Depuis notre dernier commentaire début novembre, l’ambiance sur les marchés financiers a complètement changé. La peur sur les marchés a fait place à une grande confiance, aidée par les résultats de l’élection américaine, les vaccins et les résultats des entreprises. Une partie des énormes liquidités disponibles des investisseurs a été investie en bourse.
Entre mai et août 2020, les leaders sur les marchés ont été les plus grandes entreprises en technologie qui profitaient de la situation occasionnée par la pandémie. Depuis novembre, elles ont été remplacées par des titres de faibles qualités qui ont beaucoup baissé en 2020, et qui pour la majorité ne font pas de profits. Nos portefeuilles d’actions ont augmenté de près de 15% depuis novembre, comme les indices lors de la même période. C’est un peu inattendu parce que notre stratégie d’investissement est moins volatile que les marchés financiers, car nous détenons surtout des compagnies de haute qualité.
Risques à court-terme
La bonne performance des derniers mois ne veut pas dire que les marchés financiers vont continuer de monter en ligne droite. Les meilleurs achats se font lorsque les investisseurs ont peur. Il est évident que ces derniers sont trop complaisants et prennent trop de risque à court terme. Il y a plusieurs signes qui indiquent que des segments de la bourse sont dans une bulle et que la hausse boursière est menée par des petits investisseurs de détails qui confondent bourse et casino. Une partie d’entre eux a profité du confinement et des aides gouvernementales pour investir en bourse pour la première fois. Pour l’instant, ça s’est bien passé car le marché monte depuis fin mars, ce qui réduit leur prudence. Il y a beaucoup de signes et d’indicateurs qui l’indiquent, et qu’on n’avait pas vus depuis 1999, date de la dernière grande bulle, comme l’ouverture de millions de comptes de courtage, la forte utilisation de comptes marge et d’options d’achats à court-terme. Cela commence à ressembler à un mouvement euphorique. Comme l’histoire nous l’a souvent démontré dans le passé, ça risque de mal finir pour eux et les entreprises qu’ils favorisent.
La majorité des firmes ont annoncé des profits mieux que prévus mais ont baissé ensuite. Cela démontre que les attentes sont trop élevées à court terme. Ces profits sont souvent majoritairement occasionnés grâce à une réduction des dépenses, et non à cause de l’augmentation des revenus. De plus, l’investissement immobilier est au plus haut et celui dans le secteur manufacturier au plus
bas, ce qui n’est pas très positif pour l’économie.
Enfin, il reste beaucoup d’incertitude avec le virus et ses variants, l’ampleur de la reprise (et quels secteurs en profiteront) et le financement des énormes déficits publics.
Inflation
Il y a de plus en plus de signes que l’inflation est en train de revenir et pourrait s’accélérer dans les prochains mois. Les gouvernements vont devoir choisir entre la croissance ou contenir l’inflation, et vont privilégier la croissance. Ils vont donc garder les taux d’intérêt à court terme très bas et continuer de soutenir l’économie, ce qui risque de causer de l’inflation. De plus, l’inflation et les bas taux d’intérêt vont les aider à réduire leur ratio Dette/PIB.
Les commodités ont fortement augmenté ces derniers mois, même si la reprise économique n’a pas encore débuté. Depuis novembre, le cuivre a monté de 30%, le maïs de 50%, le pétrole de 75% et le bois de 100%. Cela est causé par une hausse de la demande, une baisse de la production début 2020 à cause de la pandémie et par un sous-investissement dans le secteur depuis 2011, à cause du faible prix des commodités depuis.
Certains produits en demande, comme les semi-conducteurs utilisés en électronique et les conteneurs, commencent à être en pénurie. En plus d’une augmentation des prix à prévoir, cela pourrait ralentir la croissance économique. Il faudra donc bien évaluer les conséquences positives ou négatives de de tous ces facteurs sur nos placements.
L’inflation pourrait être particulièrement négative sur les obligations à long terme, qui sont dans une bulle. Les Canadiens en détiennent des centaines de milliards et pourraient y perdre de gros montants, surtout qu’ils rapportent dans la majorité des cas un rendement négatif après impôt.
Opportunité à moyen et long-terme
Malgré les risques à court terme et d’inflation, les marchés boursiers devraient bien se comporter à moyen et long terme. L’économie et les profits des entreprises sont en train s’améliorer et ça devrait continuer. Il n’y a jamais eu autant de fonds épargnés et ces derniers seront investis ou consommés, surtout avec les taux d’intérêt si bas.
Quant aux segments qui sont dans une bulle, ils ne représentent qu’une petite partie de la bourse. D’ailleurs, entre 2000 et 2002, lors de la chute des titres technologiques, la majorité des compagnies ont augmenté. Il faudra juste bien se positionner et s’ajuster fréquemment.
Positionnement du portefeuille
Environ la moitié des actions que nous détenons sont dans des titres de haute qualité stables. Ces compagnies sont surtout dans la consommation courante, la santé et les télécommunications. Ce sont des titres peu volatils, très rentables, payant des dividendes et faisant dans l’ensemble plus de profits qu’il y a un an. Normalement, ces titres font bien lors de récessions mais pas cette fois-ci car les investisseurs se sont rués vers des titres risqués dans l’espoir de faire des profits rapidement. Ces actions n’ont donc pas bougé depuis 1 an et n’ont jamais été si abordables par rapport au reste de la bourse depuis plus de 20 ans. De plus, s’il y a de l’inflation, ils devraient bien performer.
L’autre partie du portefeuille est investie dans de bonnes compagnies profitables, leaders dans leur industrie et qui sont dans le bon thème du moment. Ils sont surtout dans la technologie (5G, commerce électronique, télétravail, jeux vidéo), les matériaux (bois, agriculture), la consommation discrétionnaire (rénovations, automobile) et les énergies renouvelables.
Nous essayons d’acheter ces titres après une baisse à court terme et de les vendre lorsqu’ils deviennent populaires. À cause de la volatilité, nous sommes très actifs dans cette partie du portefeuille. Il est d’ailleurs probable que les thèmes des prochains mois seront différents que ceux énumérés plus hauts et que les hauts rendements obtenus ces derniers mois avec ce type d’actions sera plus difficile à obtenir.
Un exemple est l’or. Nous avons acheté des producteurs d’or en mars 2020 au plus bas et en avons vendu en été après qu’ils ont plus que doublé quand tout le monde en parlait. Depuis, ces actions ont perdu 30-40% de leur valeur.
Exemple de transaction : Cameco
Cameco, compagnie canadienne, est le plus grand producteur privé d’uranium au monde et premier producteur en Amérique du Nord. L’uranium est utilisé dans les centrales nucléaires et Cameco bénéficie de contrats à très longs termes. La firme possède les caractéristiques que nous recherchons : très profitable, revenus stables et hautes barrières à l’entrée.
Mais depuis quelques années, l’uranium a baissé et a mauvaise presse suite à l’accident nucléaire au Japon en 2011 et parce que l’énergie n’est pas renouvelable. Plusieurs pays ont annoncé la fin du nucléaire (France, États-Unis). Mais une centaine de centrales nucléaires sont en construction dans le monde (Chine, Inde, Mexique, Russie, Corée du Sud) où on voit le nucléaire comme une option pour produire de l’électricité abordable et propre. Cela remplace les énergies fossiles comme le charbon.
En mai, nous avions vendu Cameco avec un bon profit car les centrales nucléaires s’étaient précipitées pour acheter de l’uranium, car ils avaient peur que la production de la commodité soit à l’arrêt à cause du virus. L’action de Cameco avait baissé ensuite.
Nous avons racheté l’action de Cameco à la mi-janvier le jour de l’inauguration du nouveau prédisent américain, parce qu’on commençait à parler de l’uranium comme d’un des gagnants de plan d’énergie propre de l’administration Biden. Un des moyens les plus faciles de réduire l’émission de gaz à effets de serre en termes de coûts est de prolonger la vie des centrales nucléaires existantes.
Depuis, on en parle de plus en plus, et Cameco a monté de plus de 20% en quelques semaines car 65% de ses ventes sont aux États-Unis. Nous l’avons vendu parce que ces rumeurs n’ont aucun impact sur la rentabilité à court terme, mais nous ont permis de faire un bon profit rapidement.
Chaque transaction se déroule différemment. Des fois, la thèse se réalise très rapidement, et il ne faut pas hésiter à prendre ses profits lorsque ça survient.