Avalanche de droits de douane : le point de vue initial de RBC Gestion de patrimoine

04 avril 2025 | Le Comité des Services-conseils en gestion mondiale de portefeuille


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Le président Donald Trump a dévoilé les droits de douane réciproques qu’il brandit comme une menace depuis longtemps, sonnant le bal d’une nouvelle ère de protectionnisme. Nos analystes régionaux examinent les politiques tarifaires et font part de

Avalanche de droits de douane : le point de vue initial de RBC Gestion de patrimoine

 

leurs réflexions sur les répercussions pour les économies et les marchés financiers.

 

Les indices boursiers américains ont commencé la semaine du bon pied, les investisseurs ayant deviné que l’annonce tant attendue concernant les nouveaux tarifs douaniers causerait plus de peur que de mal. Toutefois, la publication du nouveau calendrier proposé le mercredi 2 avril, après la clôture du marché, a été beaucoup plus défavorable que prévu et a grugé une part importante du marché boursier.

Les participants s’attendaient à un tarif d’environ 10 % pour la plupart des partenaires commerciaux, avec des taux plus élevés pour la Chine, pour un taux tarifaire pondéré effectif de 17 %. L’annonce finale comprenait des hausses massives dans 60 pays, bon nombre d’entre eux devant composer avec des tarifs supérieurs à 30 %. Les exportateurs asiatiques ont été particulièrement secoués. Les économistes de Wall Street ont calculé que le tarif moyen pondéré imposé par les États-Unis décuplerait pour s’établir entre 24 % et 26 % comparativement au taux de 2,5 % imposé en 2024.

L’Asie est la région la plus durement touchée par les nouveaux droits de douane américains
Annonce récente de tarifs douaniers américains sur certains pays
Annonce récente de tarifs douaniers américains sur certains pays

Ce graphique à barres affiche les nouveaux droits de douane américains annoncés le 2 avril 2025 pour 16 pays sélectionnés. Les droits de douane varient entre 46 % sur les importations du Vietnam et 5 % pour le Canada et le Mexique.


Asie

Europe

Autres

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Maison-Blanche

Lori Calvasina, chef, Stratégie sur actions américaines, RBC Capital Markets, LLC, a évalué les contrecoups de l’annonce en ce qui a trait aux difficultés du marché boursier et a formulé quelques idées sur les raisons pour lesquelles les investisseurs boursiers pourraient trouver un soulagement partiel dans certains détails des propositions tarifaires.

Les éléments négatifs évidents comprennent la nature généralisée des tarifs et l’absence d’exclusions pour certains segments. Cette situation est probablement aggravée par le manque de clarté pour les analystes quant aux taux tarifaires finaux. Selon Mme Calvasina, cette situation pourrait avoir des répercussions, car les consommateurs et les entreprises retardent leurs dépenses et leurs plans d’investissement jusqu’à ce qu’un régime de tarifs douaniers durable soit établi. D’autres problèmes comprennent la possibilité de représailles tarifaires de la part des partenaires commerciaux, en particulier si ces mesures sont conçues comme point de départ des négociations. Il est peu probable que d’autres pays veuillent amorcer des négociations en position de faiblesse, et les représailles tarifaires pourraient uniformiser les règles du jeu. Ensemble, nous croyons que ces éléments laissent entrevoir du tumulte à court terme pour l’économie et les marchés, ce que l’administration a souligné en insistant sur la nécessité de tolérer les difficultés à court terme pour atteindre ses objectifs à long terme.

Certaines lueurs d’espoir ont émané de l’annonce. La date d’entrée en vigueur des tarifs de base de 10 % est le 5 avril, et celle des autres tarifs plus élevés, le 9 avril. Cela signifie qu’une fenêtre de négociation demeure en place. De plus, aucune hausse des tarifs n’a été annoncée pour le Canada et le Mexique, seules les importations n’étant pas visées par l’AEUMC sont assujetties à des tarifs, ce qui équivaut à un taux effectif de 5 % pour les deux pays. Enfin, le calendrier tarifaire donne au moins aux sociétés américaines un élément tangible avec lequel travailler. Les équipes de gestion devraient ainsi pouvoir communiquer les répercussions probables sur leurs activités et fournir des prévisions et de la visibilité aux investisseurs boursiers, mais à un niveau inférieur à celui des perspectives d’avant les tarifs douaniers.

Les marchés financiers ont été grandement touchés, l’indice S&P 500 ayant reculé de près de 5 % jeudi. Les titres technologiques ont été plus durement frappés du fait de leur exposition aux chaînes d’approvisionnement asiatiques, le Nasdaq ayant cédé près de 6 %. Les secteurs traditionnellement défensifs, comme la consommation de base, les soins de santé et les services publics, ont surpassé l’ensemble du marché, tandis que les secteurs cycliques, comme la consommation discrétionnaire (en particulier les vêtements), les produits industriels et la finance, ont été à la traîne. Les obligations se sont redressées, les taux d’intérêt des obligations du gouvernement américain à 10 ans ayant baissé de 18 points de base pour s’établir à 4,00 % à un moment donné.

Le pétrole et d’autres marchandises ont reculé en raison des préoccupations à l’égard de la croissance mondiale, et le dollar américain s’est encore déprécié. Cette faiblesse de la monnaie a déconcerté les négociateurs, car l’idée reçue était que le dollar se redresse dans un contexte de hausse des tarifs douaniers, en raison de la baisse de la demande de monnaies étrangères qui seraient nécessaires pour financer les importations. Toutefois, la nature quelque peu capricieuse de ce changement de cap commercial semble avoir déclenché un abandon du dollar américain par les investisseurs, ce qui a entraîné sa dépréciation. Cette décision semble avoir été tolérée par l’administration, qui a déclaré qu’un dollar faible rendrait les exportations américaines plus concurrentielles.

Toutefois, si ces tarifs douaniers entraînent un bond de l’inflation aux États-Unis, nous croyons que la Réserve fédérale pourrait faire preuve de prudence à l’égard de sa politique de taux directeur et hésiter à l’abaisser davantage à court terme. Cette mesure pourrait soutenir le dollar dans un contexte de baisse des taux directeurs ailleurs.

À quoi faut-il s’attendre? Les économistes et les négociateurs sont encore en train de calculer l’incidence probable des nouveaux tarifs. Les estimations initiales de nos correspondants de recherche donnent à penser qu’ils réduiront la croissance économique des États-Unis de 1,5 % à 2,0 % sur une période de deux ans et qu’ils feront passer l’inflation de la fourchette actuelle de 2,5 % à 3,0 % à 5,0 %, même si cela dépendra en grande partie de la longévité des droits de douane. S’ils ne compriment pas les volumes des échanges commerciaux, les tarifs douaniers eux-mêmes pourraient mobiliser de 700 G$ à 800 G$ par année, soit environ 2 % du PIB. Si ces frais sont réinvestis dans des baisses d’impôt ou des investissements dans les infrastructures, ils pourraient compenser l’effet des répercussions négatives sur l’économie, mais s’ils sont utilisés pour réduire le déficit budgétaire, ils représenteront un resserrement budgétaire important et entraîneront un ralentissement de la croissance, selon nous.

Lori Calvasina prévient que si l’indice S&P 500, qui a atteint un sommet de près de 6 150 le 19 février 2025, baisse sous le creux de près de 5 500 du 13 mars 2025, cela ouvrirait la porte à un repli plus important de 14 % à 20 % sous forme de « panique liée à la croissance ». Si cette situation se produisait, sa cible de fin d’année de 6 200 pourrait ne plus être appropriée, et une cible de fin d’année un peu plus élevée que les niveaux actuels est peut-être plus probable. Dans ce contexte, nous continuerons de privilégier les secteurs plus défensifs du marché boursier, y compris les actions défensives, les actions de valeur et les titres à dividendes croissants. En fin de compte, cela pourrait être perçu comme une occasion d’investir dans des actions de qualité à long terme, et nous notons que les périodes de volatilité extrême constituent souvent le meilleur moment, si ce n’est pas le plus inconfortable, pour investir dans des actions.

Canada

Nguyen Dang, CFA et Lindsay Puls – Toronto

Les États-Unis ont annoncé avoir exempté le Canada et le Mexique des tarifs douaniers réciproques sur les biens du Canada et du Mexique qui figurent dans l’ACEUM/AEUMC, mais rien ne garantit que cette exemption restera en place.

Les tarifs douaniers actuels de 25 % des États-Unis sur l’acier et l’aluminium et les biens non visés par l’ACEUM ainsi que les droits réduits de 10 % sur l’énergie et la potasse non visés par l’ACEUM, demeurent en place.

De plus, des tarifs douaniers de 25 % sur les importations mondiales de produits automobiles sont entrés en vigueur, faisant passer de 2,5 % à environ 3,5 % le taux tarifaire moyen des États-Unis sur les importations canadiennes, selon les estimationsde Services économiques RBC .

Les tarifs imposés au Canada sont inférieurs aux attentes des investisseurs, mais d’autres tarifs ciblant les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques et les minéraux critiques pourraient être dévoilés à une date ultérieure, selon les dirigeants de la Maison-Blanche.

Selon Services économiques RBC, les droits de douane totaux imposés par les États-Unis pourraient entraîner des perturbations à l’échelle mondiale, ce qui pourrait se répercuter sur le Canada et affaiblir la croissance de la production et des prix. L’incertitude commerciale persistante devrait peser sur les bénéfices des sociétés au Canada et continuer d’entraîner de la volatilité sur les marchés boursiers à court terme, selon nous.

Il existe également des incertitudes à l’égard de l’économie canadienne. Le PIB canadien a progressé de 0,4 % sur un mois en janvier, ce qui est légèrement supérieur aux prévisions consensuelles de Bloomberg et plus rapide que le taux révisé à la hausse de 0,3 % sur un mois de décembre. Sur 12 mois, l’économie canadienne a crû un rythme de 2,2 % au cours de chacun des deux derniers mois, ce qui nous indique que sept rondes de réductions du taux directeur au cours des dix derniers mois ont contribué à stimuler les dépenses et les investissements des consommateurs. Les segments de production de biens et de services ont progressé, 13 des 20 segments ayant progressé en janvier, selon Statistique Canada.

Même si le rapport sur le PIB de Statistique Canada fait partie d’une série de résultats économiques encourageants pour le Canada, les données de janvier reflètent le contexte d’avant les tarifs douaniers et les données subjectives – comme l’indice de confiance des consommateurs du Conference Board – continuent d’indiquer la probabilité d’une certaine morosité économique à venir.

L’estimation préliminaire de Statistique Canada de la croissance du PIB en février ne montre aucun changement par rapport à janvier, tandis que les événements liés aux tarifs douaniers pourraient grandement influer sur les perspectives de croissance économique et d’inflation du Canada, ce qui complique l’orientation des décideurs de la Banque du Canada (BdC) en matière de politique monétaire. Les marchés des contrats à terme intègrent actuellement deux autres réductions de taux de 25 points de base d’ici la fin de l’année.

Europe

Frédérique Carrier – Londres

L’UE devra composer avec des tarifs douaniers réciproques prononcés de 20 %, à la limite supérieure de ce que craignaient les marchés.

Il est peu probable que les annonces du président Trump mettent fin à l’incertitude. RBC Marchés des Capitaux s’attend à ce que l’UE se réserve le droit de riposter tout en poursuivant les négociations et en offrant certaines concessions, la date d’entrée en vigueur du 9 avril ouvrant une fenêtre pour d’autres pourparlers. Les politiques américaines pourraient être révisées au fil du temps, comme cela a été le cas précédemment.

Nous continuons de croire qu’un jour, une entente sera conclue et que des tarifs moindres partiels seront imposés, comme lors de la première présidence de Trump, même si ce processus pourrait prendre de nombreux mois. Entre-temps, les plus grands exportateurs vers les États-Unis, y compris l’Allemagne et l’Italie, devraient subir les contrecoups des tarifs douaniers. L’incidence sur les bénéfices devrait être relativement limitée, selon nous, étant donné que de nombreuses sociétés basées en Europe ont des activités de fabrication aux États-Unis.

Du point de vue sectoriel, les automobiles sont assujetties à des tarifs douaniers plus élevés de 25 % à compter d’aujourd’hui, tandis que les tarifs de 25 % sur l’acier et l’aluminium annoncés en mars demeurent en vigueur. Les produits pharmaceutiques, les plus importantes exportations de l’UE vers les États-Unis, le cuivre, les semi-conducteurs et le bois, sont tous exemptés pour l’instant. RBC Marchés des Capitaux estime que, collectivement, ces secteurs représentent environ le quart des exportations de biens de l’UE vers les États-Unis, ce qui restreint l’incidence des tarifs douaniers. Des tarifs douaniers pourraient être appliqués à ces secteurs lors de prochaines rondes, surtout si l’UE exerce des représailles.

Pour le Royaume-Uni, les tarifs douaniers ont été établis à 10 %, et sont donc inférieurs à ceux imposés à l’UE. Le Royaume-Uni n’était pas la principale cible des politiques de la Maison-Blanche, étant donné que ses échanges commerciaux avec les États-Unis (importations par rapport aux exportations) étaient à peu près équilibrés. L’incapacité du Royaume-Uni à obtenir une exonération des droits de 25 % sur les voitures étrangères donne à penser que sa stratégie de négociations délicates en prévision de l’annonce dans l’espoir d’éviter les tarifs douaniers n’a pas été entièrement efficace. Le gouvernement s’est engagé à garder la tête froide et, à notre avis, il est peu probable qu’il exerce des représailles. Dans l’ensemble, les tarifs douaniers nous rappellent sans équivoque qu’un accord de libre-échange très recherché avec les États-Unis – qui a déjà été un objectif clé à l’ordre du jour du Brexit – demeure hors de portée.

Comme les tarifs douaniers annoncés sont plus importants que ce que la plupart des observateurs avaient espéré, tant pour l’UE que pour le Royaume-Uni, les marchés boursiers ont fait l’objet de ventes massives. Le risque lié aux représailles dans l’UE pourrait maintenir les investisseurs dans la région sur le qui-vive à court terme.

Asie-Pacifique

Jasmine Duan – Hong Kong

Les actions asiatiques ont reculé jeudi, en raison des préoccupations à l’égard des tarifs douaniers réciproques du président américain Donald Trump, qui se sont répercutées sur les économies de la région. Parmi les marchés boursiers régionaux, le Vietnam a connu le plus important repli, plongeant de 6,7 %. Les tarifs réciproques sur les biens vietnamiens ont été établis à 46 %, ce qui est nettement supérieur aux tarifs de 4 % que les États-Unis avaient auparavant en place. Le marché boursier du Japon a affiché le deuxième pire rendement, son indice de référence ayant reculé d’environ 3 %.

Après l’imposition de tarifs douaniers réciproques de 34 %, la Chine fait maintenant face à un tarif total des États-Unis d’environ 65 %. Bien que les tarifs sont plus élevés que ce prévoyaient de nombreux investisseurs, la réaction du marché chinois a été relativement modeste, à notre avis. L’indice territorial CSI 300 a cédé 0,6 % et l’indice extraterritorial Hang Seng a perdu 1,5 %.

Le délestage relativement restreint est probablement attribuable aux préparatifs de la Chine en vue de tels chocs externes. La semaine dernière, lors du Forum de développement de la Chine, le premier ministre chinois Li Qiang a déclaré que le gouvernement avait prévu que les répercussions externes potentielles dépasseraient les attentes et qu’il était prêt à mettre en place de nouvelles politiques au besoin.

Ce qui distingue la situation actuelle du passé, c’est que la Chine n’est plus la seule cible des tarifs douaniers. D’autres pays, en particulier ceux d’Asie, font face aux mêmes défis.

Les tendances en matière de révision des bénéfices en Chine deviennent plus prometteuses, les bénéfices trimestriels de l’indice MSCI Chine devenant positifs pour la première fois depuis le deuxième trimestre de 2022. À l’heure actuelle, l’exposition directe des sociétés de l’indice MSCI Chine aux marchés étrangers est inférieure à 15 %. Leur exposition aux revenus aux États-Unis est inférieure à 3 %, soit la moindre parmi les dix principaux partenaires commerciaux des États-Unis provenant des marchés émergents selon l’indice.

Les sociétés de l’indice MSCI Chine tirent 85 % de leurs revenus du marché intérieur
Répartition des revenus de l’indice MSCI Chine par pays
Répartition des revenus de l’indice MSCI Chine par pays

Le graphique montre la répartition géographique des revenus des sociétés de l’indice MSCI Chine. Environ 85 % des revenus proviennent de la Chine continentale et moins de 3 % des États-Unis.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg

Selon nous, le fait que l’indice MSCI Chine continue de se négocier à escompte par rapport à l’indice MSCI Marchés émergents et à l’indice MSCI Asie hors Japon donne à penser que les investisseurs ont partiellement pris en compte l’incidence des tarifs douaniers sur la Chine, mais pas sur les autres pays asiatiques.

Par conséquent, malgré la volatilité à court terme, nous croyons que les actions chinoises pourraient faire preuve de résilience une fois que les investisseurs auront absorbé la surprise initiale causée par les tarifs douaniers et les mesures de représailles potentielles.


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