Depuis notre dernière lettre financière début septembre, notre scénario de ralentissement de l’économie s’est matérialisé. Après avoir baissé en septembre et octobre, le marché a fortement rebondi en novembre. Les investisseurs ont célébré les derniers chiffres économiques et d’inflation, car ils espèrent que cela causera une baisse des taux d’intérêt à partir du printemps prochain.
Comme nous nous étions positionnés face à ce scénario, l’écart de notre performance par rapport à nos indices respectifs a continué de s’élargir.
Ralentissement de l’économie
Il y a de plus en plus d’indicateurs qui montrent que l’économie ralentit. La hausse des taux d’intérêt et l’inflation des dernières années commencent à faire effet.
Les entreprises commencent à réagir à la baisse de leurs marges de profit par une revue de leurs dépenses et des pertes d’emploi. Pour l’instant, le consommateur tient bon mais nous estimons que cela ne devrait pas durer. Le graphique ci-dessus montre que près de 80% de la population américaine a dépensé ses réserves excédentaires acquises pendant la pandémie. Le consommateur canadien est en moins bonne posture car il est plus endetté et fait face à des hypothèques plus courtes.
Nous comptons rester prudents et sélectifs dans les actions car nous ne sommes pas encore certains de la conjoncture des prochains mois. Plusieurs industries font face à de gros défis, et leurs résultats continuent de se détériorer.
Taux d’intérêt
Le marché croit que les taux commenceront à diminuer au printemps et que nous aurons 4 baisses de taux d’ici fin 2024. Cette prévision se base sur le fait qu’historiquement, les banques centrales réduisent les taux avant que la récession ne s’installe, lorsque la croissance et l’emploi ralentissent. De plus, il y a généralement environ 6 mois entre la dernière hausse et la première baisse des taux.
Cela étant dit, les banques centrales ont dit clairement depuis près de 2 ans qu’ils visent 2% d’inflation. C’est ce qui explique qu’en Europe, les taux n’ont pas encore baissé même si la majorité des économies sont en récession. L’inflation est toujours élevée à plus de 3% sur 1 an et il est pour l’instant impossible d’affirmer qu'elle est vaincue. Nous estimons que nous pourrions devoir vivre avec une plus forte inflation à long terme à cause de la démographie, de la pénurie de maisons, de la démondialisation et de la transition énergétique.
Tout cela renforce notre stratégie de rester prudent dans les actions tant que les banques centrales n’auront pas commencé à baisser les taux.
Rendement des obligations depuis 3 ans
Il y a 3 ans, nous écrivions que les revenus fixes vivaient une des plus grandes bulles de l’histoire, payant 1.5% pour une obligation de 30 ans. La majorité des obligations étaient à prime ce qui donnait des rendements après impôt négatif, car l’intérêt est taxé deux fois plus que les gains en capitaux. Nous avions diminué les revenus fixes et augmenté les actions dans les portefeuilles à ce moment.
Depuis, l’indice obligataire a baissé de 21% car les taux sont passés de moins de 1% à près de 6% pour des émetteurs de très haute qualité avec une échéance de moins de 5 ans. Comme le marché obligataire est plus grand que celui des actions, les pertes ont été énormes.
Avec le peu que nous détenions, nous avons eu un rendement positif dans cette classe d’actifs depuis 3 ans en ayant des échéances très courtes par l’entremise de liquidités et des certificats de dépôts garantis (CPG). Cela a contribué à notre grande surperformance dans nos modèles équilibrés depuis.
Opportunité dans les Revenus fixes
La hausse des taux d’intérêt cause de gros changements dans les classes d’actifs. Les liquidités et les CPG génèrent maintenant plus de 5%, du jamais vu en 20 ans.
Nous en avons profité ces derniers mois mais nous estimons qu’il faut maintenant mettre l’emphase sur les obligations à escompte. C’est la première fois que nous le faisons en 15 ans.
Nous avons d’ailleurs commencé à y investir dans nos modèles ce mois-ci pour les raisons suivantes :
- La base des marchés des capitaux est qu’à long terme, les actions font mieux que les revenus fixes qui font mieux que les liquidités, donc le climat actuel devrait ramener cela à la normale.
- Le taux sur une obligation 10 ans est au plus haut depuis 2007. Ce secteur n’a pas besoin de baisse de taux (cela serait un bonus) car les taux et l’échéance sont connus d’avance. Si nous ne sommes pas certains que les taux rebaisseront comme le marché l’espère, nous sommes d’avis qu’ils sont proches de l’apogée.
- Les revenus fixes performent mieux que les liquidités d’environ 4% dans les 3 ans suivant la dernière hausse de taux. (Voir tableau ci-bas)
Obligations très avantageuses fiscalement
Les obligations à escompte investies dans les comptes taxables sont aujourd’hui très attrayantes. Pour la première fois en 40 ans, il y a des obligations de haute qualité à escompte, plus solides que des banques selon nous, car elles ont été émises lorsque les taux étaient bas. Le prix moyen aujourd’hui des obligations est de 90$ (voir tableau ici-bas). Il y a 3 ans, il était de 117$. Comme nous savons qu’elles seront rachetées à 100%, cela crée un bon rendement après-impôt.
Nous pouvons trouver des obligations de haute qualité entre 1 et 10 ans d’échéance qui distribuent moins de 2% d’intérêt. Cela veut dire que nous sommes certains d’avoir un gain de capital de plus de 4% par année, si nous détenons l’obligation jusqu’à l’échéance.
Cela donne un rendement d’intérêt équivalent de plus de 8% dans un compte taxable régulier, et de près de 10% dans une compagnie de gestion avec l’effet du CDC. C’est bien plus élevé que la majorité des revenus d’intérêt comme les liquidités, les CPG ou même l’immobilier.
Stratégie et Répartition d’Actifs
Nous venons d’augmenter l’allocation à long terme des revenus fixes pour nos clients retraités ou près de la retraite.
À très long terme, les actions font environ 3% de plus que les obligations donc cela continuera de composer la majorité des portefeuilles. Nous allons être prudents lors des prochains mois mais l’opportunité décrite dans ce document dans les obligations à escompte va nous permettre d’atteindre nos objectifs de rendement après impôt, tout en prenant moins de risque.
Nous avons acheté des échéances entre 3 et 7 ans dans nos portefeuilles gérés, mais cette stratégie peut être personnalisée et elle est valide pour toute échéance à partir de 6 mois. Pour en bénéficier, il faut absolument détenir les obligations individuelles. Cela serait aussi une excellente alternative aux dépôts bancaires et CP.