants et les soins aux personnes âgées.

Si l’on pense à la situation qui est celle des personnes qui planifient avoir un enfant, elles réfléchissent à cette éventualité et elles prennent les mesures nécessaires sur le plan financier, elles planifient leur temps, elles prévoient prodiguer des soins à l’enfant et elles prévoient même aménager un espace pour ce faire. Aucun d’entre nous n’a l’occasion de prévoir à quel moment il ou elle sera appelé à intervenir à titre de prestataire de soins d’un parent ou d’un membre plus âgé de la famille.

Dans le cadre de vos recherches, vous avez également présenté la situation dans les diverses provinces et divers territoires de notre pays. Êtes-vous en mesure de nous en dire un peu plus sur les régions dont vous estimez qu’elles sont peut-être un peu mieux préparées et celles qui, peut-être, ont plus de travail à accomplir ?

Laura Tamblyn Watts:

Vous ne vous surprendrez pas d’apprendre que les provinces les plus peuplées et les plus riches comptent sur les mesures de soutien les plus importantes. Cela signifie que l’Ontario, le Québec et, dans une certaine mesure, la Colombie-Britannique disposent de mesures de soutien un peu plus conséquentes, bien que celles-ci ne soient pas exceptionnelles.

Permettez-moi de vous soumettre ce qui pourrait constituer en quelque sorte un exemple illustrant certaines des réponses clés de notre enquête. L’une des questions que nous avons posées et l’un des aspects à l’égard duquel nous souhaitions en apprendre plus tiennent à la mesure dans laquelle votre généraliste habituel s’estime confiant. Il s’agit là des gens auxquels, en théorie, vous vous adresseriez pour l’ensemble de vos soins. Il s’agit des intervenants qui sont supposés vous suivre pendant des années et ce sont eux qui, probablement, vous priveront de votre permis de conduire si vous n’êtes plus en mesure de conduire et ceux qui, à n’en pas douter, vous référeront aux services de spécialistes.

Nous avons posé un certain nombre de questions clés. La première d’entre elles est la suivante : dans quelle mesure vous estimez-vous apte à reconnaître la démence et à poser un diagnostic à cet égard ? La deuxième question est la suivante : dans quelle mesure vous estimez-vous apte à traiter quelqu’un qui souffre de démence ? Et comme les résultats ont été absolument choquants, nous avons tenté d’établir un taux de confiance.

Pour vous donner un peu de recul, en Colombie-Britannique, qui dans l’ensemble compte sur un système de santé plutôt bon, seulement 48 pour cent des médecins s’estiment aptes à reconnaître les cas de démence, à poser un diagnostic en ce sens ou à traiter les gens qui en souffrent. Cela signifie que 52 pour cent des généralistes ne se sentent pas aptes à cet égard. Comparons maintenant cette situation à celle d’autres troubles en voyant dans quelle mesure ils se sentent aptes à diagnostiquer des troubles chroniques. Eh bien, 85 pour cent d’entre eux se sentent plutôt confiants, de telle sorte que seulement 15 pour cent n’éprouvent pas cette même confiance.

Dans le cas des maladies mentales, 67 pour cent des personnes interrogées s’estiment confiantes. Permettez-moi maintenant peut-être d’évoquer le cas de quelques autres régions puisque les résultats sont tout à fait choquants. Par exemple, si vous vous trouvez au Yukon, seulement 19 pour cent des généralistes s’estiment à l’aise de reconnaître la démence, de poser un diagnostic en ce sens ou de traiter quelqu’un qui en souffre. Ces résultats sont absolument terrifiants.

Nous nous sommes ensuite arrêtés à d’autres aspects, à titre comparatif, comme les soins palliatifs et les maladies chroniques, et, encore une fois, nous avons relevé d’énormes différences à ce chapitre. Ainsi donc, nous pouvons en venir à la conclusion que les généralistes et d’autres fournisseurs de soins de santé de première ligne n’ont même pas un sentiment de confiance fondamental. Pour conclure, permettez-moi de vous dire que seulement 36 pour cent des généralistes en Ontario s’estiment à l’aise à reconnaître la démence, que 30 pour cent s’estiment à l’aise de poser un diagnostic en ce sens, alors que, dans le cas des maladies chroniques, cette proportion est de 90 pour cent, ce qui signifie que nous avons fort à faire.

Leanne Kaufman:

Très bien. Et, encore une fois, nous en revenons à ce besoin sur le plan de la spécialisation, n’est-ce pas, Laura ? À travers tout cela, vous avez dû observer une lueur d’espoir, n’est-ce pas ? À quel égard éprouvez-vous un certain optimisme ?

Laura Tamblyn Watts:

De nouveaux traitements absolument exceptionnels sont en voie d’être disponibles. La société Pfizer et un certain nombre d’autres entreprises se penchent sur de nouvelles molécules tout à fait intéressantes et de formidables travaux de recherche sont menés sur la question de la démence. Encore une fois, il convient de rappeler que ce terme « démence » est un terme générique de telle sorte que nous ne serons probablement pas en mesure de guérir toutes les formes de cette maladie. Cependant, l’une des choses dont nous savons qu’elle représente une véritable difficulté est que les personnes concernées hésitent à se faire diagnostiquer en partie parce qu’elles ont peur, en partie parce qu’elles sont stigmatisées et en partie parce qu’elles sont d’avis qu’aucun espoir ne s’offrent à elles.

Je perçois une véritable lueur d’espoir dans le fait que sont menés un certain nombre d’essais qui pourraient éventuellement même donner lieu à des approbations de commercialisation d’ici environ un an. Encore une fois, ces solutions ne pourront venir en aide à tous. Tous les traitements sur lesquels nous comptons pour la démence en sont à leur tout premier stade de telle sorte que s’offre là aussi un certain espoir. Nous avons pu observer que les personnes touchées ne peuvent obtenir de diagnostic du fait de la disponibilité des gériatres, des gérontopsychiatres ou des neurologues.

Si le niveau de confiance des généralistes est extrêmement faible, quelle autre solution s’offre à nous ? En fait, un certain nombre de nouvelles technologies tout à fait intéressantes sont en voie de développement. L’une d’entre elles permet de scruter votre œil et votre rétine pour y déceler la présence de biomarqueurs. Dans le futur, vous pourriez littéralement aller à votre pharmacie et placer votre menton sur un spectrogramme. Quelqu’un examinerait alors votre œil au travers de cette machine afin de déterminer la présence de ces biomarqueurs. Je ne veux bien évidemment pas dire que cela sera possible sans mesures de soutien ou de soins, mais l’idée est que de telles solutions pourraient être envisageables dans les communautés rurales.

L’autre nouvelle technologie intéressante, dont la commercialisation devrait se réaliser sous peu, concerne la reconnaissance des modèles d’expression orale. Nous avons constaté que les tests offerts produisent des résultats aussi bons que ceux des meilleurs gériatres et gérontopsychiatres, s’agissant de relever les modèles d’expression. Peut-être avez-vous vu Donald Trump subir ce genre d’analyse… Cependant, ce genre de solution sera bientôt commercialisé de sorte que nous avons des raisons de croire en l’avenir. La clé tient au diagnostic précoce. Indiscutablement, la technologie s’avérera utile et de nouveaux traitements sont en voie de développement.

Leanne Kaufman:

Eh bien, voilà qui est heureux. Je suis ravie d’entendre cela puisque nous devons savoir qu’il y a lieu d’être aussi positif, dans une certaine mesure, à l’égard de cette question. Laura, si les personnes qui nous écoutent ne devaient retenir qu’une seule conclusion de notre conversation, et je pense qu’il serait difficile de n’en retenir qu’une seule puisque vous avez évoqué une telle multitude d’aspects, quel serait cet élément ?

Laura Tamblyn Watts:

Vous pouvez poser de nombreux gestes pour prévenir la démence. Peut-être pas toutes les formes de démence, mais de nombreuses formes de cette maladie. D’une certaine manière, je lève les yeux au ciel puisqu’il s’agit en vérité des mêmes gestes qu’il convient de poser pour prévenir quoi que ce soit, c’est-à-dire bien manger et faire de l’exercice. Mais même si je lève les yeux au ciel, nous savons que cela fonctionne. Si vous réduisez votre consommation d’alcool, vous vous rendez service. Si vous agissez sur le plan de l’obésité, vous vous rendez service. Si vous cessez de fumer ou si vous fumez moins, vous vous rendez service. Et si vous entreprenez quelque activité physique que ce soit, vous vous rendez service. Bien évidemment, vous vous rendrez service à de nombreux égards.

Voici un certain nombre d’autres gestes que vous pouvez poser. Les recherches concernant le maintien de l’activité cérébrale sont tout à fait intéressantes. En l’espèce, il est question de santé cérébrale et, je le reconnais, je dois vous avouer que la pratique du sodoku ne pourra pas vous aider énormément. Bien évidemment, c’est une activité amusante et vous ne devez pas hésiter à continuer à jouer, mais, en vérité, ce n’est pas ce genre d’activité qui pourra maintenir votre santé cérébrale. Cependant, un certain nombre d’autres choses peuvent vous aider sur ce plan. Qu’il s’agisse, par exemple, d’apprendre à jouer d’un instrument de musique. Même si vous n’êtes pas doué, comme c’est mon cas, le fait d’essayer permet de créer des liens entre les hémisphères de votre cerveau et de veiller à sa bonne marche. Un autre exemple est celui de l’apprentissage d’une nouvelle langue. Encore une fois, le fait que vous soyez bon importe peu. C’est plutôt le fait d’apprendre qui importe.

Cette approche à l’égard de l’apprentissage et de la planification tout au long de la vie contribue également à limiter les soucis plus tard. En matière de gestion de la richesse, il est essentiel d’envisager des scénarios de simulation. Il est très utile de s’intéresser à ce qui pourrait se passer sur le plan de la planification personnelle et familiale. Le simple fait d’envisager des scénarios de simulation et d’élaborer un plan pourrait, dans certains cas, non seulement permettre de réduire votre niveau de stress, mais également de maintenir votre activité cérébrale.

Leanne Kaufman:

Ah ! voilà qui est formidable ! Et il s’agit là d’excellents conseils pratiques. Je pense, Laura, que nous devrons probablement revenir sur cette question dans un avenir relativement proche. Cependant, pour l’heure, permettez-moi de vous remercier de vous être jointe à nous pour nous faire part de votre rapport et nous en dire un peu plus sur la mesure dans laquelle, en tant que pays, nous ne sommes pas préparés à faire face au nombre de personnes âgées qui seront touchées par la démence, en plus de souligner, bien évidemment, pourquoi tout cela importe au-delà de la richesse. Vous pourrez en apprendre plus sur Laura en consultant son profil LinkedIn ou en vous référant au site Web de CanAge à l’adresse CanAge.ca. Merci beaucoup, Laura.

Laura Tamblyn Watts:

Merci.

Leanne Kaufman:

Au plaisir de vous retrouver une prochaine fois. Mon nom est Leanne Kaufman. Je vous remercie de vous être joints à nous.

Orateur final :

Qu’il s’agisse de planifier votre succession ou les besoins de votre famille ou de votre entreprise, ou de bien remplir votre rôle d’exécuteur testamentaire (appelé liquidateur au Québec) de la succession d’un être cher, nous pouvons vous guider, aplanir les difficultés et soutenir votre vision. Faites équipe avec RBC Trust Royal afin que les générations futures profitent longtemps de votre legs. Laissez un héritage, pas un fardeauMC. Allez à rbc.com/trustroyal.

Merci d’avoir suivi cet épisode d’Au-delà de la richesse. Pour en savoir plus sur RBC Trust Royal, veuillez visiter notre site à rbc.com/trustroyal.


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